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L'ORDRE DES MOTS DANS LA PHRASE LATINE
III — LES ARTICULATIONS DE L'ÉNONCÉ
OUVRAGES DU MEME AUTEUR
La crise des études classiques en France. Leipzig, Teubner, 1913.
La lingulstifjue ou science du langai:;e. Paris, Geuthner, deuxième édition, 1944.
Lexique de terminologie linguistique. Paris, Geuthner, deuxième édition, 1943.
Introduction au latin. Paris, Les Belles Lettres, 1942.
La linguistique et V enseignement du latin. Paris, Les Belles Lettres, deuxième édition, 1929.
La prononciation du latin. Paris, Les Belles Lettres, troisième édition, 1943.
La traduction du latin. Paris, Les Belles Lettres, troisième édi- tion, 1943.
Récréations latines. Paris, Didier, 1941.
Place du pronom personnel sujet en latin. Paris, Champion, 1907.
L'ordre des mots dans la phrase latine, t. I : Les groupes nomi- naux. Paris, Champion, 1922; t. II : Le verbe. Les Belles Lettres, 1935; t. III : Les articulations de V énoncé. Ibid., 1949.
La phrase à verbe « être » en latin. Paris, Geuthner, 1910.
Le participe présent latin à l'époque républicaine. Paris, Cham- pion, 1910.
Traité de stylistique latine. Paris, Les Belles Lettres, deuxième édition, 1946.
Quelques aspects de la formation du latin littéraire. Paris, Klinck- sieck, 1949.
Térence, édition G. Budé, texte et traduction. Paris, Les Belles
Lettres, 3 volumes, 1943-1949. Précis de stylistique française. Paris, Masson, deuxième édition,
1946. Dix années de bibliographie classique. Bibliographie critique et
analytique de l'antiquité gréco-latine pour les années 1914-1924.
Paris, Les Belles Lettres, 1927.
L'Année philologique, suite du précédent, publiée année par an- née depuis 1924. Paris, Les Belles Lettres.
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/
COLLECTION D'ETUDES LATINES
PIIBLIKE PAR LA
SOCrKTÉ DES ÉTUDES LATINES
sous LA DIRECTION DE
J.. Marouzeau
Séhie Scientifique — XXIV —
L'ORDRE DES MOTS
DANS LA PHRASE LATINE
TOME III LES ARTICULATIONS DE L'ÉNONCÉ
J^ MAROUZEAU •»»
MEMBRE DE l'iNSTITUT PROFESSEUR HONORAIRE A LA SORBONNE
525994
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SOCIÉTÉ D'EDITION « LES BELLES LETTRES »
95, BOULEVARD RASPAIL, PARIS, VI® 19A9
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a Plurimum refert compositionis quae quibus
anteponas »,
(Quintilien, /. O., IX, 4, 44).
« Non ut quodque se proferet uerbum occupet
locum ».
{Ibid., X, 3, 5).
AVANT-PROPOS
Ce volume est le troisième et dernier d'une séris dans laquelle je me suis proposé d' étudier les principaux problèmes relatifs à la construc- tion de la phrase latine.
Dans un premier volume (Les groupes iiommaux, Paris, Cham- pion, 1922), fai considéré le groupe formé par le substantif et son déterminant, dans l'intérieur duquel la place des mots peut être consi- dérée en fonction de l'appartenance syntaxique qui les lie entre eux.
Dans le deuxième volume, fai étudié Le verbe (Paris, Les Belles- Lettres, 1938), considéré par rapport à V ensemble de la proposition dont il est le pivot syntaxique.
Le présent volume est consacré, d'une part, aux éléments accessoires de renoncé : adverbes, mots prépositionnels, conjonctions, subordon- nants • d'autre part, à la disposition des membres dans la phrase et le vers.
Il s'en faut de beaucoup que le contenu de ces trois volumes épuise tout l'ensemble des questions relatives à l'ordre des mots, mais la diver- sité des faits étudiés aura permis de poser les principes essentiels et d'expérimenter une méthode. Je souhaite que l'enquête prolongée à laquelle je me suis livré fournisse l'occasion de nouvelles recherches, susceptibles de rectifier maints enseignements erronés qui se perpé- tuent dans les ouvrages non spécialisés, et de faire avancer la solu- tion d'un des problèmes les plus délicats de la stylistique latine.
Paris, mai 1949.
— Mon Collègue de la Sorhonne, M. J . Perret, a bien voulu relire une épreuve de cet ouvrage en vérifiant la plupart des références ; je le remercie vivement pour toutes les rectifications que je lui dois.
CHAPITRE PREMIER MOTS ADVERBIAUX
On range sous le nom d'adverbes des termes morphologiquement et syntaxiquement très divers.
Indépendamment de ceux qui remontent à une formation indo- européenne, nous voyons au cours de l'histoire du latin des ad- verbes se constituer en partant de formes fléchies : accusatifs {par- tim), ablatifs, instrumentaux ou locatifs {gratis, intro, extra), de suffixes nominaux (aliter), de complexes syntaxiques {ex-templo, se-dulo, i-lico), etc. Un adverbe intro dans intro eo joue le même rôle qu'un substantif régi rus dans rus eo. On trouve l'adverbe construit parallèlement avec un ablatif :
Sali., Cat. 51, 4 : recte atque ordine facere.
— avec une locution prépositionnelle :
Ter., Eun. 175 : utinam... ex animo ac uere diceres !
— avec un adjectif appositif :
PL, Men. 1073 : si quid stulte dixi atque imprudens tibi. Sén., De ira II, 22 : quae inuiti audimus libenter credimus, T. Live, XXXVI, 23, 4 : et fréquentes et impigre fecerunt.
— avec un adjectif -participe :
Sén., Ep. ad Luc. 2 : omnia cursim et properantes transraittunL
— avec un régime direct :
PI., Capt. 960 : recte et uera loquere. Ter., Ad. 609 : et recte et uerum dicis.
— avec une proposition entière :
Cat., De agr. 53 : fenum ubi tempus erit secato cauetoque ne sero seces.
12 MOTS ADVERBIAUX
La détermination apportée par l'adverbe peut relever de notions très diverses, de temps, de lieu, de manière :
Ter., Ad. 840-3 : ... Ceterum ego rus cras cum filio
Cum primo luci ibo hinc... et istam psaltriam Vna illuc mecum hinc abstraham.
L'appartenance de l'adverbe aux divers termes de l'énoncé est très variable : tantôt l'adverbe est lié étroitement à un terme donné, lequel peut être nominal (adjectif : satis magnus, adverbe : multo magis)^ aussi bien que verbal [bene facio) ; tantôt il déter- mine un complexe [saepe eadem facere). Dans une phrase telle que :
Ter., Eun. 69-70 : ... et te ultro accusabit et dabis Vitro supplicium.
un même adverbe se rapporte dans le premier cas à un mot unique accusabit, et dans le second cas à un complexe dabis supplicium, dont les deux termes sont indissociables.
L'adverbe peut jouer dans l'énoncé des rôles très divers : tantôt il exprime une notion accessoire qui pourrait faire défaut sans que le sens général de la phrase s'en trouve notablement affecté ; tantôt, au contraire, la phrase, privée de son adverbe, perdrait toute signi- fication. Soit une phrase :
Ter., Ad. 45 : Ruri agere uitam sernper, parce ac duriter Se habere.
L'adverbe semper est si peu nécessaire que les éditeurs ponctuent en le rattachant tantôt à ce qui précède et tantôt à ce qui suit ; au contraire, parce et duriter sont indispensables au sens.
Cette diversité de sens, d'emplois, de valeurs, fait que l'adverbe jouit dans l'énoncé d'une extrême liberté de construction. On le trouve placé soit avant, soit après le mot qu'il détermine :
Quint. XII, 9, 7 : extrinsecus adductis... rébus. Cic, De diu. II, 27 : umor adlapsus extrinsecus.
S'il se rapporte à un complexe, il peut figurer soit à l'initiale, soit à la finale, soit à l'intérieur, souvent sans raison d'abord appa- rente ; ainsi dans les exemples qui viennent d'être cités :
Ter., Ad. 45 : ... ruri agere ultam semper, parce et duriter Se habere. — Eun. 69 : dabis ] Vitro supplicium.
MOTS ADVERBIAUX
13
Il n'est même pas impossible que l'adverbe soit éloigné du mot qu'il détermine pour être rapproché d'un terme auquel il est étran- ger, même au prix d'une amphibologie :
Hor., Ep. I, 2, 41-50 : Viuendi qui recte prorogat horam...
Si comportatis rébus bene cogitât uti, {recte détermine uiuendi et non prorogat ; bene se rapporte à uti et non à cogitât). PI., Amph. 728 : Nulla res tam delirantis homines concinnat cito.
'{tam détermine cito et non delirantis). Sali., Catil. 9, 4 : In bello saepius uindicatum est in eos qui contra im-
perium... pugnauerant quique tardius reuocati proe- lio excesserant quam qui signa relinquere... ausi erant. {tardius se rapporte à excesserant et non à reuocati). Ov., Met. IX, 476 : Ille quidem est oculis quamuis formosus iniquis. (quamuis se rapporte à iniquis et non à formosus).
Il convient de mettre à part le cas où l'adverbe est tellement indépendant vis-à-vis de l'énoncé que nous le traitons comme un élément de phrase autonome, en l'isolant du contexte, selon nos habitudes modernes, par un signe de ponctuation :
Cic, De seu. 2 : Obrepere aiunt eam citius quam putauissent. Primum, quis coegit eos falsum putare?... Deinde, qui minus grauis esset iis senectus si... Quocirca, si sapientiam meam admirari soletis... Sed tamen, necesse fuit...
L'adverbe qui se rapporte à un énoncé global peut occuper dans la phrase indifféremment telle ou telle place :
Ph., Fab. 135, 3 : Forte occucurrit improbae uulpeculae...
— 116, 1 : Victorem forte gymnici certaminis...
— 128, i : Serpens lacertam forte auersam prenderat.
Tout au plus peut-on constater parfois entre les adverbes d'une même phrase une sorte de hiérarchie, allant de la détermination la plus large à la plus étroite :
Ter., Ad. 840-841 : ... Ceterum ego rus cras cum fdio Cum primo luci ibo hinc. [ceterum domine tout l'énoncé ; cras est inclus dans la proposition à laquelle il se rapporte, et hinc accolé au mot qu'il détermine). Ter., Eun. 285 : Ne tu istas faxo calcibus saepe insultabis frustra, [saepe détermine la phrase entière et frustra le verbe insultabis).
14 MOTS ADVERBIAUX
Cic, Tusc. II, 18, 42 : Breuiter attingam qnae modo dixi, qno facilius
oratio progredi possit longius. (facilius domine toute la proposition et longius est le déterminant d'un mot). Ter., Eun. 492-3 : ... Hos prius intro ducam et qnae uolo
Simul imperabo ; post hue continuo exeo. {prius et post sont l'un et l'autre pour ainsi dire extérieurs à la pro- position qu'ils introduisent ; simul détermine le complexe impe- rabo quae uolo, et continuo le complexe hue exeo ; enfin intro est at- taché étroitement à ducam et hue à exeo).
Enfin, il faut mettre à part le cas, tout à fait exceptionnel, où l'auteur jette en tête de la phrase une détermination adverbiale en vue d'un effet oratoire ; ainsi Cicéron au début de la seconde Cati- linaire :
Tandem aliquando, Quirites...
Antéposition
Le cas le plus favorable à l'observation est celui où l'adverbe est lié par une appartenance étroite à un ternie donné : adjectif, verbe ou autre adverbe. Dans ce cas, il semble qu'on puisse observer la règle qui a été établie à propos des groupes syntaxiques du type adjectif-substantif ou verbe copule-attribut (cf. L'ordre des mots^ t. I et II), à savoir qu'il y a un ordre usuel, normal, par rapport auquel l'inversion fait figure de procédé expressif.
Cette règle vaut en particulier pour toute une catégorie d'ad- verbes de temps et de lieu de sens très général et d'emploi très fré- quent, exprimant la situation dans l'espace par rapport à la per- sonne qui parle ou la datation par rapport à un temps donné.
Ces adverbes figurent essentiellement dans des phrases où il s'agit moins d'énoncer une action que d'en envisager les circons- tances ; aussi l'adverbe est-il exprimé en premier lieu, et même, dans nombre de cas, le groupe apparaît comme fixé dans cet ordre, à la manière d'un mot composé. C'est le cas pour les formules, fréquentes dans le dialogue des comiques, qui contiennent un ad- verbe de lieu :
Ter., Hec. 348 intro ire ; 332 intro isse ; Eun. 87 intro ibas ; 83 intro missus non est ; Hec. 327 intro sequi ; 373 intro adueni ; Ad. 181 intro ahri- piere; Eun. 86 quis hic loquitur?... quid hic stabas? 286 etiam
ANTÉPOSITION 15
nunc hic stas? Ad. 433 quid tu hic agas? 531 si hic pernocto ; Eun. 289 uideo ... hue aduenire ; Ad. 757 post hue redeo ; Eun. 228 qui hue pergit ; 352 hue deductast ; 517 hue euasit ; 158 hue redeunt ; 342-3 cum hue respieio... illa... hue aduorterat ; Ad. 11b jiollem hue exitum ; 649 neque enim diu hue migrarunt ; Ad. 821 istuc ibam ; 889 hue ad uos prouiso ; 525-6 /me reuerti... hue recurret ; 550 iie ille hue prorsus se inruat ; ^un. 345 /luc cum aduenio ; 189 /luc fac illi adducantur ; ^un. 537 ut illue transeas ; 572 me illoe ducier ; Eun. 494 ego /linc aèeo ; 536 malam rem hine ibis? 545 quis nam hinc a Thaide exit? 110 /iinc abreptam : 156 /tinc esf abrepta ; Ad. 226 ubi illinc, spero, redieris ; 232 ubi iZ/i/ic rediero ^.
L'antéposition de l'adverbe, usuelle dans un énoncé de type banal, devient obligatoire s'il y a lieu d'insister sur la détermina- tion adverbiale, par exemple pour marquer une reprise :
Ter., Ad. 290 : Quasi numquam adfueris, numquam tute pepereris. Cic, Pro Mur. 37, 78 : Intus, intus, inquam, est equus Troianus.
— 29, 61 : Sapientem gratia numquam moueri, uumqnam
cuiusquam delicto ignoscere.
— pour faire valoir une opposition :
Ter., Ad. 169 : Nimium istuc abisti ; hic propter hune adsiste.
— Eun. 87 : Quid hic stabas ? Cur non recta intro ibas ? . . .
— Ad. 731 : Blinc hue transferetur uirgo. — 673-4 : ... dum cognatus hine
niine ueniret.
— Eun. 105 : hac atque illac perfluo.
— 278 : ne sursum deorsura cursites.
— 895 : Domi opperiamur potius quam hlc aute ostium.
— Heaut. o7-68 : Numquam tam mane egredior neque tam uesperi
Domum reuortor quin... T. Liv, III, 36, 9: ne comitia haberent perpetuoque decemuiratu pos-
sessum semel obtinerent imperium. Sén., Cons. ad Pol. 11, 3 : quod necesse est, numquam timeat ; quod in-
certum est, semper exspectet.
Telle est la construction fréquente de nunc^ dans les phrases où il peut être traduit par « c'est maintenant que... » :
Ter., Eun. 551 : Dunc est profecto interuci cum perpeti me possum.
— Ad. 957 : nunc tu germanu's pariter animo et corpore.
1. Cf. ci-dessous, p. 28, le cas particulier de l'adverbe longius employé avec un verbe d'éloignement.
16 MOTS ADVERBIAUX
Tér., Ad. 850 : nunc mihi uidere sapere.
— 234 : nunc demum uenis !
— Eun. 461 : quasi nunc exeam.
Le relief semble à l'occasion accusé par une disjonction :
Tér., Eun. 343-5 : Illa sese interea... hue aduorterat.
... Hue — cum — aduenio, nulla erat.
— 890-1 : Paululum opperirier
Si uis, iam — frater ipse hic — aderit,
— 917 : ... iamdudum — era nos — expectat domi.
— 446 : Siquidem me amavet, tum — istuc — prodesset.
— Ad. 104-5 : ... Tu nunc — tibi
Id laudi — ducis quod tum fecisti inopia.
— 809-12 : Tu illas duo olim — pro re — tollebas tua.
Et me tum — uxorem — credidisti scilicet Ducturum.
— 86-7 : ... Illa quae antehac facta sunt
Omitto ; modo — quid — designauit?
Se placent également devant le mot qu'ils déterminent les ad- verbes qualificatifs qui expriment une notion très générale, comme celles de «bien, mal, peu, beaucoup », particulièrement aptes à s'at- tacher étroitement à un terme qu'ils qualifient. Ils constituent souvent avec lui une locution quasi invariable, sinon même un véritable mot composé ; ainsi bene et maie joints à un verbe signi- fiant « dire, faire, vouloir » :
bene facis [Ad. 601, 604, 945, 970, Eun. 186) ; — facit {Ad. 255) : — faxim (Ad. 887) ; — faciant {Ad. 918) ; — fecisti {Eun. 463, 1091) ;
— factum {Hec. 456) ; — gesta {Ad. 115) ;
bene dicunt {Ad. 865) ; — dixti {Eun. 451) ; — uolo [Ps. 1024) ; Tuale feceris {Ad. 164), etc.
Même construction des mêmes adverbes avec divers autres verbes usuels ;
PI., Ps. 732 bene iuuas ; Tér., Ad. 963 bene praecepi ; 434 si quid bene praecipias ; 897 bene procedit ; 287 bene successit ; Eun. 438 maie urat.
Le De agricultura de Caton fournit un grand nombre d'exemples de cette construction :
1 : in bona regione bene nitere oportet,
61 : Quid fst agrum bene colère? Bene arare.
39, 1 : si bene sarseris aut bene alligaueris... beneque pieaUeris.
75 : bene disterat ubi bene distriuerit...
ANTEPOSITION'
17
Même construction encore pour d'autres adverbes de sens très général et d'emploi fréquent, déterminant soit des verbes :
recte facere {Ad. 75) ; recte facitis [Eun. 1084) ; recte mones (Ps. 1050) ; blande dicere aut bénigne facere {Ad. 878) ; facete dictum {Eun. 288) ; probe percutiam {Ps. 603) ; ridicule rogas {Hec. 668) ; stulte uocani {Ps. 790) ; stulte caui {Ps. 909) ; facile fit {Ad. 822) ; sedulo faciam {Ad. 251) ; certo scio (Ps. 642) ; i
sic ago {Eun. 1066) ; sic existumet {Eun. 5) ; sic cogitet {Eun. 14) ; sicine agis {Eun. 99) ; sic commemineram {Eun. 564) ; ita faciam {Eun. 504) ; ita facere {Eun. 188) ; ita factumst {Hec. 357) ; itane suades {Eun. 76) ;
sat scio {Eun. 487) ; sat kabet (485) ; satis credo (1051) ; satis laudant (476) ; satis placet {Ad. 239) ; satis mirari {Eun. 547) ; plus amem aut plus dilignm (96) ;
— soit des adjectifs et adverbes :
magis irritatus (Ad. 282^ ; magis principem (259) ; magis aperte {Ad. 664) ; minus late... et minus facile (Ces., B. G. I, 2", 4) ; minus sump- tuosa (Varr., R. R. I, 8, 5) ; minus multum, minus bonum (I, 7, 2) ;
satis certo {Ad. 256) ; satis diu (621) ; satis pie (459) ; satis tuto {Eun. 577) ; satis facete {Ps. 1273) ; satis commode (Ces., B. G. I, 25, 3) ;
nimis molestus (Ps. 249) ; nimis sanctas {Ad. 899) ; nimis superbe {Ps. 249) ; nimis diu (687) ; nimium tarde (1032) ;
multo rectius {Ad. 920) ; multo potior {Ps. 328) ; adeo astutus {Ad. 221) ; uix humane {Ad. 145).
Dans tous ces cas, l'antéposition de l'adverbe, usuelle quand il s'agit d'un énoncé de type banal, devient obligatoire s'il convient d'insister sur la détermination adverbiale ; ainsi quand il y a lieu de souligner une reprise :
PI., Ps. 133 : maie habiti et maie condliati.
— 859-60 : pariter progredimino... pariter proferto.
— 669-70 : ... non potuit mi opportunius
Aduenire quam haec allatast mi opportune epistula. Ter., Eun. 333 : cum minime uellem minimeque opus fuit. Cat,, Deagr. 32 : ne nimiumcreèri relinqxiantur ; ... ne mmmm praestr in gas. Cic, De sen. 2 : Obrepere aiunt eam citius quam putauissent... Qui enim citius adulescentiae senectus quam pueritiae adolescentia obrepit? Plin., Ep. IX, 21, 1 : multum rogauit, multum etiam tacuit.
— II, 6, 7 : quae cum sint turpissima discreta ac separata, tur- pius iunguntur. Apul., Met. X, 6, 3 : conclamarint... publicum malum publiée uindicari.
2
18 MOTS ADVEItBlAUX
PI., Ps. 521 : bene atque amice dicis.
Ter., Ad. 953 : bene et sapienter dixti.
Ces., B. G. I, 26, 1 : diu atque acriter pugnatum est.
Cic, De diu. II, 1, 1 : multumque et diu cogitanti.
— une opposition :
PI., Truc. 470 : ... maie facere melius onus est quam bene.
— Ep. 137 : Ego quod bene feci maie feci.
— Ps. 1005-6 : ... salutem mittunt bene uolentibus,
... malam remittunt maie uolentibus.
— 320 : bene merentl maie referlur gratla.
— 1290 : cogite saeuiter blanditeme adloquar.
Varr., R. R. I, 9, 3 : alia terra est ualde lapidosa, alia mediocriter. Cic, De diu. II, 1, 1 : minime adrogans maximeque et constans et elegans.
— De orat. II, 18 : non optime graece, sed tamen libère respondisse
fertur.
— Tusc. 1, 41 : Tene, cum ab iis qui se iudirum numéro haberi uolunt
euaseris, ad eos uenire qui uere indices appellen- tur... !
— De sen. 20, 72 : omnis conglutinatio recens aegre, inueterata facile
diuellitur. Florus I, 8 : dominatio nonnihil, immo plurimimi profuit. Sén., De ben. II, 9 : quaedam bénéficia palam danda, quaedam secreto ;
palam, quae consequi gloriosum... ; rursus quae non producunt... tacite danda sunt. — III, 2, .1 : aliter cnim seruata munus notae et uulgaris cle-
mentiae habuisset ; sic seruata nobilis fabula... fuit.
Dans ce cas encore, le relief est souvent accusé par le procédé de la disjonction :
PI., Mil. 763 : Bonus bene — ut malos — descripsit mores !
— Ps. 1238 : Bene — illum — tetigi, bene autem seruos inimicum sunm.
— 1138 : Bene — ego ab hoc — praedntus iho ; ...bona scaeuast mihi.
— Truc. 465 : Maie — quod mulier — facere incepit...
Id illi... seniost...
Bene — si — facere incepit,.,, odium percipit. , . , paucae sunt defessae maie — quae — facere occeperunt. Ter,, Ad. 948 : ,., Bene — nos aliquid — facere illi decet. — 209-10 : ... Cupide accipiat faxo atque etiam Bene — dicat secum esse — actum. Ov., Trist. III, 4, 25 : bene — qui — latuit, bene uixit.
ANTÉPOSITION 19
Sén., De prou. 4, 8 : Nemo... dicit : «Maie — de me imperator — meruityi,
sed : « Bene iudicauit. » Ter., Ad. 605 : Quibus res sunt minus secundae, magis — sunt nescio Suspiciosi. quo modo —
— 501 : Quam — uos — ^ facillime agitis, quam — estis — maxime
Potentes..,
— Heaut. 439 : satis iam, satis — pater — durus fui.
— Ad. 494-6 : ... Yna — a pueris paruolis "*
— Sumus educti, una — semper militiae et domi
— Fuimus, paupertatem ima pertulimus grauem.
— Eun. 416 : Pulchre — me hercle — dictum et sapienter 1
PL, Ps. 574 : ... Vt mihi quicquid ago lepide — omnia... — oueniunt !
— 583 : Facile — ut — uincam, facile — ut — spoliem meos.
Cic, De diu. II, 3, 8 : Accurate — tu quidem, inquam, Quinte, et stoice
— stoicorum sentent iam — dejendisti. PI., Ps. 949-50 : Lepide accipis me...
Nisi ecfecero, cniciabiliter — , carnufex, me — accipito. Ter., Ad. 52 : ... Alii clanculum —
Patres quae — faciunt,...
Ea ne me celet consuefeci Tilium.
— 621 : Satis diu dedisti uerba, sat — adhuc tua nos — frustrata
^est fi des. Cic., De diu. II, 7, 18 : Si enim scit, certe — illud — eueniet ; sin certe
eueniet...
— II, 6, 15 : Cum sic — aliquid — cecidit, sic euenit ut uel
aliter cadere atque euenire potuerit.
— II, 1, 3 : Quae mihi quidem ipsi sane aliquantum medetur,
ceteris item multum — illam — profuturam puto.
— II, 19, '4 : SciHcet, si ista luppiter significaret, tam multa
— frustra — fulmina — emitterent !
Ces., B. G. III, 14, 1 : Vbi intellexit frustra — tantum laborem — sumi.
La disjonction est particulièrement fréquente quand il s'agit d'adverbes par nature intensifs, tels que nimis, nimium :
PL, Ps. 205 : nimium — fui — indoctus.
— 700 : nimium — est mortalis — graphicus.
— 1019 : nimisque — ego illum hominem metuo et formido — maie.
— 1243 : nimis — illic mortalis — doctus.
— 912 : nimis — - metuebam — maie. Ter., Ad. 64 : nimium — ipse est — durus.
— 954 : nimium — ad rem — ... attenti.
20 MOTS ADVERBIAUX
Ter., Ad. 835 : Ne nimium — modo
Bonae tuae istae nos rationes, Micio, Et tuos iste animus aequos — suhuortat.
— ou lorsque l'adverbe emprunte sa valeur au tour de phrase, par exemple lorsqu'il est porteur d'une interrogation :
Ter., Ad. 329 : satine — hoc — certumst?
PI., Ps. 472 ; tam — tibi — | Mirum id uidetur?
— ou d'une exclamation :
PI., Ps. 783 : quam — illae rei ego etiam nunc sum — paruolus 1 Ter., Ad. 274 : tam — ob — paruolam \ Rem ;
— Eun. 210 : iitinam tam — aliquid inuenire — facile possis !
POSTPOSITION
Le renversement de l'ordre peut s'expliquer par des considéra- tions relatives les unes à l'adverbe, les autres au mot qu'il détermine.
Ce mot peut être appelé à porler l'accent parce qu'il se prête à un rappel, à une opposition ; il prend alors la première place, même s'il en résulte la rupture de groupes quasi fixés, comme ceux dans lesquels figurent les adverbes usuels du type srtf/i', niwis, multo, magis, minus...
PI., Poen. 1290 : ita replebo atritate atrior multo ut siet.
(relief de atrior reprenant l'idée de atritate). Ter., Eun. 451-3 : Bene dixtj...
— Tute melius quarUo inuenisses !
{relief de melius appelé à corriger bene).
— Ad. 425 : hoc salsumst, hoc adustumst, hoc lautumst parum. (relief de lautum déterminé par le rapport à sahum et adustum).
— Eun., 313-5 : (student) ... ut gracilae sient.
Si quae est habitior paulo... [hahitior opposé à gracilae).
— Eun. 412-4 : Illi inuidere misère, uerum unus tamen
Impense...
Is ubi molestus nmgis est... [molestus reprend en renchérissant l'idée de inuidere).
— Heaut. 421-4 : ... Illud falsumst quod uulgo audio
Dici, diem adimere aegritudinem... Nam mihi quidem cottidie augeSCJt magis De fdio aegritudo. [augescit corrige adimere).
POSTPOSITION 21
Ter., Ad. 683-4 : Ingenium noui tuom
Libérale, sed uereor ne indiligens nimium sies. [indiligens s'oppose à libérale). — 891-4 : Hominem maxnmi
Preti te esse hodie iudicaui... Nam is mihi est profecto seruos spectatus satis Quoi... [spectatus reprend l'idée de maximi preti). — 826 ss. : Video eos sapere, intellegere... ;
A.t enim metuas ne ab re sint tamen Omissiores paulo. (omissiores s'oppose à sapere intellegere).
C'est surtout le rôle du verbe qui peut être invoqué pour expli- quer l'inversion, en vertu des considérations qui ont été présentées dans un ouvrage précédent (cf. L'ordre des mots, .t. II, en particu- lier, p. 51 et suiv.).
Ainsi les adverbes de temps et de lieu, d'ordinaire antéposés, cèdent la première place au verbe dans les phrases injonctives, comme si le souci de la personne qui donne un ordre était d'orienter immédiatement son interlocuteur par l'énoncé de l'impératif :
Ter., Eun. 908 i prae ; 168, 499 abi prae ; Ad. 277 tu i intro ; 168 i intro nunciam tu ; 854 i ergo intro ; Eun. 917, Hec. 429 ite intro ; Ad. 506 duc me intro ; 538 fuge modo intro ; Hec. 879 sequere me intro ; Ad. 609 sequere me ergo hac intro ; Hec. 793 sequjmmi intro ; Eun. 472 et Ad. 970 accède hue : Eun. 470 procède tu hue ; Ad. 168 ac- cède illuc ; 1094 ite hac ; Ad. 280 et Eun. 714 sequere hac.
Tel est l'ordre habituel dans les nombreuses formules et recettes du De agricultura de Caton :
18, 2 calcato pedibus bene: 33, 1 uitem... deUgatO recte..., alligato recte ; 37, 2 permisceto rutro bene : 46, 1 delapidato circumque saepito bene ; 52, 1 calcato bene ; 74 subigitoque pulchre ; 75 et 85 permisceto bene ; 76 siccatoque bene ; 76, 2 focum calfacito bene ; 77 oblinito bene ; 87 purgato bene, . . . exsurgeto bene. . . , misceto bene ; 90 coquito bene ; 91-2 conspargito bene..., comminuito glebas bene.
Est traité comme un impératif le verbe au subjonctif pourvu de la valeur injonctive ou délibérative :
Cat., De agr. 86 : lauet bene corticemque deterat bene ehiatque bene. PI., Epid. 157 : Eamus intro... ; Ter,, Eun. 377 eamus intro ; 906 abeîJ-
22 MOTS ADVERBIAUX
mus intro ; Hec. 754 eas hue intro ; Varr., R. R. II, 8, 16 si uellent, uenirent illuc.
Il n'y a guère d'exception à cet ordre dans les injonctives que si l'adverbe doit porter l'accent, en vertu par exemple d'une oppo- sition ou d'une reprise :
Caton, De agr. 49, 2 : bene occulcato... crebroqiie serito.
T('r., Ad. ^lb-1 : Cliuos deorsum uorsum est : hac te praecipitato. Postea
Est ad hanc manum sacellum... :
. . . Hac pergito. — 908-9 : . . . hanc in horto maceriam iube dirui ;
... hac transfer...
— Eun. 534-7 : ... At tu apud nos hic mane
Dum rodeat ipsa. — Nihil minus 1... ... — Si istuc ita certumst tibi, Amabo ut illuc transeas ubi illast...
Se met encore en première place le verbe qui exprime une affir- mation forio, une déclaration, une menace, d'ordinaire au futur :
PI., Epit. 158 Itc intro ; Ter., Hec. 703 abibo hinc ; Eun. 206 concedam hinc intro ; Ad. 635 concedam hue ; 44() opperiar hominem hie ; Eun. 85 accède..., iam calesces plus satis ; 362 faciam sedulo ; 530 non hercle ueniam tertio ; Cic, Brut. 5, 20 faciam uobis satis ; Catil. 1, 4, 8 non Skgâm obscure ; Pro Mur. 21, 43 : Dicam iam apertius... et... dicam uobis audientibus,
— plus rarement au présent ou au passé :
Cic, Catil. I, 3, 6 : Quid est, Catilina, quod iam amplius expectes...?
Teneris undique. =^ tu vois bien que tu es pris.
— Ep. ad Att. VII, 12, 4 : M. quidcm Lepidus (nam fuimus una) eum
finem statuit. = car c'est un fait que nous avons été en- semble. — VII, 8, 4 : Quod putasti fore ut... Pompeium uiderem,
factum est ita. = en fait cela a eu lieu.
— le verbe à l'optatif dans les formules de souhait ou d'impréca- tion :
Ter., Eun. 390 ; Hec. 196 : di uortant bene !
— Ad. 191 : quae res tibi uortat maie !
PI., Ps. 272 : Di te J ... neque ament ner faciant bene !
POSTPOSITION 23
— le verbe porteur d'une exclamation :
PL, Cure. 317 : Perii, prospicio parum !
— Ps. 361 : Factum optume ! Ter., Eun. 674 : 0 factum bene !•
Le verbe précède enfin s'il doit être mis en relief pour souligner une reprise :
Cat., De agr. 5, 4 : uti sciât facere et id faciat saepe.
Varr., R. R. III, 17, 2 : aedificantur magno,... implentur magno,... alun-
tur magno. PI., Cas. 997 : siquidem hercle feci, feci nequiter. Ter., Eun. 258 : quibus... profueram et prosum saepe.
— Hec. 461 : uixit, dum uixit, hene.
— Eun. 41 : Nullum est iam dictum quod non sit dictum prius,
— Eun. 101-3 : ... Potin est hic tacere?
— Quae uera audiui, taceo et contineo optume.
— Ad. 740-1 : Si illud quod... opus est iactu non cadit,
Illud quod cecidit forte id arte ut corrigas. Cic, Tusc. II, 24, 58 : ut ante dixi (dicendum est enim saepius). PI. le J., Ep. II, 1, 11 : Viuit enim uiuetque semper.
— VIII, 24, 1 : ut quae scis teneas... aut scias melius.
— IX, 2, 1 : irasceris, et irasceris merito.
— I, 10, 11 : cum in urbem... ueneris ; uenias autem ob hoc
maturius.
— IX, 2, 1 ; si precibus eius meas iimxero. lungam tamen tanto
plenius et effusius qiianto... Juv., Sat. 14, 1:17 : ... his crescunt patrimonia fabris, Sed crescunt quocumque modo.
— pour marquer une opposition ou une distinction :
Cat., De agr. 5, 1 : alieno manum abstlneat, sua seruet diligenter. PI., Truc. 469 : paucae ecflciunt si quid facere occeperunt bene.
— Ps. 324 : uin... te faciam ex laeto laetantem magis? Ter., Eun. 51 : si incipies neque pertendes gnauiter.
— Ph. 20 : Bene dictis si certasset, audisset bene.
— Ad. 523-4 : propest; | Quod si abesset longius...
Varr., R. R. I, 2, 28 : si uelis... multum bibere et cenare libenter. Cic, De mu. I, 1 : eloquentiam... sine sapientia nimium obesse pie-
rumque, prodesse nonnumquam.
— Tusc. II, 17, 41 : Quis non modo stetit, uerum etiam decubuit tur-
piter? — I, 15, 33 : idque... et exstitit maxime et apparet facillime.
'U
MOTS ADVr.ItBIAUX
Cic., Tusc. II, 27, 65 : uolnera excepenmt fortiter et tulemnt.
Ces., B. G. I, 40, 15 : Huic legioni Caesar et indiilserat praecipue et
propter uirtutem confidebat maxime. Cic, Pro Mur. 29, 61 : sapientem nihil opinari, nulliu? rei paenitere,
nulla in re falli, seutentiam matare numrjiMm. Plin., Ep. VII, 4. 10 : ut posteri quoque aut errent similiter aut iudicent. T. Li^ . I, 27, 5 : net" manere... nec transire aperte ausus. Tac., Ann. IV, 33, 1 : landari facilius quam euenire... potest.
Il arrive que doivent être mises en valeur deux notions à la fois, deux oppositions se trouvant en concurrence, l'une entre les verbes, l'autre entre les adverbes. Alors on met en relief tantôt les adverbes :
Ter., Ad. 235 : aut nunc manere... aut tiim persequi.
Cic, De or. II, 46 : totiens irasci, totieus dolere.
Sén., Ep. ad Luc. 79, 13 : aliqiiando umbra antecedit, aliquando sequitur.
— tantôt les verbes :
Cat,, De agr. 5, 5 : et nalebit rectius et dormibit libentius.
Cic, De diu. II, 27 : cum ereduntur jacitius, tum flngiintur impuiiiut.
— Pro Mur. 30, 63 : apud «tipirritmi ualere aliquando gratiam,... ip-
sura sapientrm... irasci nonnumquam,... de sententia decedere aliquando.
— Tusc. I, 14, 33 : et exsistit maxime et apparet facillime.
— II, 27, 65 : ferro decertare acerrime possunt, aegrotare uirili-
ter non queunt.
— II, 24, 57 : quo sunt contenta atqiie adducta uehementius,...
qtio est missa conlentius. Plin. le J., Ep. II, 3, 3 : prooeniiatur apte, narrât aperte, pugnat acriter,
colligit fortiter, ornat excelse.
— tantôt les uns et les autres alternativement :
Pi., Ps. 681-2 : Bene ubi quid scimus... accidisse, hominem catum
... declaramus, stidtum autem ilhim quoi uortit maie. Ter., Eun. 7 : bene uertendo et... scribendo maie.
— 17-8 : quae nimc condonabitur, \ rtuae proferentiiT post.
— Ad. 993 : magis impense cupitis, consiilitis parum.
Cic, Pro Mur. 25, 51 : f)artim quia nihil timebant, partim quia timebant
nimium.
— 25, 53 : petiisset diligenter et ita peti'sset ut...
— 37, 78 : nihil dicam arrogantius, tantum dicam.
« — 3, 5 : si... recte factum esse defenderem, facerem iniprobe.
POSTPOSITION 25
Cic, Pro Mil. 103 : ne scélérate dicam in te quod pro Milone dicam pie.
— Brut. 6, 23 : dicere bene nemo potest nisi qiii prudenter intelligit.
— Catil. II, 4, 8 : qui alios ipse amabat turpissime, aliorum amori fla-
gitiosissime seruiebat. Pliu., Ep. IX, 21, 4 : fortasse itenun rogabo, impetrabo iterum. Quint., /. 0. II, 5 : Quosdam... et fuisse nuper et nimc esse (juidni liben-
ter non modo concesserim, uerum etiam contende-
rim? Hor., A. p. 365 : Haec placuit semel; haec deciens repetita placebit. Sén., Quaest. nat. préf., 3 : faciat cotiidie aliquid aut semel fecerit.
— Ep. ad Luc. 20. 3 : Quidam se domi contrahunt, dilatant foris.
T. Live, I, 57, 10 : Adueniens uir Tarquiniique excepti bénigne ; uictor
maritus comiter inuitat regios iuuenes.
— XXIII, 9, 8 : Hic te deterreri sine potius quam illic uinci. Cic, De orat. II, 9, 35 : Quis cohortari ad uirtutem ardentius, quis a
uitiis acrius reuocare, quis lùtuperare improbos asperius, quis laudare bonos ornatius, quis cu- piditatem uehementius frangere accusando po- test, quis moerorem ] ew remitins com^olando?
La postposition de l'adverbe peut aussi être fonction du rôle qu'il joue lui-même dans l'énoncé.
Par exemple, il arrive qu'il soit appelé en fin de phrase pour ser- vir d'introducteur à une citation :
Varr., R. R. I, 2, 7 : Cato scribit in libro Originum sic : « Ager Gallicus... » Sén., Contr. I, 1, 21 : Hune colorom sccutus Syriacus Vallius durum sen-
sum uidebatur non dure posuisse in narratione
sic : ...
— pour fournir l'amorce d'un développement, pour annoncer une explication, une correction, une spécification :
Cic, Tusc. I, 4, 7 : Fiebat autem ita ut, cum...
Ter., Eun. 74-5 : ... ut te redimas captum quam queas
Minimo ; si nequeas paululo, at quanti queas. Hec. 758-60 : (noio) leuiorem uobis... eum uiderier
Immerito ; nam meritus de me est. . . Plin., Ep. I, 14, 10 : Diligo quidem adulescentem ardentissime, sicut
meretur.
— VIII, 6, 13 : cum sit utile principis benignitatem... illustrari
ubique, et maxime iis locis quibus..,
26
MOTS ADVERBIAUX
Varr., R. R. II, 2, 15 : hoc item faciunt mane, antequam maires in pabu-
lum exeant.
— II, 9, 10 : cibum capere consuesciint interdiu, ubi pascun-
tur, uesperi, ubi stabulantur. PI in., Ep. I, 13, 2 : ante llnem recedunt, alii dissimulanter et furtim,
alii simpliciter et libère.
— II, 20, 6 : Facit hoc Regulus non minus scélérate quam fré-
quenter.
— II, 7, 6 : Amaui... iuuenem tam ardenter quam nunc impa-
tienter requiro. — Ep. ad Att. VII, 12, 1 : quaeso ut scribas quam saepissime : non
modo si quid scies..., sed etiam si quid suspicabere.
— pour préparer une responsioji, dont l'adverbe constitue l'amorce :
Ter., Hec. 18 : Easclem agere coepi, ut ab eodem alias discerem Nouas, studiose, ne illum ab studio abducerem.
Parfois l'auteur de l'énoncé, au moment d'exprimer la détermi- nation adverbiale, éprouve comme le besoin de prendre un temps de réflexion afin de trouver l'expression adéquate à sa pensée; cette démarche aboutit souvent à essayer plusieurs termes, donc à juxtaposer plusieurs déterminations adverbiales qui, représentant des approximations successives de l'idée à exprimer, viennent na- turellement à la place finale :
PI., Men. 90-1 : Dum tu illi quod edit et quod potet praebeas
Suo arbitratu,... adfatim, cottidie... Ter., Ad. 662-4 : ... Factum a uobis duriter
Immisericorditerque, atque etiam, si est, pater, Dicendum magis aperte, inliberaliter. — Eun. 412-3 : Illi inuidere misère, uerum unus tamen | Impense. Hor., Sat. I, 4, 12-3 : ... piger scrihendi ferre laborem,
Scribendi recte — nam ut multum nil moror. Plin., Ep. II, 11, 17 : Respondit Cornélius Tacitus eloquentissime, et,
quod eximium orationi eius inest, seavôiç.
— 14, 10 : Cum apud centumuiros diceret grauiter et lente {hoc
enim illi actionis genus erat). Varr., R. R. I, 2, 13 : Qui de agri cultura scripserunt et poenice et graece
et latine. Cic, Pro Mur., 35, 74 : At enim agit mecum austère et stoice Cato. Ces., B. G. I, 18, 2 : Dicit liberius atque audacius. Plin., Ep. I, 10, 5 : Disputât subtiliter, grauiter, ornate.
POSTPOSITION 2/
Cic, Ep. ad Au. VIII, 3, 3 : Nihil actum est a Pompeio nostro sapienter,
nihil fortiter, addo etiam nihil nisi contra consilium auctoritatemque meam.
Plin., Ep. I, 16, 2 : Audiui causas agentem acriter et ardenter, nec mi- nus polite et ornate.
Le mouvement de la pensée qui se cherche est parfois révélé par l'insertion d'une incise :
PI., Bacch. 766 : Vorsabo ego illunc hodie — si uiuo — probe. — Ep. 510 : Perii hercle — si istaec uera sunt — planissime. Varr., R. R. III, 9, 18 : ueneunt — propter pecuniam — magno. Ter., Ph. 895 : Quando euenere haec nobis — , frater, — prospère.
Parfois aussi l'énoncé pourrait paraître se suffire à lui-même, sans détermination adverbiale ; l'adverbe apparaît alors comme sura- jouté après réflexion, par un scrupule de la dernière minute. A ce titre, il arrive qu'il soit accompagné d'une particule qui marque la reprise, ou bien même, selon nos habitudes modernes, détaché de l'énoncé antérieur par une ponctuation :
Ter., Hec. 623-4 : Tibi quoque edepol sum iratus, Phiîumena,
— Grauiter quidem.
— 239-40 : Tuos esse ego illi mores morbum... arbitrer,
— Et merito adeo.
Cic, Tusc. I, 31, 76 : Veniet tempus, — et quidem celeriter.
— I, 47, 112 : quam semper ornasti, — et quidem iure.
— I, 11, 24 : Feci mehercule, — et quidem saepius.
— II, 18, 43 : Quaeres fortasse que modo, — et recte.
Mais, le plus souvent, sans que rien l'indique expressément dans l'énoncé écrit, c'est l'intonation de la phrase parlée qui traduit l'intention du sujet parlant et confère à l'adverbe sa valeur ;
Ter., Eun. 528 : Misit porro orare ut uenirem — serio. = et cela sérieusement.
— Ad. 328 : a lenone ipsus eripuit — palam.
= il l'a enlevée lui-même — et publiquement.
— Eun. 469-70 : lubete istos foras
Exire quos iussi — ocius. = et plus vite que ça !
— Ph. 686 ; Ad restim mihi quidem res redit — planissime !
= tout uniment. PI., Aul. 264 : Sequere propere me ad macellum — strenue, = et vivement !
28
MOTS ADVERBIAUX
Cette façon de différer ou de détacher l'adverbe a pour effet de le signaler à l'attention. Aussi le procédé est-il pratiqué le plus sou- vent lorsq'ue la détermination adverbiale fait l'objet d'une réflexion, d'un calcul. C'est le cas pour les compléments adverbiaux qui expriment une évaluation numérique : durée, distance... ; ainsi souvent chez César :
B. G. II, 6, 1 : oppidum... nomine Bibrax aberat milia passuum octo. — I, 21, 1 : certior factus hostes sub monte consedisse milia pas- suum ah ipsius castris octo.
— ce qui permet peut-être d'expliquer, par analogie, la construc- tion de l'adverbe d'éloignement dans les expressions, fréquentes chez César, du type abera{n)t longius : B. G. III, 9, 1 ; VII, 63, 7 ; B. C. I, 78, 3 ; III, 42, 3 ; III, 49, 4. Cf. de même Cic, Tusc. II, 18, 42 : quo facilius oratioprogrecZipossit longius ; Aug., Conf. II, 8, 2 : iham longius a te.
La même place est réservée aux adverbes dont l'énoncé suppose une réflexion, une recherche, une intention, et qui se signalent en conséquence soit par leur forme, soit par leur contenu.
Ainsi lorsqu'on a recours à la forme d'expression intensive indi- recte qu'est la litote :
PI., Ps. 1078 : hoc quidem actumst hau maie.
Cic, Tusc. II, 15, 36 : exercitationibus etdolor interourrit nonnumquam.
Quint. IX, 1 : reprehensus est in hac parte non mediocriter Cicero.
— lorsqu'on réserve l'effet de surprise que peut constituer une né- gation forte :
Lucil. 1239 (Marx) : cenasti in uita numquam bene.
Cic., Pro Mur. 29, 61 : sapientem... sententiam mutare numquam.
— lorsque l'adverbe est de forme rare :
PI., Ps. 11^ : qui amet me ut curer tandem nitidiuscule.
— Aul. 668 : Ea subJeuit os mihi paenissume. Ter., Eun. 310 : ad te... penum omnem congerebam clanculum. Lu<T. ÎV, !^24 : Efîugere errorem uitareque praemetuenter. Hor., A. p. 29 : Qui uariare cupit rem prodigialiter.
— de sens intensif :
Caecil. (Ribb.) 100 : Duc me ad patrios fines decoratum opipare. Varr., R. R. I, 9, 4 : hacc discrimina pertinent ad fructus uehementer, Apul., Met. X, 26, 6 : indidem de potione gustauit ampliter.
POSTPOSITION 29
Ter., Ph. 82 : Hanc ardere coepit perdite.
— Heaut. 97 : Eius filiam ille a mare coepit perdite.
Cic, Tusc. I, 46, 111 : Hanc excutere opinionem mihimet uolui radicitus.
— II, 5, 13 : llaec extrahit uitia radicitus.
T. Live V, 54 : ... ad incrementum urbis natum unice locum.
— de forme superlative :
Caecil. Ribb. 243 ; Vt me hodie ante omnes comicos...
Versaris atque emunxeris lautissime ! Ter., Heaut. 284 : Quae cuiusque ingenium ut sit déclarât maxume. Plin., Ep. II, 13 : amat'jr a me plurimum.
Cic, De diu. II, 9, 24 : si... uel hoc uel illo modo potest euenire, fortuna
ualet plurimum.
— Ep. ad. Att. VIII, 10, 1 : locutus sum cum eo liberalissime.
— VIII, 11 B, 2 : uidi T. Ampium dilectum habere dili-
gentissime.
— De diu. II, 1, 3 : magnus locus... totaque peripateticorum familia
tractatus uberrime.
— II, 15, 36 : cum exta sine capite fuerunt..., proxima hostia
litatur saepe pulcherrime.
— II, 56 : ut fit in omni oratione saepissime.
Cic, Pro Cael. 11, 23 : in hac suauitate humanitatis qua prope iam
delectantur onmes uersari periucunde. — 11, 25 : Animaduerti... audiri a uobis meum familiarem,
L. Herennium, periucunde.
Apul., Met. X, 26, 6 : grauedine... demersus domum peruadit aegerrime.
Beaucoup d'adverbes qui occupent cette place sont de ceux qui expriment l'éloge ou le blâme :
PI., Ps. 941 : meditati sunt mihi doli docte.
— 238 : non iucundumst nisi amans facit stulte.
— Men. 83 : lubido est fugere et facere nequiter. Ter., Hec. 624 : hercle factumst a te turpiter.
Cic, Ep. ad Att. III, 33* : tamen remanserunt ceciditque belle. Plin., Ep. V, 5, 7 : quantum laboris exhauserit frustra.
— qui rendent l'idée de la hâte, de la rapidité, de la fréquence :
PI., Ps. 724 : Si modo mihi hominem inuenietis propere... Ter., Ad. 320 : Sed cesso eram hoc malo impertire propere?
— 888 : Hoc uerumst et ipsa re experiere propediem. PI., Ps. 833 : Eaepsae patinae feruefaciunt ilico.
— 82 : Ille abducturus est mulierem cras.
30 MOTS ADVERBIAUX
PI., Ps. 844 : Eum odorem cenat luppiter cottidie.
Sén., De prou. 2, 5 : ]'"xcitari iubent liberos ad studia obeunda mature.
Domitius Afer ap. Quint. IX, 4, 31 : Gritias agam continuo^.
— ou au coiitraire de la rareté, de la singularité ; ainsi dans cette phrase de Martial qui réalise une sorte de jonglerie :
XI, 97 : Vna nocte quater possum ; sed quattuor annis Si possum, peream, te, Telesilla, semel !
La valeur que peut prendre l'adverbe différé est excellemment commentée par Quintilien (IX, 4, 30) à propos de la phrase sui- vante de Cicéron :
Phil. II, 25, 43 : Tu istis faucibus, istis lateribus, ista gladiatoria totius corporis firmitate, tantum uini in Hippiae nuptiis exhauseras ut tibi necesse esset in populi Romani conspectu uomere postridie.
Quintilien explique la place exceptionnelle de postridie par le souci de ménager le trait final : « totius ductus hic est quasi mucro, ut per se foeda uomendi nécessitas iam nihil ultra expectantibus hanc quoque adiceret deformitatem ut cibus teneri non posset pos- iridié ».
Un commentaire du même ordre pourrait être fait de cette autre phrase de Cicéron, où il s'agit d'une histoire de voleur volé : l'aven- turier qui comptait s'emparer d'un trésor artistique se le voit sub- tiliser au dernier moment par une sorte de tour de passe-passe :
Verr. II, 4, 12, 29 : ... ita ab se inuito phaleras ablatas — gratis.
La pointe est dans le mot final, qui contient tout le sel de l'anec- dote : le profiteur qui escomptait une bonne affaire la voit soudain réglée à ses dépens : gratis est, dans tous les sens du terme, le « mot de la fin ».
Quelques exemples français feront comprendre la manière dont l'auteur de l'énoncé peut ainsi tirer parti de l'adverbe différé. Ce sont des qualificatifs expressifs, choisis pour leur valeur intensive ou affective, qui sont réservés pour la place finale dans des phrases telles que :
En vain Eugénie levait sur son père ses beaux yeux bleux, douloureuse- ment (J. Renard).
1. Phrase donnée par Quintilien en exemple des libertés de construction que se permet- tait Domitius Afer dans ses clausulcs.
POSÏHOSITION 31
Le beau Mayol... déchiquetait une mauviette, férocement (A. Daudet).
Son assurance coutumière s'en était accrue, immensément (G. Chérau).
Elles s'asseyaient dans la boutique où elles parlaient de la chère femme, interminablement (E. Zola).
Des cavaliers... contiennent leurs lourds coursiers qui se cabrent, puis- samment (Villiers de l'Isle-Adam).
Même un adverbe d'ordinaire insignifiant peut par cet artifice se voir conférer une valeur exceptionnelle :
S'il avait existé des documents de ce genre, je ne l'eusse pas ignoré, sans doute (R. Martin du Gard).
Il est impossible ici de prononcer l'adverbe final sans lui appliquer une intonation exceptionnelle, qui traduit l'ironie et la protesta- tion indignée.
C'est le même procédé qu'applique au même adverbe V. Hugo, en lui conférant une valeur tragique, dans cette pièce des Contem- plations où le poète cherche désespérément sa fille morte :
Car elle est quelque part dans la maison — sans doute !
Il y a une intention comparable dans le rejet en fin de phrase de l'assévératif, par ailleurs banal, profecto, marquant une assurance que se donne à lui-même le sujet parlant, dans :
PI., Cure. 569 : Tu auferere hinc a me, si perges mihi
Maleloqui,/3ro/ecio ! Lucr. III, 986 ; Nec quod sub magno scrutentur pectore quicquam
Perpetuam aetatem possunt reperire profecto.
Le procédé consiste essentiellement à détacher le qualificatif adverbial des termes qu'il qualifie pour lui prêter une semi-auto- nomie, pour en faire l'objet d'un énoncé à retardement, ce qui équi- vaut à renouveler l'expression par rupture d'une attache syn- taxique. L'artifice a de quoi séduire un auteur curieux d'expressi- vité, et particulièrement peut-être ceux qui ont pour souci d'imi- ter les effets de la langue parlée. Est-ce la raison pour laquelle cette postposition de l'adverbe est fréquente chez les comiques? Plante et Térence réservent fréquemment pour la place finale des ad- verbes tels que modo au sens de « tout à l'heure » :
quibus tu illum dicebas modo (Eun. 372) ; aliquid inueni modo (308-9) ; mecum stomachabar modo (323) ; me a foro abduxit modo {Ad. 645) ; aduenis modo? (Hec. 458) ; istuc quod dixti modo {Eun. 497 ; cf. Ad. 423
32 MOTS ADVERBlAt'X
qiiae moilo dixti) ; audire uocem uisa sum modo (Eun. 454) ; cum tuo filio perpotaiii modo (Ps. 1307) ; qui a milite adlatust modo (717) ; ei os subleui modo (719) ; ex urbe aliduxit modo (1098) ;
— sedulo :
facio sedulo (Ad. 50 ; And. 679 ; Eun. 362) ; fit sedulo {Ad. 413) ; fiet sedulo (Ph. 228), faciam herole sedulo (And. 597) ; factumst abs te sedulo {Heaut. 1021) ; scio fecisse sedulo [Heaut. 396) ; id ago sedulo {And. 614) ; agitans mecura sedulo {Ph. 615) ; aduorsor sedulo (Ad. 144) ; curaui am- bos sedulo {Ad. 962) ; etsi ea dissimulas sedulo {Hec. 578) ; fingit causas ne det sedulo {Eun. 138) ; ego quod potero sedulo (Heaut. 1038).
Soit 15 fois en postposition sur 22 exemples chez Térence.
— tamen, au sens de « tout de même » (cf. ci-dessous, p. 95) :
Heaut. 678 : Retraham hercle opiner ad me
Idem ego illuc hodie fugitiuom argentum tamen ! Ad. 109-110 : Potius quaiii ubi te expectatum eiecisset foras Alieniore aetate post faceret tamen.
— 141 : Nec nihil neque omnia haec sunt quae dicit tamen.
— simul :
qxiom tu ibas simul {Ps. 1180) ; quin uocas spectatores simul (1331-2) ; amittat mulierem mecum simul '^1123) ; eo tu spectato simul (858) ; astato simul (863) ;
— ultro :
uenit ipsus ultro {Ad. 472) ; sibi fieri iniuriam ultro (595) ; cum accersor ultro {Eun. 47) ;
— semper :
Ad. 633 : horresco semper, ubi...
Eun. 449 : metuet semper.
Ad. 45 : Ruri agere uitam semper.
— {n)umquam et {n)usquam :
PI., Cas. 913 : calamitas profecto attigerat numquam. — Aul. 60 : Scelestiorem me hac anu certo scio
Vidisse numquam. Ter., Ad. 159 : non committet hocHe umquam... ut... — 164 : neque tu uerbis solues umquam... — Hec. 434 : si saluos domum redisset umquam. Cio., Tusc. I, 14, 31 : arbores... quarum aspiciet bacam ipse numquam. — II, 17 : quis uultum mutauit umquam?
à
POSTPOSITION 33
Ter., Eun. 293 : neque uirgo est usquam...
— Ad. 337 : an hoc proferendum tibi uidetur usquam?
— denique :
Ter., Ph. 121 : Quid fit denique? — ■ Eun. 158 : Omnia haec nunc uerba hue redeunt denique.
— Heaut. 325 : ne istaec fortitudo in neru tm erumpat denique.
— Hec. 155-6 : ... Sed illam spero, ubi hoc cognouerit
Non posse se mecum esse, abituram denique.
— Heaut. 69 : Fodere aut arare aut aliquid ferre denique (ponct. dout.).
Soif, en position finale non seulement de phrase, mais aussi de vers, 12 fois sur 21 exemples chez Térence.
Il y a là uji nouvel élément d'appréciation qui ne doit pas être négligé. En effet, certains adverbes se prêtent particulièrement, en vertu de leur structure métrique, à fournir des fins de vers faciles : ceux du type tamen pour donner l'iambe final du sénaire, ceux du type ante pour donner le spondée final de l'hexamètre... Ce fait peut expliquer l'extraordinaire fréquence de la postposition de ces adverbes ; ainsi chez Térence, dans la seule pièce des Adelphes, sur onze exemples de tamen, sept se trouvent en fin de vers (110, 141, 174, 623, 687, 830, 950) ; chez Lucrèce, ante fournit le spondée final de l'hexamètre dans les formules fréquentes du type : fuit ante (I, 671, 793 ; III, 677 ; IV, 819 ; V, 1135) ; ostendimus ante (I, 429 ; 531 ; III, 810 ; IV, 672 ; VI, 997) ; diximus ante (I, 846 ; 907 ; III, 538 ; IV, 73 ; 383 ; 643 ; 742 ; 882 ; 1037).
L'adverbe apparaît dans l'ensemble comme un des éléments les plus mobiles de la phrase ; sa place est aussi peu rigoureusement définie que son appartenance et que sa fonction même. Le seul cas où l'on puisse observer des règles quasi impératives est celui oii il constitue avec un autre terme de la phrase un groupe syntaxique compact ; à mesure que se dissocie le groupement et que l'adverbe apparaît comme le déterminant commun d'un complexe, il est apte à occuper toutes les positions possibles en fonction des mouvements de la pensée, et contribue ainsi plus peut-être que tout autre élé- ment de la phrase à donner à l'énoncé son mouvement et sa vie.
CHAPITRE II MOTS PRÉPOSITIONNELS
Le terme de préposition, qui préjuge de la place du mot vis-à-vis de son régime, est impropre ; nous l'avons adapté du latin [prae- positio ou praeuerhium chez Varron), qui l'avait traduit du grec (TrpcOsfftç chez Dionysius Thrax). Les principaux mots qu'on range habituellement sous cette dénomination étaient, dans un état de langue ancien, des éléments adverbiaux, construits librement comme peut l'être l'adverbe dans une phrase du type :
PI. Cas. 763 : omnes festinant m^us totis aedibus.
Le souvenir de cette quasi-autonomie subsiste, à l'époque histo- rique, pour quelques prépositions anciennes, dans des expressions figées telles que susque deque ; l'in distinction entre valeur préposi- tionnelle et adverbiale apparaît surtout dans le cas de formations relativement récentes, ainsi dans les formules praeter propter, satis superque ; enfin, l'état adverbial est prédominant pour des préposi- tions à l'état naissant telles que clam, coram.
Avec le temps, le terme prépositionnel est apparu comme lié au mot dont il précisait la fonction, et comme construit avec lui à la manière d'un terme régissant ; d'où la constitution d'un groupe syntaxique dans lequel la place de l'un des deux termes se définit par rapport à l'autre *.
A date ancienne, les deux constructions possibles, antéposition ou postposition de l'élément régissant, semblent avoir été prati- quées concurremment, comme l'indiquent les fixations du type : propterea et eapropter, ad quo (Afranius 249) et quoad, cum illis et
1. Cf. H. Degering, Beitràge zur historischen Syntax der lateinischen Sprache [sens, emploi et construction des prépositions] : Diss. Erlangen, 1893. — H. Boldt, De liberiore linguae grae- cae et latinae collocatione uerhorum capita selecla : Diss. Gôttingen, 1884 ; ch. 3 : Traiectio praepositionum. — R. Kûhner, Ausfuhrliche Grammalik der lateinischen Sprache, 2« Aufl. von G. Stegraann, 1912, II, 1, p. 583-595 : Stellung der Pràpositionen. — J. Wackernagel, Vorlesungen Uber Syntax, 2^ Reihe, Bâle, 1924, p. 192-206 : Stellung der Pràposition.
36 MOTS PliÉPOSlTIONNI.LS
nohlscuni. Mais l'antéposition est de bonne heure devenue la règle, ainsi que le montrent les formations anciennes, soit adverbiales : denuo [de-nouo], ilico [in-* stloco) , sedulo (se-dolo), inuicem, postea, adeo, admodum, adfatim, soit nominales : proportio, proconsul (refaits à partir de pro-portione, pro-consule) , Interamna (= Entre- les-eaux), Amiternum (= Sur l'Aternus), etc.
Antéposition
Antéposée, la préposition est d'ordinaire suivie immédiatement de son régime.
Pour les prépositions monosyllabiques, la règle ne souffre que deux exceptions essentielles.
L'une est relative à l'emploi de per dans les formules d'adjuration ou d'exécration, qui représentent une survivance de caractère reli- gieux.
L'élément disjonctif est habituellement un pronom personnel, accompagné éventuellement d'autres mots accessoires, qui sont normalement affectés dans la phrase à la place seconde (cf. p. 67 ss,), ou de mots en incise (vocatifs ou verbes « dire ») :
Ean., Scaen. 10 : Per — ego — deum sublimas subices. PI., Men. 990 : Per — ego uobis — deos atque homines dico.
— Capt. 245 : Per — mei te erga — bonitatem patris.
— Bacch. 905 : Per — te, ère, obsecro, — deos immortalis. Ter., And. 289 : Per — ego te — dextram hanc oro.
— 834 : Per — ego te — deos oro ut...
— 538 : Per — te — deos oro et nostram amicitiam.
Rhet. ad Her. IV, 52, 65 : Per — te — quae tibi dulcissima sunt in uita. Quinte-Curce V, 8, 16 : Per — ego uos — décora maiorum oro. Virg., Aen. IV, 314 : Per — ego — bas lacrimas dextramque tuam te... Tib., I, 5, 7 : Per — te — furtiui foedera lecti.
— III, 1, 15 : Per — uos, auctores huius mihi carminis, oro
— Castaliamque umbram Pieriosque lacus.
— III, 11, 7 : ... Per — te — dulcissima furta.
Perque tuos oculos per Geniumque rogo. Hor., Epod. 17, 3 : Per — et — Dianae non mouenda numina,
Per — atque — libros carminum ualentium. Ov., Met. X, 29 : Per — ego — haec loca plena timoris...
— III, 658: Per — tibinune — ipsum... | Adiuro.
ANTEPOSITION
37
Ov., Fast. II, 841 : Per — tibi ego — hune iuro fortem... cruorem, Luc. Ph. X, 370 : Per — te — quod fecimus... nef.'' s. Tite-Lhe XXIII, 9, 2 : Per — ego te, inquit, fili, — quaecumque... Apul. Met. IV, 31 : Per — ego te, inquit, — maternae caritatis foedera
deprecor.
— VI, 2 : Per — ego te — frugiferam tuam dexteram istam...
deprecor. Stace, Theb. VI, 171 ; IX, 632 ; X, 360 ; XI, 367, 708 ; Achill. I, 267 ; etc.
Hors ce cas, les prépositions monosyllabiques ne se trouvent guère séparées de leur régime que par l'enclitique -que'^.
Cette construction se rencontre pari iculièrement dans les for- mules d'adjuralion du type qui vient d'être mentionné (souvent, comme il est naturel, après un premier per) :
PI., Asin. 18-19 : Ita ted obtestor per senectutem tuam
PerqueiUpm quam tu metuis uxorem'tuam.
— Mil. 540-2 : Per deos atque homines perque stultitiam meam
Perque tua genua.
— Capt. 245-6 : Per f^rtunam... et per mei te erga bonitatem patris
Perque conseruitium commune... César, B. C. III, 108, 5 : per omnes deos perque foedera... Sali., lug. 58, 5 : per amicitiam perque rem publicam.
— 71, 5 : per amicitiam perque sua antea fideliter acta. Tib. III, 11, 8 : perque tuns oculos per geniumque rogo (noter les deux constructions différentes).
Mais elle se trouve aussi, avec la même préposition per, dans d'autres emplois et à toutes les époques :
Enn., Ann. 556 : Perque fabam repunt et moî'ia crura reponunt.
PI., Mil. 29 : per corium per uiscera | Perque os.
Cic, De n. d. II, 55, 137 : in eam... confunditur perque eam ad cor...
periabitur. Suét., lui. 1.2: per uirgir-es Vestales perque... propinquos suos.
— 43, 2 : certis personis et aetatibus perque certes dies.
— Claud. 21, 3 : apud superiores aedes... perque mediam caueam,
— Vit. 10, 3 : per médias ciuitates perque flumina. Pline l'A., N. H. V, 26 : perque serpentes iter est.
Si). Ttal., XT, 125 : per bella... perque arma.
1. Cf. K. Mayhoff, « Que » an Pracposilionen ans^ehanot : Arch. f. Li'xic. und Cramm., t. XIII, 1904, p. 435-436 ; Ed. Wôlfflin, Ibid., p. 194-198 ; D. Ringe, Zum Sprachgebrauch des Caesar : Progr. Gintingen, 1880.
38 MOTvS PRHPOSITIONNELS
Pour les autres prépositions anciennes, une trace de la construc- tion primitive paraît subsister dans la locution absque, qui a fini par apparaître comme une nouvelle préposition ; d'autres exemples se rencontrent dans des textes juridiques, qui peuvent être considé- rés comme conservant un état de choses ancien :
Col. rostr. : cumque eis nauebos
— enqiie eodem magestratud Lex Acil. repet. 77 : inque eam tribum Lex agr. 42 : inque sas leges Lex lui. munie. 125 : inque eo ordine
155 : exque ieis libreis Lex Vrson. 82, 38 : inque annos singulos
Cic, Pro Rose. 114 : Si hanc ei rem... mandauisset ut cum Chrysogono
transigeret atque decideret, inque eam rem fidem suam... interponeret (texte de contrat). De leg. III, 10 : omnes magistratus auspicium iudiciumque habento
exque is senatus est«> (texte de l'^i). Pro Rose. Amer. 21, 58 : de bonorum emptione deque ea societate (acte
d'accusation). Mon. Ancyr. 4, 53 : exque ea pecunia dona aurea in aede Apollinis...
posui (testament politique). Suét., Aug. 52, 1 : ea;9U6 iiscortinasApollini Palatino dedicauit (passnge
parallèle du précédent). Sal!., Catil. 48, 5 : deque ea re postulant uti referatur (compte-rendu de
séance). Suét., Calig. 12, 3 : deque ea re et iure iurando et chirographo cauit
(rapport oiïiciel).
C'est au même titre que la construction figure dans la formule usuelle de la chancellerie : exque re publica (Cic, Phil. III, 38 ; V, 36 ; X, 26 ; etc.).
On remarquera que, dans la plupart de ces exemples, le régime de la préposition est représenté par une forme de l'adjcctif-pronom is ; la locution ainsi constituée se présente comme une sorte de for- mule qui paraît avoir représenté un cas favorable de conservation. Ainsi peuvent s'expliquer la plupart des exemples restants de cette construction (quelques-ur.s comportent pour régime une forme du démonstratif hic ; cf. p. 72) :
— pour ex :
Népos, Cato, 2 : exque ea ; Cic, De off. l, 34, 122 : exque his ; II, 23,
ANTÉPOSITION 39
80 : exque eo tempore ; Phil. I, 10 : exque eo coguoui ; PI. l'A. X, 45 : exque eo cfuaestu ; II, 147 : exque ea non putruisse ; Val. Max. I, 5, 3 : exque eo fortuite dicto.
— pour cum :
Liv. Andr. 23 : cumque eo ; PI., St. 409 : cumque eo ; Truc. 278 : cumque ea ; Sali., Cat. 6, 1 : cumque eis ; Cic, Tusc. V, 87 : cumque ea.
— • pour in :
Ces., B. G. V, 36, 2 : inque eam rem ; Cic, Tusc. III, 27 : inque ea urbe ; Pro Rose. 114 : inque eam rem ; Pro Sest. 41 : inque eo exercitu ; Suét., lui. 39, 4 : inque earum locum ; Vitr. X, 6, 3 : inque ea.
— pour d'autres prépositions-^ :
B. G. VII, 45, 2 : cleque his ; Val. Max. III, 7, 3 : adque id negotium ; Cic, Rep. III, 27 : proque hac ; PI. l'A. X, 151 : proque eis.
Un autre cas favorable à la conservation de la construction an- cienne est tout naturellement, ici comme pourper, celui où la pré- position suivie de que répète une préposition antérieure de façon à réaliser une symétrie :
PL, Cas. 612 : cum istac cumque arnica etiam tua.
— Cure. 2 : cum istoc ornatu cumque hac pompa.
— Pseud. 838 : cum condimentis tuis j Cumque tuis... mendaciis.
— Merc. 794 : cum tua arnica cumque amationibus. Ter., Heaut. 811 : cum istoc inuento cumque incepto. Virg., Aen. XII, 293 : in caput inque umeros.
Cic, De orat. I, 7, 26 : de temporibus deque uniuersa re publica. Suét., Claud. 26, G : de Paetinae... deque LoUiae Paulinae (condicioni-
bus). — Calig. 50, 5 : de secessu deque purgando cerebro.
— 26, 1 : pro necessitudinis iure proque meritorum gratia.
Sén., H. f. 260 : e cuius aruis eque fecundo sinu.
En dehors de ces cas favorables, l'insertion de que est tout à fait exceptionnelle, et limitée, semble-t-il, aux textes en vers :
Liu. Andron. fr. 37 : inque manum.
PI., Capt. 542 : proque ignoto me aspernari.
Cic, en vers {De diu. I, 13, 22) : inque Academia umbrifera.
1. On ne cite aucun exemple de ob, sub ; pour post, pas d'exemple avant Velleius Pater- culus et Valère Maxime.
40 MOTS PRÉPOSITIONNI'LS
Lucr. II, 78 : inquehreui spatio.
Virg., Georg. IV, 347 : Aque Chao densos diuum numerabat f mores.
— Bue. 7, 13 : Eque sacra résonant examina quercu. Luc, Ph. VII, 459 : inque deum templis.
Sén., H. /. 322 : cumque déserta rate. — 260 : eque fecundo sinu.
Ovide est particulièrement coulumicr de cette construction :
Met. II, 215 : Cumque suis totrs populis incendia gei-tes. Pont. I, 6, 49 : In que Tcmitana iacer.m tumulatus hprena.
— I, 8, 7 : Deque tôt expu-sis sum miles in exsude solus.
— I, 8, 33 : Aque domo rursus pulchrae loca uertor ad Vrbis.
— I, 9, 48 : Aque tuis toto diuid<;r orbe rogis. Met. III, 631 : Aque mero redeart in pectora sensus.
— au point qu'il va jusqu'à dissocier par l'insertion de -gue les deux éléments d'un composé :
A. A. II, 154 : Inçue-uicem credant res sibi semperagi.
On remarquera que tous ces exemples sont d'un même type mé- trique, présentant la préposition à l'initiale du vers (exceptions : Met. 1, 287 : cumque suis ; II, 616 : cumque manu).
La construction est presque sans exemple dans les textes en prose :
Sisenna 125 : .Vlririus (^stio Liris euehitur «c^çue Aenariam suos coiitinua-
tur (atque codd. Non. Marc. 93). Cic, Ep. ad Att. XI, 17, 1 : Tullia mea uei'it... deque tua erga se ob-
seruantia... mihi plurima exposuit. Suét., Cl. 1, 2 : ... nauigauit transque Rbenum fessas... effecit.
La construction normale est celle qui rejette que après le régime de la préposition {ur. cas favorable est celui où la préposition consti- tue avec son régime un mot unique ; ainsi inprimisque chez Pline l'A., XII, 100; XXV, 89...).
On la trouve aussi bien chez les prosateurs :
Cic, Tusc. V, 57 : in rébus que ; Ep. ad Att. IV, 1, 5 : in foroque ; Acad. II, 62 : in lucemque ; Pro Deiot. 9 : in conuiuinque ; Orat. 199 : in eoque; De n. d. III, 37 : in portumque; B. Hisp. 15, 5 : in conspectuque nostro ; Pline l'A. XX, 208 : in eademque.
Népos, Dio A,2 : nd eumque ; Dut. 7, 1 : ad regetnque ; Cic, Orat. 24 : ad çamque; Tusc. V, 41 : ad Brutumque ; Phil. II, 79 : ad seque; Ep. ad
AXTEPOSITION
41
fam. VI, 18, 2 : ad Caesaremque ; XIII, 14, 2 : oc? nummosque ; De o//. I, 92 : ad plurimosque ; T.-Lhe XXII, 17, 2 : ac? imaque; Tac, /i^isL III, 50, 4 : a(i omniaque.
Cic, £^/J. «^ ^«., III, 15, 4 : aès <eçue ; XV, 22 : ab armisque ; De n. d. II, 30 : ah eaque ; Tusc. V, 33 : ab iisque ; Ep. ad fam. VII, 23, 1 : ab eodemque ; Tac, Ann. XVI, 2, 3 : ai oratoribusque ; Cic, De oraf. II, 33 : a discendoque ; Pro Cael. 46 : a studioque.
Cic, Tusc. II, 38 : ob eamque rem ; César, B. G. II, 35 : ob easque res ; Pline l'A. VI, 76 ; VIII, 33 ; XV, 13 ; XXVIII, 157 : ob idque.
Cic, Verr. II, 48 : de prouinciaque.
Cic, Phil. V, 10 : per uimque.
César, B. G. II, 11, 6 : sub occasumque; Suét., Calig. 51, 2 : sub lec- tumque.
Pline l'A., XX, 234 : ex eademque.
T.-Live, VII, 19, 1 : cum Tiburtibusque ; XXIII, 43, 7 : cum fîrmisque.
— que chez les poètes :
Lucr. I, 1059 : in terraque; III, 836 : in dubioque fuere ; IV, 1140: in uultuque ; V, 1188 : in caeloque ; Virg., Aen. VIII, 21 : in partesque ; Lucr. I, 725 : ad caelumque ; Virg., Georg. III, 524 : ad terramque.
Lucr. IV, 65 : a rebusque.
Lucr. II, 70 : ex oculisque ; V, 49 : ex animoque ; Virg., Georg. III, 238 : ex altoque.
Lucr. I, 542, 757 : de niloque ; VI, 884 : de terraque.
Aratea ap. Cic, De n. d. II, 41, 104 : cum caeloque simul... feruntur,
Virg., Bue. 5, 57 ; Aen. II, 227 : sub pedibusque ; Tib. II, 4, 54 : sub titulumque.
Il semble que le cas de ue soit assimilable à celui de que : dans Paul Dig. XL Y, 1, 76, 1 : in diemue, l'expressior, in diem doit être considérée comme formant une unité vei'bale.
L'intercalaison entre préposition et régime est exceptionnelle et semble caractéristique d'un type de langue ancien (surtout, comme pour que, textes juridiques ; cf. p. 38) :
Cic, Verr. I, 106 : ab A. Postumio Q. Fuluio censoribus postue ea.
— Phil. V, 10 : deue dictature deue coloniis. Lex agr. 7 : inue formas ; 76 : inue eo agro. Lex lui. mun. 94 : exue foidere erit.
L'exemple de Lucrèce II, 1099 : omnibus mue locis, présente une double anomalie, puisque la particule se trouve rejetée en troisième place.
42 MOTS PRÉPOSITIONNELS
Contrairement aux monosyllabiques, les prépositions dissylla- biques comportent normalement l'intercalaison de la particule que :
PI., Bacch. 930 : sine classe sineque exercitu.
PL, Epid. 199 : per myropolia et lanienas cîrcumque argentarias.
Sali., Cat. 30, 3 : circumque ea loca ; lug. 19, 3 : interque eas ; 76, 3 :
superque eas : Suét., lui. 28, 1 : superque Italiae... urbes ; 32, 2 : interque
eos ; Claud. 10 : interque praetenta ; Dom. 1, 4 : interque sacrificulos ;
Otho 9, 3 : circaque Placentiam ; Vit. 13, 6 : circaque uiarum popinas ;
Tac, Ann. I, 7, 2 : apudque eos.
Assez nombreux exemples de cette construction en particulier cbez Pline l'Ancien : interque (6 ex.), circaque (3), praeterque (3), iuxtaque (2), superque, contraque, extraque, supraque, ultraque (cha- cun 1 ex.).
La non intercalaison de que apparaît ici comme tout à fait exceptionnelle :
Cic., Pro Plane. 40 : apud eosque (cf. Tac, Ann. I, 7 : apudque eos). Prop. II, 28, 45 : ante tuosque pedes illa... sedebit.
Hors le cas des enclitiques que et ue, l'insertion d'un élément étranger entre la préposition et son régime est extrêmement rare ; pom' les prépositions monosyllabiques, on n'en trouve guère d'exemples que chez les poètes :
Lucil. 724 : In concedere unum atque in eo dare... manus (id Marx). Lucr. II, 1166 : ... cum tempora temporihus praesentia confert
Praeteritis. Hor., Sat. I, 3, 70 : cum mea compenset uitiis bona.
(construction si surprenante que le scholiaste croit devoir l'expli- quer : « ordo et sensus est : cum uitiis meis mea bona compen- set »). Culex 205 : in fessos requiem dare... artus. Copa 4 : ad cubitum raucos excutiens calamos. Ov., Fast. V, 12, 551 : Vltor ad ipse suos caelo descendit honores. — Trist. IV, 8, 11 : fVtque | Securus patria consenuisse mea.
On cite de post un exemple chez Cicéron :
De off. II, 8, 27 : post uero Sullae uictoriam.
— de ad un exemple douteux chez Suétone :
Çalig. 51, 2 : Nam qui deos tantopere contemneret, ad minima tonitrua
ANTÉPOSITION 43
et fulgura coniuere,... ad uero maîora proripere se e strato (les mss. sont partagés entre diverses leçons).
Le cas de clam, préposition de date récente, doit sans doute être assimilé à celui des prépositions dissyllabiques, pour lesquelles la disjonction est plus aisément admise :
Ter., Hec. 396 : ut clam eueniat partus patrem.
Cic, Ep. ad Att. X, 12=^, 2 : clam agendum est... Clamantem istis?
Cependant, même pour les dissyllabiques, la construction est exceptionnelle ; Quintilien (IX, 4, 28) donne comme un exemple de « compositio uitiosa » la phrase de Mécène :
Inter sacra mouit aqua fraxinos.
Un exemple de Plaute :
Cas. 815 : Sensim super attolle limen pedes, mea noua nupta
semble reproduire une formule de rituel.
On ne cite par ailleurs à date ancienne que :
Turpilius 188 : extra cubui dominia. Afranius 91 : contra causaris patrem.
Cicéron présente un exemple d'insertion de mot accessoire :
De fin. III, 11, 36 : praeter enim très disciplinas.
Les exemples d'insertion se multiplient chez les poètes à partir de Lucrèce :
Lucr. I, 72 : extra \ Processit longe flammantia moenia mundi.
Prop. III, 4, 18 ; et subter captos arma sedere duces.
Tib. I, 6, 30 : Contra quis ferat arma deos?
Virg., Aen. IV, 233 (cf. 273) : super ipse sua molitur laude laborem.
Hor., Sat. I, 5, 51 : qu,ae super est Caudi cauponas.
La plupart des exemples sont de inter et de circum [circa) :
Varr., L. L. V, 154 : Circus Flaminius... circum aedificatus est Flomi-
nium campum. Lucr. VI, 1004 : Inter qui lapidem ferrumque est cumque locutus. Hor., Od. I, 14, 19 : Inter fusa nitentis
Vites aequora Cycladas.
— III, 3, 37 : inter saeuiat Ilion.
— III, 15, 5 : inter ludere uirgines.
— III, 27, 51 : inter errem ] Nuda leones.
Ov., Fast. IV, 363 : Inter, ait, uiridem Cybelem altasque Celaenas,
44 MOTS PRÉPOSITIONNELS
Hor., Sat. II, 6, 34 : per caput et circa saiiunt latus.
— I, 6, 58-9 : ... Non ego circum
Me Satureiano uectari rura caballo. Virg., Aen. II, 278 : Volnera... quae circum plurima muros
Accepit patrios.
On a pensé reconnaître un souvenir de cette construction dans la formule de datation du type : ante diem tertium nonas, qui s'ex- pliquerait par une insertion de die tertio mal comprise et entraîrée dans une fausse construction. Il est plus vraisemblable de supposer à l'origine un emploi adverbial de ante joint à un accusatif de data- tion {ante diem tertium = le troisième jour avant), comme dans la formule ante hiennium (cf. J. Wackernagel, Varies, ûber Syntax, t. II, p. 195).
Ainsi, même pour les prépositions dissyllabiques, les cas de dis- jonction sont rares, paraissent réservés à quelques prépositions, et ne sont guère attesiés que chez les poètes, où la construction peut être interprétée comme un élément de commodité métrique. Pour les monosyllabiques, la disjonction apparaît comme une survivance, limitée à quelques prépositions et à quelques formules. Au reste, même dans les cas favorables, la langue se montre hésitante ; le nombre des exemples de l'une et l'autre construction est relative- ment peu élevé ; tout se passe comme si l'écrivain évitait les tours de phrase qui le mettent en demeure de prendre parti entre deux constructions également indésirables.
PoSTPOSITION
La préposition ne se trouve placée après son régime que dans des conditions tout à fait exceptionnelles.
Le cas le plus favorable est celui où le régime est un pronom ou adverbe relatif.
De cette construction le souvenir subsiste pour diverses prépo- sitions dans des locutions fixées : quoad (ad quo, Afran. 249, fait figure d'exception), quaad (Varr., B. R. 1, 1, 2 ; L. L. VII, 7, ex con- iectura), quapropter, quocirca, quatenus..., et dans l'usage courant pour la préposition cum^.
1. Cf. A. Greef, Die Praeposition « cum » in Verbindung mit dem Relativum : Philologiis, 1873, p. 711-724, et 1876, p. 671-684,
POSTPOSITION 45
Le postposition de cumesl seule usitée quand le relatif-interroga- tif se présente sous la forme ancienne d'ablatif qui ; quicum, pour les trois genres, se trouve chez Plaute, Térence, Pacuvius, Lucilius, Varron [Men. 509), Cicéron {Pro Quinctio, 6, 25, dans un texte juri- dique ; De off. III, 19, 77, dans un proverbe ancien), Catulle, "Vir- gile {Aen. XI, 822), Stace [Theb., VIII, 279), peut-être chez Fron- ton {Ep. ad am. I, 1 et I, 3?) ; quocum est attesté chez Ennius, Térence, Cicéron, Quintilien ;quacum chez Plaute, Turpilius, Cicé- ron, César ; quihuscum chez Plaute, Térence, Cicéron, César, Sal- luste, Quintilien, Tacite ■^.
L'antéposition de cum représente une innovation. On la trouve chez les prosateurs de l'époque classique : Cicéron (6 cum quo, 2 cum qua, 7 cum quibus) et ses correspondants, Varron, Salluste (1 cum qua), Népos, Tite-Live, Pétrone (1 cum quo), Sénèque (9 ex. dans les cinq premiers livres des Lettres à Lucilius) ;-chez les poètes ^ à partir de Catulle (67, 36 : cum quibus) et Lucrèce (5 cum quibus), puis régulièrement chez les poètes de l'Empire : Virgile {Aen. X, 697 : cum quo ; Georg. IV, 533 : cum quibus), Horace {Od. II, 7, 6 : cum quo ; Sat. I, 4, 81 : cum quibus). Properce (I, 6, 3 : cum quo), Tibulle (II, 5, 37 : cum qua ; Prop. II, 32, 39 : cum qui- bus), Sénèque [Agam. 202 : cum quo), Ovide (assez nombreux exemples), Stace (1 ex.), Martial (4 ex.), Juvénal (5 ex.). L'antépo- sition, généralisée à partir de Lucrèce et Catulle en poésie, l'est en prose à partir de Népos et Tite-Live.
Il y a parfois, vis-à-vis de l'un des deux ordres, abstention totale ou partielle : Lucrèce ne pratique que l'antéposition de cum (5 ex.), de même Népos et Tite-Live, Martial et Juvénal. Chez Sal- luste et César, la postposition est usuelle avec le pluriel et rare avec le singulier. Avec la forme d'ablatif quis, l'antéposition est admise (Ovide, Met. VI, 141 ; VII, 671 ; XI, 383) et non, semble-t-il, la postposition (un ex. douteux chez Cicéron, De domo 23, 61 ; chez Fronton, Ep. ad am. l, 3, il faut lire sans doute quicum). Ovide n'a aucun exemple de postposition dans toute une partie de son œuvre
1. La construction s'étend à l'interrogatif uter : PI., Truc. 153 : ulriscum rem esse mauis? Dans Rhet. ad. Her. II, 10, 15, la forme ulrocum est contestée.
2. On cite quelquefois à tort l'exemple de Térence :
And. 63 : Cum quibus erat cumque una où il s'agit non pas de quibus, mais de quibuscumque employé en tmèse.
46 MOTS Pni.POSITIONNELS
{Am., Rem. am., Pont.), et il en a de nombreux dans ses autres ouvrages {A. am., Her., Metam.). Un exemple curieux d'indécision nous est fourni par deux inscriptions : C. I. L. XI, 5779 : con quicu, et VI, 16414 : con quacom. Rare déjà au début de l'Empire, la post- position de cum tombera par la suite en désuétude. Quand Cicéron {De off. III, 19, 77) cite sous sa forme originelle le proverbe ancien : « dignum... quicum in tenebris mices », Fronton {Ep. ad M. Caes. I, 5) le reprend sous sa forme rajeunie : « cum quo in tenebris mices » ; là où Térence écrit (Ph. 758) : « offendi adueniens ] Quicum uole- bam... conlocatam », Eugraphius commente : « cum eo nuptam cum, quo esse cupiebam »,
Le cas de de n'est pas tellement différent de celui de cum : la postposition au relatif apparaît dans la vieille formule du préteur : quo de agitur (Ulp., Dig. 43, 18, 1 ; 19, 1 ; 20, 1 ; 22, 6 ; 23, 1 ; et pas- sim ; cf. Cic, Verr. II, 12, 31), qui survit même dans la langue commune, et dont Cicéron, par exemple, fait un usage abondant dans le De inuentîone : 1, 19, 27 ; 28, 41 : negotio quo de agitur ; I, 43, 81 ; 82 ; 49, 92 : res qua de agitur ; II, 30, 94 : ei quo de agetur ; II, 45, 131 : lege qua de agatur, avec des variantes : 48, 141 : reriim quitus de scriptiun est ; II, 50, 150 : rei qua de quaeratur ; I, 54, 104 : boc quo de quaestio est ; II, 24, 70 : causam... qua de ante dic- tum est ; II, 11, 37 : de eo crimine quo de arguatur ; cf. encore : Lucr. VI, 940 : qua de disserere adgredior ; Sén., De const. sap. 16, 3 : illud quo de agitur [cod. A).
Pour les autres prépositions, les exemples de pôstposition sont plus rares, mais semblent encore représenter des survivances de la langue juridique, politique ou administrative :
PI., Poen. prol. 13 : Exerce uocem quam per uiuisque et colis (adresse
à un crieur public).
— Rud. 555 : quo ah arrabonem pro Palaestra acceperam (style de
contrat).
— Asin. 397 : Qui pro istuc? (formule commerciale). Ter., Ph. 523 : ... Tibi quidem est olim dies
Quam ad dares huic praestituta (formule juridique). Cinc. ap. Gell. XVI, 4, 2 : uti tu ad C. Laelium... siue quem ad uter
eorum inuenerit (formule de serment). Cic, De n. d. II, 3, 10 : Gracchus... ad senatum rettulit, senatus quns
ad soleret référendum censuit (langue des assemblées poHtiqpies).
POSTPOSITION 4/
Cic, De lege agr. II, 30, 81 : quem agrum nunc praetereuates uestrum
esse dicitis et quem per iter qui faciunt... {prescription administrative).
Hors ces conditions exceptionnelles, la plupart des exemples de postposition sont de ex [e) :
Enii., Ann. 379 ; fontes quitus ex erugit aquae uis (exerugit Vahlen;
conj. : sese erugit). PI., Epid. 170 : eam qua ex tibi commémores hanc. Quinte-Curce, VI, 2, 10 : quis e duodecim milia (cod. A., corr. edd.).
Lucrèce en a plusieurs, qui se présentent avec l'aspect de clichés :
III, 375 : quihus e corpus nobis et uiscera constant.
— 839 : quitus e sumus uniter apti.
— 858 : quitus e nunc nos sumus.
V, 949 : quitus e scibant umore fluenta |... lauere umida saxa.
On cite encore :
PI., Asin. 119 : nec magis uersutus nec quo at caueas aegrius. PI., Bacch. 176 : Pistoclerum, quem ad epistulam (misit). Lucil. 182 : In eo numéro mansi quo in maxima non est
Pars hominum. Cic, Top. 7, 32 : quaerentibus iis quos ad id pertinebat quid esset litus.
— De inu. I, 20, 28 : si non ab eo quo mproxime desitum est deinceps
incipietur (leçon de quelques mss. ; variantes : quod in, qui in, qui, in quo) ^.
La postposition au relatif est plus fréquente pour les préposi- tions dissyllabiques, particulièrement à date ancienne ou chez les poètes :
PI., Rud. 496 : quem propter hoc mihi optigit.
— Aul. 786 : quem propter hodie auri tantura perdidi.
— Bacch. 1031-2 : ab hac... | Quam propter tantum damni feci.
— Amph. 1016 : quem propter corpus suom stupri compleuerit.
— Trin. 1164 : quas propter tibi tamen succensui.
— Merc. 752 : quos inter iudex datu's.
1. Dans la phrase de Sénèque, De ben. V, 12, 6 : « minusque se inueniunt quo in maio- rem materiam inciderunt qua in fluctuarentur », il faut noter que quo in maiorem consti- tue un exemple non de postposition, mais d'insertion entre déterminant et déterminé (cf. ci-dessous, p. 60), et que qua in représente une correction de M. Préchac (codd. : qua ou quam).
48 MOTS prépositionnkls
Sisenna 107 (Peter) : quos supra perpétua classi suspensa cilicia obteii-
duntur. Varr., L. L. VII, 50 : Huius signi caput dicitur ex tribus stellis, quas
infra duae clarae quas appellant Vmeros. — VII, 31 : Ambiegna bos apud augures, quam circum aliae
hostiae constituuntur. César, B. G., VII, 33, 2 : senatum... et quos inter controuersia esset. Nép., Chahr. 3, 1 : Diem certain Chabriaepraestituerunt, quam ante do-
mum nisi rediisset capitis se illum damnaturos denuntiarunt. Cic, De inu. II, 12, 40 : propter quas aliquid facilius fît aut quibus sine
omnino confici non potest.
— Verr. III, 20, 50 : quos inter^ res communicata est.
— Ep. ad. Au. VI, 1, 16 : Diem statuo satis laxam, quam ante si
solueriut... Phèdre 95, 8 : Quos inter scurra notus urbano sale. Virg., Georg. l, 161 : Quis sine nec potuere seri née surgere messes. — Aen. XII, 177 : Quam propter tantos potui perferre labores. Hor., Od. III, 3, 11 : Quos inier Augustus recumbens.
— Sat. I, 1, 107 : Quos ultra citraque nequit consistere rectum.
La construction apparaît, en progrès chez Tacite : sans exemple dans les œuvres mineures du début, elle se trouve dans les His- toires (5 ex.) et devient fréquente dans les Annales (50 ex.) ; cf. E. Lôfstedt, On the style of Tacitus : Journ. of Rom. Stud., t. XXXVIII, 1948, p. 2.
On trouve parfois la préposition postposée disjointe de son ré- gime :
Lucr. I, 718 : quam fluitans circum Phèdre 28, 8 : quem stans uulturius super
même dans le cas de locutions fixées telles que quapropter, quo- circa :
Pi., Amph. 815 : qua istaec propter dicta dicantur mihi.
Ter., Hec. 364 : qua me propter exanimatum citius eduxi foras.
Hor., Sat. II, 6, 95 : quo, bone, circa.
Un autre cas favorable à la postposition est celui où le régime est représenté par un pronom personnel ou démonstratif.
Ici encore, la plupart des exemples sont de cwm ; construction
1. Dans la pliraso : De amie. 22, 83, « quae si quos inter sooietas... est », quos est non le re- latif, mais l'indéfini.
POSTPOSITION 49
obligatoire : mecum, tecum, secum, nobiscum, uohiscum. On sait la peine que se donnent les anciens pour expliquer cette particula- rité ; ainsi Cicéron, Oral. 154 : « Quid illud non olet unde sit quod dicitur cura illis, cum autem nobîs non dicitur, sed uobiscum? Quia si ita diceretur, obscenius concurrerent litterae (à savoir cum no- = cunno)... ; ex eo est mecum et tecum,, non cum me et cum te, ut esset simile illis nobiscum atque uobiscum » (cf. Quint. VIII, 6, 65).
La fixation dans cet ordre est tellement établie qu'elle résiste à la suggestion de la symétrie ; cf. PI., Cist. 92 : cum matre et mecum ; Cic, Att. IV, 16, 5 : mecum et cum, Milone ; Fam. IX, 9, 1 : cum Caesare nobiscumque.
Pour les autres prépositions, on ne cite que des exemples peu sûrs :
PI., Mil. 1265 : Nescio tu me ex hoc audieris an non.
{sic BCD ; ex me Hermann). Cic. Tiisc. II, 6, 15 : Hune post Rhodius Hieronymus... clixit.
(contesté par H. Degering, Beitr. z. hist. Synt., p. 32).
Hors le cas du relatif et de l'adjectif-pronom, la postposition est tout à fait exceptionnelle. Il semblerait que, dans quelques cas, elle soit déterminée par le désir de mettre en relief le régime anté- posé :
PI., Stich. 70 : Exorando, haud aduorsando sumendam operam censée ; Gratiam per si petimus, spero ab eo impetrassere ; Aduorsari sine... scelere summo hau possumus. (gratiam reprend l'idée de exorando qui s'oppose à celle de aduorsari).
surtout chez Lucrèce, qui fait plusieurs fois usage de cette cons- truction :
I, 841 : ... de terris terram concrescere...,
Ignihus ex ignis, umorem umoribus esse, (opposition de ignihus à terris et umoribus). VI, 1262-4 : Omnia complebant loea tectaque... Multa siti prostrata uiam per... (opposition de uiam à tecta). IV, 597 : Per loca quae nequeunt oculi res cernere apertas, Haec loca per noces ueniant... (reprise de loca). VI, 788 : Scilicet haec ideo terris ex omnia surgunt,
Multa modis multis multarum semina rerum
50 MOTS PRÉPOSITIONiNELS
Quod permixta gerit tellus... (correspondance de terris à tellus). II, 791 : Nec quae nigra cluent de nigris, sed uariis ex (uariis ea coda.).
(opp. nigra — uariis). V, 69-70 : Cur nequeat certa mundi languescere parte, Dum loca luminibus propriis inimica per exit? (opp. certa parte — loca inimica).
On ne cite guère d'autres exemples que chez des poètes artificiels :
Aviénus, Arat. 761 : ... tergutnque in curua remulsi
Litora certa tim subeunt simul. (certains éditeurs lisent incurua, admettant une construction non moins difficile). Manil. III, 521 : Ipsas uoluit numerari signa per horas. — I, 245 : Nos in nocte sumus somnosque in membra locamus.
(pour le sens, cf. PI., Amph. 303 : in soporem coJlocastis, et Culex 205 : in... requiem dare comparât artus).
La post position est rare également pour la plupart des préposi- tions polysyllabiques de type ancien : ante, apud, sine, super, prop- ter, inter ; elle est même sans exemple chez certains auteurs : Livius Andronicus, Ennius, Térence, Caton, Catulle, Properce. On ne la trouve guère que chez les poètes, à partir de Lucrèce.
Un cas favorable, ici encore, est celui où le régime consiste en un relatif ou un pronominal :
PI., Amph. 1016 : quem propter corpus suum stupri compleuerit. Cic, Ep. ad Att. X, 4, 1 : quos propter omnia amisimus.
— X, 8, 8 : quos contra me senatus... armauit.
Lucr. I, 90 : hune propter : IV, 1173 : hac sine ; Cic, De n. d. II, 42, 106 (en vers) : has inter ; Virg., Bue. 10, 48 : me sine ; Georg. I, 161 : quis sine ; III, 42 : te sine ; Phèdre 41, 20 : haec inter ; Hor., Sat. II, 6, 77 : haec inter : Prop. I, 20, 26 : hune super et Zetes, hune super et Calais ; Cic, Phaen. 209 (en vers) : hune subter ; Stace, Theb. XI, 175 : me propter.
— avec disjonction :
Virg., Aen. V, 603 : hac celebrata tenus.
Avec un régime non pronominal, les exemples de posi position les plus rares sont de apud et sine :
Lucr. VI, 747 : locus est, Cumas apud.
Hor., Sat. I, 5, 99 : flamma sine tura liquescere.
POSTPOSITION 51
Les plus fréquents sont de :
— ■ inter :
Hor., Sat. I, 3, 53 : acres internuraeretuT. Hor., Sat. I, 1, 47 : Reticulum panis uenales inter onusto
Forte uehas umero.
— II, 2, 32 : pontesne inter iactatus.
— I, 1, 116 : extremos inter euiitem. Ov., Am. I, 11, 2 : ancillas mfer habenda Nape. Manil. V, 335 : curas inter sécréta moûebit | Carmina. Sil. Ital. XIV, 155 : medios inter fera proelia miscet.
— super (supra) :
PI., Bacch. 195 : Quicl factitasti niandatis super? Phèdre 39, 11-12 : ... suadet ut scopuluni super ... duram illidat corticem. — 3, 20 : Lignumque super turba petulans insilit (supera edd.). Hor., Epod. 7, 3-4 : Parumne campis atque Neptuno super
Fusum est Latini sanguinis? Virg., Georg. IV, 236 : Illis ira modum supra est.
— Aen. IV, 240 : ... siue aequora supra
Seu terra m rapide pariter cum flamine portant. Manil. V, 144 : mensasque super petulantia corda.
— propter :
Lucr. I, 316 : portas propter.
— VI, 926 : litora propter.
— V, 31 : Bistoniasque plagas atque Ismara propter,
(chez cet auteur, 10 exemples de postposition sur 16 exemples, tous de propter au sens local).
Tous ces exemples sont de textes en vers ; la construction est presque étrangère à la prose classique :
Sali. ap. Prise. XIV, 40 : multa nefanda casu super ausi atque passi. Elle ne devient assez fréquente que chez Tacite :
Ann. IV, 48, 1 : translata... castra hostem propter
— XV, 47, 2 : uiam propter natus uitulus
— III, 75, 4 : praeturam intra stetit
— IV, 48, 2 : dum populatio lucem intra sisteretur
— XIII, 47, 4 : quo solutius urbem extra lasciuiret.
La disjonction de la préposition postposée n'est pas sans
52 MOTS PRÉPOSITIONNELS
exemple. On la trouve dans des conditions où l'on pourrait suppo- ser parfois une mise en relief du régime :
Lucr. V, 623 : Quanto quaeque magis sint terram sidéra propter, Tanto posse minus cum caeli turbine ferri. (opposition : terram — caeli).
Hor., Sat. TI, 3, 40 : Insanos qui inter uereare insanus haberi.
(opp. insanos — insanus).
Mais aucune intention ne peut être décelée dans les exemples suivants :
Lucr. III, 67 : Et quasi iam leti portas cunctarier ante.
— IV, 223 : Cum mare uersamur propter. Virg., Aen. XI, 149 : Feretro Pallanta reposto | Procubuit super.
— XI, 509 : est omnia... | Iste animus supra.
— XI, 816 : ossa sed inter | ... ad costas alto stat uulnere mucro. Hor., Sat. I, 3, 68 : Vitiis nemo sine nascitur.
Ov., Fast. I, 503 : immissis puppem s-tetit ante capillis.
— VI, 211 : Muneris est tempus, qui nonas Lucifer ante est. St., Theh. XII, 140 : Exspectantque rogum et flammas non ante fatiscant.
Il faut considérer à part le cas de quelques prépositions d'origine récente, dont la nature adverbiale n'est pas oubliée, et qui doivent sans doute à une relative autonomie leur liberté de cons- truction.
Ainsi iuxta, qui par exemple n'est qu'à mi-chemin de son em- ploi prépositionnel dans :
PI., Aul. 682 : iuxta mecum rem tenes.
se trouve postposé à un pronominal :
Népos, Paus. 4, 4 : hanc iuxta locum fecerunt.
— à un substantif :
Tac., Ann. II, 41 : Tiberim iuxta.
particulièrement chez les poètes :
Virg., Aen. III, 506 : uicina Ceraunia iuxta. IV, 255 : uolat aequora iuxta.
circumet circa sont employés en fonction d'adverbe et de prépo- sition, circum seul à date ancienne (chez Ennius, Plante, Térence, Caton, Lucilius), puis chez Salluste, Catulle, Lucrèce ; circa seul chez quelques auteurs (Cornélius Népos, Sénèque, Pline, Panég.).
POSTPOSITION 53
L'emploi prépositionnel est le plus fréquent chez presque tous les auteurs ; il se trouve chez Caton 15 fois contre 5 ; chez Varron 36 fois contre 11 ; chez Cicéron 31 fois contre 6 ; chez César 19 fois contre 3 ; chez Horace 18 fois contre 3. La proportion est moins élevée chez Plaute (4 prép., 3 adv.), Salluste (5 contre 4), Virgile (53 contre 50) ; l'emploi adverbial l'emporte chez Lucrèce (32 adv. contre 11 prép.) et Tacite (29 contre 16).
On trouve circa postposé à un pronominal : Cic. Veir. V, 107 ; Ov., Met. III, 668 ; Sén., Herc. f. 720 ; à un substantif : Prop. IV, 6, 6; Sén., Oed. 312; Stace, Theb. X, 883; Valérius Flaccus, IV, 759;
circum à un pronominal : Varr., L. L. VII, 31 ; Lucr. VI, 427 ; Cic, De nat. deorum, II, 105 (en vers) ; Virg,, Georg. I, 235 ; IV, 30, 334, 430; Aen. II, 564; VI, 706; Stace, Theb. IV, 16; VIII, 701 ; à un substantif dans un assez grand nombre d'exemples : Lucr. I, 937 ; IV, 12 ; IV, 220 ; VI, 427 ; une vingtaine de fois chez Virgile — chez ces deux poètes toujours à la fin. du vers, de sorte qu'on est fondé à invoquer ici la commodité métrique ou du moins la tyrannie d'un cliché ;
contra en fonction de préposition ne se trouve pas chez certains auteurs : Térence (11 adv.), Lucilius (3 adv.) ; il est rare chez Plaute (4 prép. contre 48 adv.) ; plus fréquent chez Varron (27 contre 96), Tacite (38 contre 95) ; rare aussi chez les poètes : Lu- crèce (12 contre 50), Virgile (20 contre 56), Horace (3 contre 10), Stace (12 contre 36) ; très employé au contraire par César (55 ex. de prép. contre 7 d'adv.), Cicéron (970 ex.), Pline l'Ancien (820 ex.), le Digeste (830 ex,), la Vulgate (820 ex. contre un seul d'adv.) ; on le trouve dans cet emploi souvent postposé à un pronom relatif : Cic, Verr. II, 24 ; VI, 153 ; Pro Mur. 9 ; In Vatin. 18 ; Orat. 34 ; Acad. Il, 47; Virg., Aen. XII, 279; Sén., Herc. f. 217; Ep. ad Luc. 82, 7 ; Pline, Ep. I, 23, 3... ; à un adjectif-pronom : Lucr. IV, 471 : hune igitur contra; IV, 484 : eos contra; V, 708 : eum contra ; Cic, De fin., V, 22 : hos contra ; à un pronom personnel : Ov,, Pont. Il, 1, 51 : te contra; Val. FI, V, 216 : meque uenit contra ; Vitr. X, 15, 2 : se contra ; employé avec un nom, il est communément postposé chez les poètes :
Lucr. VI, 715 : ostia contra. Virg., Aen. I, 13 : Italiam contra.
54 MOTS PRÉPOSITIONNELS
Virg., Aen. V, 414 : magnum Alciden contra. Ov., Met. XIV, 17 : Messenia moenia contra.
— avec disjonction :
Lucr. IV, 471 : hune igitur contra.
Virg., Aen. V, 370 : Solus qui Paridem solitus contendere contra.
— XI, 504 : Sclaque Tyrrhenos équités ire obuia contra.
— une seule fois, semble-t-il, en prose :
Tac, Ann. III, 1,1: litora Calabriae contra sitam.
aduersus [sum) est employé en fonction d'adverbe chez Plaute, rarement par la suite ; en fonction de préposition, il est usité depuis Plaute jusqu'à la fin de la latinité, mais presque uniquement chez les prosateurs (2 ex. chez Lucrèce, 2 chez Horace, 1 chez Ovide, Tibullo, Propcrce, Sénèque, aucun chez Virgile, Lucain, Perse, Stace, Juvénal, Martial). On le trouve surtout postposé à un ré- gime pronominal :
PI., Amph. 750 : le aduorsus ; Persa 200 : med aduorsum ; cf. Aul. 690. Bacch. 127, 698 ; Poen. 400 ; Térence, Ph. 427 ; Hor., Ep. I, 1, 75 ; Nép., Con. 2, 2 ; Timoth. 4, 3.
coram n'apparaît comme préposition qu'à partir de la Lex repe- tundarum [coram eo), puis chez Cicéron (4 ex. sur 103), Salluste (1 sur 3) ; de plus en plus fréquemment ensuite : Horace (3 ex. sur 7), Ovide (9 sur 12), Tite-Live (21 sur 32), Suétone (12 sur 18), Tacite (17 sur 35), Pline (6 sur 8), Apulée (15 sur 18), les Sénèque constamment. La Vulgate n'a que 2 exemples de l'adverbe contre près de 600 de la préposition.
En fonction de préposition, coram est assez souvent postposé à des formes de pronominaux :
Hor., Sat. I, 4, 95 : te coram Ov., Her. 11, 91 : me coram Mort. VII, 92, 5 : te coram — X, 15, 10 : me coram Tac, Ann. I, 19, 3 : seque coram
— I, 75, 1 : eo coram.
— à des compléments nominaux plus rarement :
N<'pns, Epam. 4, 2 : At ille Diomedonti coram
Tib. I, 2, 21 : uiro coram
Ov., Her. VIII, 59 ; Hermione coram
POSTPOSITIOX 55
Sén., Herc. f. 1264 : genitore coram.
— mais avec une particulière fréquence chez Tacite :
Ann. III, 14, 2 : ipso Germanico coram
— III, 24, 7 : patribus coram — • III, 49, 2 : Vitellia coram
— IV, 8, 10 : diisque et patria coram
— XI, 2, 1 : Messalina coram
— XIII, 32, 3 : propinquis coram
— XIII, 38, 4 : totis exercitibus coram
— XV, 24, 6 : legionibus coram
— XV, 61, 4 : Poppaea et Tigellino coram.
Ce qui n'empêche qu'on le trouve antéposé même à un relatif :
Hor., Sat. I, 4, 74 : non vibiuis coramue quibuslibet Tac, Dial. 28, 5 : coram qua.
erga chez Plaute est le plus souvent postposé à son régime :
Trin. 1128 : si qnid amicum erga bene feci.
— • surtout si le régime est un pronom personnel :
Capt. 245 : par mei te erga bonitatem patris,
— 416 : quae med erga multa fecisti bene. Epid. 391 : quid fdius | Meus deliquisset med erga. Asin. 20 : si quid med erga hodie falsum dixeris.
Même construction chez Térence :
Heaut. 189 : Timet... patris iram et animum amicae se erga ut sit suae. — 265 : Nam et uitast eadem et animus te erga idem ac fuit.
Les deux constructions alternent dans cet exemple de Pacuvius : Trag. 248 : Pariter te esse erga illum uideo ut illum ted erga.
A partir de Cicéron, l'antéposition devient à peu près constante. ergo est postposé sans exception, ainsi par trois fois dans la vieille prière rapportée par Caton :
De agr. 141 : fundi terrae agrique mei lustrandi lustrique faciendi ergo... eiusque rei ergo... eiusque rei ergo macte... esto.
De même, tenus est régulièrement postposé à son régime-^, cons-
1. Cf. E. Wôlfilin, « Tenus « [et '< fine »] : Arch. /. lai. Lex. und Gr., t. I, 1884, p. 415-426, Priscien dit de tenus (II, 32, 17) : « raro praeponitur a,
56 MOTS PRÉPOSITIONNtLS
truit soit à Tablai if (Cic, ProDei. : Tauro tenus ; Ov., Met. VI, 259 : pennis tenus), soit au génitif (Cael. ap. Cic, Ep. ad fam., VIII, 1, 2 : Cumarum tenus ; Cat. 64, 18 : nutricum tenus ; Lucr. I, 940 : lahro- rum tenus ; Virg., Aen. X, 210 : laterum tenus), soit à l'accusatif (Val. FI. 1, 538 : Tanain tenus). On ne le trouve antéposé qu'à par- tir du IV® siècle.
pênes est souvent construit en post position, surtout après un relatif (PI., Trin. 822 ; Truc. 25, 858 ; Poen. 1188 ; Amph. 652), ou après un pronominal, dans ce cas souvent avec disjonction (PI., Trin. 1145 : me esse pênes ; Aul. 654 : ncque tui me quicquaïn inue- nisti pênes ; Ter., Hec. 535 : quac te est pênes), mais se trouve aussi, et déjà chez Plaute, antéposé même à un pronominal :
Truc. 901 : nrius quam pênes sese habeat
Trin. 733 : quom eius rem pênes me habe':im domi
Capt. 234 : id ubi inm pênes sese hiibent
Cic, Verr. III, 73, 171 : pênes istuni
Ces., B. G. VII, 21, 3 : pênes eos
Vell. Pat. II, 63, 1 : pênes eum
T.-Live III, 53, 10 : pênes nos
Tac, Ann. I, 44, 5 : pênes eosdem.
— ou à un pronom relatif : pênes quem (César, B. C. I, 76, 4 ; Cic, Ep. eut fam. IV, 7, 7 ; Quint. IX, 3, 89), pênes quos (Cic, Brut. 74, 258 ; Orat. 41, 142 ; Tile-Live II, 24, 2) ;
— à plus forte raison à uti substantif :
Sali., Jug. 17, 7 : pênes auctores
— 31, 16 : pênes optimos, non audacissimos Cic, Pro Mil. 22, 60 : pênes accusotorem cum fuissent, ab eo ipso accu- sa tore producti suJit. Tac, Hist. I, 57, 3 : pênes rem publicam — Agr. 15, 5 : pênes miseras.
causa et gratia sont à peine des mots prépositionnels ; ils se cons- truisent comme des substantifs normalement postposés à leur ap- partenant syntaxique.
De l'antéposition de causa, on cite comme une curiosité l'exemple d'Ennius :
Ann. 319 : Piastros dentefabres capsit causa poliendi Agri.
INTERPOSITION 57
Douteux est l'exemple de Térence :
Eun. 202 : Et quicquid huius feci, causa uirginis Feci. (constr. possible : qq. huius feci causa, uirginis (causa) feci).
Dans la phrase de Cicéron :
De am. 16, 57 : Quam multa enim, quae nostra causa numquam face- remus, facimus causa amicorum.
on peut invoquer le désir de varier la construction par un chiasme à la suite de nostra causa.
De gratia antéposé, on ne cite d'exemples qu'à partir de Quin- tilien :
IX, 4, 58 : uarietas fréquenter gratia compositionis ascita. VIII, prooem. 18 : idque faciunt gratia decoris.
VIII, 62 : quosdam gratia significationis, quosdam decîjris assumi.
IX, 4, 144 : idoneum uerbum permittemus gratia lenitatis.
Interposition
"Il convient de traiter à part un cas où la langue s'est trouvée dis- pensée de choisir entre Tant éposit ion et la post position : c'est celui où, le régime étant composé de plusieurs éléments, l'élément pré- positionnel s'insère entre les éléments composants.
Deux dispositions peuvent se présenter :
1) Le régime est comiposé de termes coordonnés. Dans ce cas, l'insertion de l'élément prépositionnel semble étrangère à la prose classique. Aucun exemple chez Varron, Salluste, Cicéron, Corné- lius Népos. On en trouve deux chez César, mais il s'agit de la pré- position inter, qui semble prédestinée à cette construction (cf. ci- après, p. 58).
La construction apparaît d'abord chez les poètes :
Lucilius 390 (Marxi : fluctihus a uentisque aduersis.
Nombreux exemples chez Lucrèce :
II, 802 : ceruices circum collumque
VI, 1210 : manihus sine nonnulii pedibusque manebant.
IV, 1026 : ... lacum propter si ac dolia curta
Somno deuincti credunt se extollere uestera.
58 MOTS PRÉPOSITIONNELS
III, 353 : manifestas res contra uerasque VI, 1160 : noctem per saepe diemque.
puis chez les poètes de l'Empire :
Virg., Georg. III, 276 : saxa per et scopulos
— Aen. V, 663 : transtra per et remos Stace, Silu. I, 3, 60 : tecta per et postes.
A partir de Tite-Live, la construclion se répand chez les prosa- teurs :
Tac., Ann. IV, 5, 1 : Misenum apud et Rauennam.
Cette construction est particulièrcmenl fréquente avec inter, comme si le sens même de cette préposition la prédisposait à Vinter- calaison :
Ces., B. G., VI, 36, 2 : quas inter et castra
— B. C. lll, 6, 3 : saxa inter et alla loca Hor., Epist. I, 4, 12 : timorés inter et iras Virg., Aen. IV, 256 : terras inter caelumque T.-Live XXII, 3, 3 : Faesulas inter Arretiumque Tac, Ann. IV, 55, 7 : Sardianos inter Zmyrnaeosque
— IV, 59, 2 : mare Amuclanum inter Fundanosque montes
— IV, 69, 3 : tectum inter et laquearia. Sén., Tro. 1174 : gladios inter ac tela.
2) L'insertion est particulièrement fréquente entre les éléments d'un régime constitué par la réunion d'un déterminé et d'un dé- terminant.
Si le déterminé précède ^, l'insertion de la préposition ne se trouve que dans des textes en vers :
C. 1. L. P, 11 : Magna sapientia multasque uirtutes
Aetate quom parua posidet hoc saxsum.
Enn., Ann. 187 : arbusta per alta ; 380 : aetate in agunda ; 624 : crateris ex aurotis ; 562 : Hellesponto... in alto; Scen. 303 : nocte in obscura ; 412 : are in ardente.
Névius fr. 8 : lacrimis cum multis.
PI., Ps. 174 : uiris cum summis ; As. 187 : damno cum magno ;
1. On trouvera un grand nombre d'exemples de cette construction commentés dans un article dont je n'ai eu connaissance qu'après l'impression de ce chapitre : G. Bendz, La cons- truction du type « rébus in arduis » : Eranos, t. XL VI, 1948, p. 42-53.
INTERPOSITION 59
130 : malo cum tuo ; Ep. 516 : flagitio cum maiore ; Men. 839 : aetate in sua \ St. \o : ciuibus ex omnibus ; Ps. 193 : lenone ex Ballione.
Lu cil. 699 : re in secunda.
Cat. 7, 5 : Oraculum /ouïs inter aesiuosi. — - 68^, 109 : Pheneum prope Cylleneum.
Lucr. I, 26 : tempore in omni ; I, 170 : oras in luminis ; IV, 310 : oculis in eorum ; III, 776 : conubia ad Veneris ; III, 1088 : tempore de mortis ; I, 283 : montibus ex aZii's ; IV, 1024 : fontem propter amoenum ; I, 158 : opéra sine diuom ; VI, 207 : umore sine u/^o (ce dernier type fréquent en fin d'hexamètre).
Virg., Bue. 6, 54 : ih'ce sub nigra.
Hor., Epod. 17, 2 : régna per Proserpinae ; Sut. I, 3, 60 : cum genus hoc inter ui'^ae uersemur.
La construction semble étrangère à la prose classique, au point que l'auteur de la Rhétorique à Hérennius (IV, 32, 44) cite comme un exemple de « peruersio » la phrase :
Hoc uobis deos immortales arbitrer dédisse uirtute pro uestra.
Elle n'apparaîtra chez les prosateurs qu'à partir de l'époque impériale :
T.-Live XXVI, 46, 2 : parte in alia; IX, 37, 11 : metuque in mxigno ; XXXI, 24, 5 : dies ante paucos.
Tac, Ann. III, 10, 4 : iudice ab uno ; III, 72, 2 : ornatumad urbis ; VI, 31, 4 : ripam apud Euphratis ; IV, 43, 5 : montera apud Erycum.
Quint. IV, 2, 32 : parte in una ; Florus III, 17, 5 : urbe in una.
L'élément disjonctif peut comprendre d'autres termes que la préposition :
Enn., Ann. 378 : Hellesponto pontem contendit in alto.
PL, Ep. 681 : oculis concessi tuis.
— Per. 609 : ut rem esse in nostram putas.
Lucr. VI, 515 : igni \ Cera super caZic^o tabescens.
Virg., Aen. IX, 680 : ^i/iesim seu propter amoenum.
— XII, 638 : uidi oculos ante ipse meos.
Hor., Sat. II, 2, 32-3 : amnis \ Ostia sub Tusci.
— II, 8, 42 : adfertur squillas inter muraena ruttantes.
Ov., Her. XIII, 115 : Quando erit ut lecto mecum bene iunctus in uno.
Chez Ovide, l'adjonction d'une forme de ipse à la préposition constitue un véritable cliché :
Amor. I, 7, 26 : Et ualui poenam fortis in ipse meam.
60
MOTS PREPOSITIONNELS
Pont. III, 3, 46 : Discipulo perii solus ab ipse meo. Her. IX, 96 : Fertilis et damnis diues ab ipsa suis.
— XII, 18 : Vt caderet cultii cultor ab ipse suo.
— III, 114 : Laiiguida laetitia soluar ab ipse mea. A. am. III, 668 : Mittor et indicio prodnr ab ipse meo. Ibis 404 : Vrbe Coron ides uidit ab ipse sua.
— 584 : Et laesus lingua Battus ab ipse sua.
Plus souvent, le déterminant précède. La construction est fré- quente à toutes les époques, mais surtout quand le déterminant est représenté par un pronom relatif (type fixé dans les locutions : quemadmodum, quamobrem, qua de re).
Les exemples les plus nombreux sont de de :
C. I. L., I, 201 : quibusqne de rébus ; César, B. G. II, 15, 3 : quorum de ruUura moribusque ; Cic., De inu. II, 153 : cuius de ui ; Ep. ad Au. XV, 3, 2 : cuius de oraliuncula ; 15, 23 : cuius de itinere ; Ep. ad fam. VI, 5, 1 : quorum de studio et de sua spe ; T.-Live, XXVI, 14, 9 : quorum de sen- tentia ; Quint. VII, 4, 33 : quorum de ultione ; Tac, Ann. XI, 5, 3 : cuius de potentia.
Autres prépositions :
Caton, De agr. 6 : quo in agro seri oportet ; 35, 2 : quo in agro seinen- tim... facere non potueris ; Cic, De fin. V, 26 : quam in optimo statu.
Caton, De agr. 136 : qua ex parte politori pars est ; 141 : quota ex parte.
Lucilius (Marx) 1327 : quis in uersamur, quis uiuimus rébus.
César, B. G., I, 28, 1 : quorum per fines ; Virg., Aen. VI, 692 : quanta per aequora uectum.
César, B. G., VI, 11, 3 : quorum ad arbitrium.
Cic, De sen. 6, 22 : quod propter studium.
La consiruclion est attestée aussi, avec toutes sortes de déter- minants, dès les plus anciens textes :
C. I. L., I, 206, 61 : certeis de causeis
— mais surtout, il est vrai, chez les poètes. Ennius en fait un fré- quent usage :
Enn., Ann. 51 : aegro cum corde meo ; 54 : tuo cum flumine ;11 : magna cum cura tum cupientes ; 86 : pictis e faucibus ; 201 : uolentibus cum magnis dis ; 338 : magrui cum re ; 540 : proprio cum pectore ; 381 : audaci cum pectore; 516 : campi per caerula... prata ; 444 : suo cum flamine ; 482 : tristi cum corde ; 555 : magnis de rébus ; 595 : uestro sine momine ; 260 : Naris ad undas ; Se. 102 : quantis cum aerumnis.
INTEnPOSITION 61
Elle apparaît chez Lucrèce comme un procédé de prédilection :
II, 202 : uacuum per inane ; IH, 792 : quauis in parte soleret ; V, 641 : gelidis a frigoris undis.
Elle est rare dans la langue familière ; Plante en fait peu usage, et Térence moins encore.
Elle sera rare aussi chez les prosateurs : Varron, Cicéron (plus fréquente dans les œuvres de jeunesse : le De inuentione à lui seul fournit près de la moitié des exemples cicéronier.s) :
Cic, De fin. V, 26 : quant in optimo statu ; Tac, Ann. XV, 60 : quartiim apud lapidem ; XII, 14, 6 : Arsacis de gente ; Hist. II, 52, 2 : aduerso de proelio ; Sén., Nat. Quaest. III, 1, 1 : Siculis de fontibus (citation d'un poème de Lucilius).
On notera une hésitation chez l'auteur de la Rhétorique à Héren- nius :
II, 27, 43 : ne de alia re dicetur, cum alla de re controuersia est.
Avec la préposition se trouve parfois inséré un corps étranger, de préférence une particule :
C. I. L. 1, 198, 6 : quoiaue in fide.
— I, 34 ; 37 ; 42 : 202 ; II, 5, 27 : quam in quisque decuriam. Cic, Ep. ad fam. V, 2, 6 : si qua ego in re... restiterim.
Il est plus rare que soient intercalés des termes essentiels de la phrase. Cette disposition se rencontre à peine dans la langue com- mune :
PI., Vidul. 90 : quam ad redditurum te mihi dicis diem.
Elle appartient presque exclusivement aux poèies :
Enn., Sat, 65 : marinas propter odstabat plagas.
fréquente en particulier chez Lucrèce :
I, 719 : lonium glaucis aspargit uirus ab undis. 1, 1029 : multds etiam magnos seruata per annos. I, 419 : natura duabus \ Constitit in rébus. I, 305 : fluctifrago suspensae in litore uestes.
I, 717 : insula quem triquetris terrarum gessit in oris.
III, 17 : totum uideo per irmne geri res.
II, 731 : ne forte haec albis ex alba rearis
Principiis esse.
III, 10 : tuisqne ex, inclute, chartis.
62 MOTS PRÉPOSITIONNELS
IV, 829 : ualidis ex apta lacertis.
V, 222 : saeuis proiectus ab undis.
V, 16 : cum tamen his posset sine rébus... mai» ère. V, 939 : glandijeras inter curabant corpora quercus. V, 501 : aerias super influit auras. V, 703 : certa de surgere parte.
V, 869 : suo sine pabula parta labore.
VI, 204 : hac etiam fît uti de causa.
VI, 1202 : multus capitis cum saepe dolore.
VI, 574 : recipit prolapsa suas iu pondéra sedes (var. : pondère).
Cette consiruclioii était appelée à se développer à mesure que l'emploi de la disjonction des éléments d'un groupe nominal se gé- néralisait comme procédé expressif (cf. L'ordre des mots, t. I, p. 233) :
Phèdre 83, 3 : (cum) artos circum trepidaret canes.
Catulle 64, 101 : saeuum cupiens contra contendere monstru m .
Tibulle II, 5, 66 : iactauit fusas et caput ante cornai.
— IV, 14, 3 : non haec sunt nostro sine facta dolore. Prop. I, 18, 7 : felices inter numeral)ar amantes.
— IV, 8, 31 : Tarpeios est inter Teia lucos. Virg., Bue. 6, 19 : iniciunt ipsis ex uincula sertis.
— 9, 36 : argutos ii^ter strepere anser olores.
— Georg. I, 345 : nouas circum felix eat hostia fruges. Hor., Sat. I, 2, 40 : dura inter saepe pericula.
— II, 4, 84 : Tyrias dare circum inluta toralia uestes.
— I, 10, 91 : discipularum inter iubeo plorare cathedras. Ov., Pont. I, 2, 148 : lure uenit cultos ad sibi quisque deos.
— IV, 10, 2 : litore pellitos inter agenda Gelas.
— Her. IV, 117 : securigeras inter uirtute puellas.
— Am. II, 11, 3 : concurrentis inter temeraria cautes.
— III, 6, 63 : Tu centum aut plures inter dominabere nymphas.
— Met. XV, 864 : Vestaque Caesareos inter sacrata pénates. Aetna 324 : Densa per ardentes exercet corpora uires. Stace, Silu. II, 1, 64 : ipsos reuocabit ad oscula postes.
— Theb., V, 47 : hos ad uenias... labores.
Chez certains poètes artificiels de second ordre, l'insertion prend parfois des aspects insolites qui vont jusqu'à rendre obscure la construction syntaxique :
Pan. Mess. 114 : ... celerem super edere corpus Gaudet equum.
CONCLUSION 63
Pan. Mess. 185 : horrea fecundas ad deficientia messes. Eleg. Maec. I, 12 : Caesaris et similem propter in arma fidem.
Le procédé prête à l'affectation chez certaijis poètes de basse époque : on en relève près de 30 exemples dans les 483 vers de la Moselle d'Ausone, soit approximativement 1 exemple tous les 16 vers.
D'une façon générale, la disjonction offrait l'avantage, pour les écrivains soucieux d'expressivité, de réaliser une mise en relief du déterminant, si bien qu'elle est particulièrement fréquente quand le déterminant est par lui-même un mot de valeur ; ainsi un adjec- tif exprimant la grandeur, la petitesse, la quantité, la nullité :
Enn., Ann. 77 : magna cum cura ; 555 : magnis de rébus ; PI., Persa 54 : magna cum cura ; 661 : pauca in uerba ; Men. 56 : uno. . . in loco ; Lucr. II, 1099 : omnibus inue locis ; VI, 694 : magna ex parti ; III, 17 : totum uideo per inane geri res ; 594 toto solui de cor pore ; Ter., Hec. 667 : neutra in re ; And. 425 : nullane in re.
— un adverbe augmentatif :
PI., Rud. 1147 : tam in angustum... locum : Ter., Ad. 274 : tam ob par- uolam \ Rem ; Cic, De sign. 44, 96 : nequaquam ex tam ampla neque tam ex nobili ciuitate.
— souvent un superlatif :
PI., Amph. 244 : maxumo j Cum clamore ; Cic, De inu. II, 25 : quietis- simam ad partem^.
Co
NCLUSION
La construction de la préposition porte à première vue la marque de l'incohérence et du caprice ; toutes les possibilités semblent réalisées : antéposition obligatoire {ab, sub, clam...), postposition obligatoire (ergo), postposition sous coiidition (cas de nobiscum), insertion entre déterminant et déterminé dans l'un et l'autre ordre {gente de magna, magna de gente), rattachement immédiat au ré- gime, mais disjonction admise dans certains cas (per dans les adju-
1. M. Bendz, dans l'article ci-dessus mentionné fp. 58, note), croit pouvoir établir que la mise en relief est également réalisée avec l'ordre inverse, en faveur de l'adjectif postposé. Il y aurait là une infraction à la règle que j'ai cru pouvoir établir dans mon Ordre des mots, t. T, p. 106 ss. L'illusion vient, selon moi, de ce que M. Bendz retient surtout des exemples d'adjectifs qui sont par eux-mêmes intensifs, indépendamment de leur position : ipse, om- nis, ullué, imus, ullimus, extremus, altus, summus.
64 MOTS PRÉPOSITIONNELS
rations)... Tout ceci, semble-t-il, sans que d'ordinaire ni le sens ni l'expressivité soit en jeu.
La raison en est apparemment que la préposition constitue une catégorie disparate, réceptacle de termes de toute origine : adver- biale [clam, coram), nominale (ergo, circum), verbo-nominale (aduer- sus, secundum), et de toute date, depuis les particules d'origine indo-européenne {ab, in) jusqu'aux formations que nous voyons naître à date historique [gratia, fine).
La construction de chaque préposition reste un temps fonction de son origine ; mais les formations nouvelles subissent l'influence des plus anciennement constituées et s'assimilent peu à peu leur construction. Or, à l'origine, la préposition est un élément adver- bial quasi autonome, propre à souligner le rapport que la langue, dans l'état indo-européen, exprime par la flexion nominale. Avec la réduction croissante de la syntaxe flexionnelle, elle tend à acca- parer l'expression de ce rapport et à se trouver liée au terme régi tant par la construction que par le sens. De bonne heure, nous la voyons attachée immédiatement à son régime, et les exemples de disjonction se présentent comme une survivance (cas de per dans les adjurations). De bonne heure aussi, elle tend à être antéposée à son régime ; les exemples de postposition font figure d'exception (cas de cum) et ne se présentent d'ordinaire que dans certains types de phrase déterminés (postposition à un relatif ou adjectif-pronom) ou à la faveur de certaine qualité de l'énoncé (formules de la langue juridique ou administrative) ; en outre, une postposition déguisée se maintient dans le cas d'insertion entre les éléments constitutifs du régime (magna ex parte). Il est possible enfin que le maintien de la postposition soit encouragé par l'analogie avec les prépositions d'origine récente, qui vis-à-vis de leur régime font fonction d'un déterminant postposé à son déterminé [lahoris ergo). Enfin, il est certain qu'à partir de l'Empire, et surtout chez les poètes, se fait jour une tendance à prolonger ou à faire revivre un état de choses ancien.
Faut -il admettre qu'aient joué, en outre, dans certains cas, des considérations de sens ou d'expressivité? On pourrait le croire pour quelques exemples de postposition à distance, où il semblerait que le régime soit mis en relief (p. 51-52), et surtout dans le cas d'inser- tion de la préposition entre un déterminant et son déterminé (p. 62). Mais les exemples ne sont pas tous réellement probants
CONCLUSION 65
(cf., par exemple, p. 52) ; peut-être n'y a-t-il là qu'utilisation après coup d'une particularité de construction qui trouve ailleurs son explication.
Cette explication doit être cherchée, comme il a été dit chemin faisant, d'abord dans la structure disparate du matériel lexicogra- phique qu'on range dans la catégorie des prépositions, puis dans la tendance de la langue à unifier progressivement des constructions diverses à l'origine, enfin dans l'influence conservatrice de certains tours de phrase ou types d'énoncé, et surtout dans l'action des poètes ou des prosateurs tardifs, enclins à assurer la survivance de constructions désuètes. De ces actions concurrentes ou contradic- toires résulte un état de choses quelque peu incohérent ; nouvel exemple des conflits qui président à l'élaboration du latin littéraire.
CHAPITRE III ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
Les mots non autonomes sont soumis en indo-européen à une construction particulière : ils tendent à occuper dans la phrase la place seconde.
Cette loi a été énoncée par J. Wackernagel [Ueher ein Gesetz der indogermanischen Wortstellung, Indog. Forsch, 1/1892, p. 333- 436) pour les enclitiques, mais A. Meillet a montré [La phrase nominale pure..., Mém. de la Soc. de ling., XIV, p. 21 ss.) que « la présence ou l'absence de ton n'est pour rien dans la place des mots en question » et que seule leur qualité de mots accessoires de la phrase est à considérer. Ainsi formulée, la loi trouve son applica- tion assez rigoureuse en indo-iranien et en grec ancien ; elle a laissé des traces nombreuses en latin (cf. iV. Meillet -J. Vendryes, Traité de grammaire comparée des langues classiques, 2^ éd., par. 851)1.
*
La règle de la place seconde a été souvent invoquée pour expli- quer la place du verbe « être », considéré soit comme enclitique, soit comme accessoire.
Le point de départ de cette interprétation semble être une obser- vation de 0. Seyfîert (édition de Cicéron, Laelius, 2^ éd., Leipzig, 1876, p. 441), à laquelle J. Wackernagel a fait un sort (article cité,
1. La nécessité d'enquêtes méthodiques sur le traitoment des accessoires en latin a été plusieurs fois signeJée (cf., par exemple, Fr. Léo, Gôtting. Gel. Anz., 1897, p. 956 ; E. Nor- den, édition du chant VI de V Enéide, Anhang III, 3, p. 402) ; les seules études, peu systéma- tiques, qui aient été consacrées à la question sont celles de H. Ottenjahn, De uocum encliticarum apud Plaulum collocalione, Diss. Munster, 1910, et de E. Schuenke, De traiec- tione coniunctionum et pronominis laiini apud poetas roinanos, Diss. Kiel, 1905. Un maté- riel d'exemples, sans interprétation, figure dans l'ouvrage ancien de F, Hand, TurseUinus, siue de particulis latinis commentarii, Leipzig, 1832, 4 vol.
68 ACCESSOIRES ET CON.IONCTIFS
p, 407-408), suivi par J. Wolff [De clausulis Ciceronianis : Neue Jahrb. /. Phil. ^^ Paed., t. XXVI, p. 673) et par de nombreux phi- lologues allemands, malgré raverlissement de A. Meillet (article cité, p. 23), que les formes du verbe « être » n'ont « jamais pris d'ime manière systématique la place des mots accessoires ».
J'ai tenté ailleurs [La phrase à verbe « être » en latin, en particu- lier p. 272-275) d'établir- que la place de la copule est fonction du terme avec lequel elle est en relation syntaxique directe, à savoir l'attribut, et que, si elle occupe fréquemment la seconde place dans la phrase, c'est que l'attribut, auquel elle est normalement postpo- sée, occupe assez naturellement la première ; ainsi dans cette série d'exemples empruntés à Tércnce, Adelphes :
125 : pater esse disce ; 129 : curae est mihi ; 188 : leno sum, fateor ; 252 : laetus est \ De arnica ; 265 : ubi est ille? 659 : priorem esse illum...
Mais les exemples abondent aussi où la copule est différée ; ainsi dans la même pièce :
175 : quid hoc rei est? 622 : quid istuc, obsecro, inquam, est? 181 : si molestus pergis esse ; 94 : si conferendum exemplum est ; 771 : exemple omnibus | Gurarem ut esses...
La mobilité de la copule est extrême ; on dit indifféremment :
PI., Epid. 350 : quid istuc est uerbi? [ Pseud. 608 : quid istuc uerbi est?
Ter., Ad. 175 : quid hoc rei est? j 044 : quid istic est rei?
Ibid. 949 : agelli est hic... paullum. | 671 : auctor his rébus quis est?
Un bon exemple de cette mobilité nous est fourni justement par une des phrases qu'allègue Seyffcrt pour fonder sa règle :
Cic, De amie. 17 : Nam et praeclara uisa res est, et sumus, ut dixit Fannius, otiosi. Sed quis ego sum? Aut quae est in me facultas?
Il est piquant de constater que, précisément dans des cas où la copule se trouve en seconde place, elle fait fonction de mot impor- tant, avec le sens de « être vraiment » ; ainsi dans ces quelques exemples, choisis entre beaucoup, où, l'attribut et le sujet étant communs à deux propositions parallèles, il ne s'agit que de confir- mer ou de contester la relation exprimée par le verbe :
Ter., Heaut. 1016 : Egon confitear meum non esse fdium, qui sit meus ! — Hec. 687-99 : Tempus dixi esse... — Non est nunc tempus. PI., Riid. 883 : Hospes ! — Non sum h^spes.
ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS 69
Une situation presque analogue est celle du pronom personnel. On ne saurait dire globalement que les formes du pronom personnel ont valeur d'accessoires et sont prédestinées à la seconde place. Ici encore, j'ai montré dans un ouvrage antérieur {Place du pronom personnel sujet, Paris, Champion, 1907) que la place du pronom sujet est déterminée en fonction de son appartenant syntaxique, à savoir le verbe : le pronom précède normalement dans les phrases de type banal, et obligatoirement lorsqu'il a une valeur empha- tique :
Ter., Eun. 159 : Ego excludor, ille recipitur.
S'il est postposé à son verbe, et par voie de conséquence assez normalement en seconde place, c'est que le verbe réclame la pre- mière, du fait qu'il doit être mis en relief :
PI., Epid. 668 : Dico ego tibi iam, ut sci-'.s !
Il n'y a pas de conclusion à en tirer relativement à la qualité d'accessoire.
Aux cas obliques, les formes du pronom personnel ont une ten- dance à occuper la place des mots accessoires. Cette cons- truction, attestée par des survivances de formules telles que : ob uos sacro, per te deos oro..., peul être illustrée par d'innombrables exemples de toute époque :
C /. L. P 10, 6 : Lubens te in gremio, Scipio, recipit terra.
Cic, De sen. 11, 38 : Septimus mihi liber Originum est in manibus.
Souvent le pronom personnel se groupe avec d'autres mots accessoires du type démonstratif, possessif, conjonctif :
PI., Bacck. 989 : Quid me tibi adesse opus est? — Truc. 846 : Filium istinc tuom te meliust repetere. Cic, Ep. ad Ait. II, 19, 5 : Caesar me sihi uel'.et esse iegatum. Hor., Ep. I, 1, 15 : Quo me cumque rapit tempestas.
Mais ici encore les faits latins sont complexes ; en particulier, il faut tenir compte de ce que le pronom personnel joue souvent un rôle essentiel dans l'énoncé et prend la valeur d'un mot autonome, non seulement lorsqu'il est mis en relief à l'initiale :
Virg., Aen. IX, 427 : Me, me, adsum qui feci ; in me çonuertite ferrura.
70 ACCESSOIIIES ET C()^JO!^!CTIFS
— mais même lorsqu'en apparence il se groupe avec des mots accessoires :
Luc, Phars. V, 357 : lam carte mihi bella geram ; discedite castris.
= c'est pour mon compte que je ferai la guerre.
*
La qualité de mots accessoires appartient plus nettement aux particules rangées habituellement sous le nom de conjonctions, du type copulatif [-que, et), adversatif [autem, sed), explicatif [enim, nam), assévératif [quidem), conclusif [igitur), et aux subordonnants.
Le traitement de ces mots conjonctionnels apparaît au cours de l'histoire du latin caractérisé par deux tendances contradictoires : l'une à maintenir strictement l'application de la loi pour certains termes [autem, quidem), et même à l'étendre à des mots nouvelle- ment déchus de leur autonomie [namque, etenim) ; l'autre à inter- préter largement l'obligation en faisant reculer les termes intéres- sés jusque dans l'intérieur de la phrase, ou à la négliger totalement, en laissant, par exemple, les relatifs et subordonnants prendre la place initiale.
CoPULATIVES ET DISJONCTIVES
-que [-ue), et. atque, nec, aut, uel, seu.
Les particules enclitiques -que et -ue, employées pour marquer une liaison étroite entre deux membres, sont celles dont la localisa- tion à la place seconde est le plus anciennement attestée-^. On les trouve même intercalées entre les éléments d'un complexe, de façon à réaliser une tmèse :
Lucil. 997 : data deque -dicata.
Lucr. I, 318 : salutantum... praeterçwe -meaiitum.
— VI, 233 : conlaxat rareque -facit. Virg., Aen. X, 794 : inutilis inque -ligatus^.
1. Cf. W. Merten, De parlicularum copulatwarum apud veteres Romanorum scriptores usu : Diss. Marburg, 1893 ; H. Ottenjahn, De vocum encliticarum apud Plauium collocadone : Diss. Miinster, 1910; L. ICienzle, Die Kopulativpartikeln et que âtque bei Tacitus, Plinius, Seneca : Diss. Tilbingen, 1906 ; J. H. Gillis, The coordinating particles in saints Hilary, Jérôme, Ambrose and Augustine : Cath. Univ. of America, 1938,
% D'autres exemples ci-dessous, p. 151,
COl'ULATIVES LT DISJONCTIVKS 71
A plus forte raison peuvent-elles s'insérer entre les éléments d'un groupe moins compact ; ainsi entre les adverbes tam, quam, et le mot qu'ils déterminent :
PI., Alil. 498 : facinus tantum tauique iiidignum.
Cic, Ad, Att. XIV, 12, 1 : tam claram taraçue testatam rem tamque
iustam.
— De fin. III, 28 : tanti philosophi tamque nobilis.
— II, 42 : tam parce Varaque restricte.
— • De nat. d. \, i : tam uariae... tamgue discrepantes sententiae.
— II, 158 : tam fida custodia tamçue amans.
— II, 4 : tam apertum tamçue perspicuum.
Nép. Aie. : tantam... dissimilitudiiiem tamçue diuersam naturam. T.-Live XXXVI, 20, 4 : in tantis tamçue recentibus beneficiis. Ov., Pont. I, 2, 83-4 : Dant illis animos arcus plenaeque pharetrae
Quamçue libet longis cursibus aptus equus.
Cependant, on trouve dans les mêmes conditions l'enclitique postposée aux deux termes du groupe, considérés comme consti- tuant une unité verbale :
Gic, Tusc. V, 72 : tôt tam uariisque iiirtutibus.
— De orat. III, 13 : propter tôt tantes tam praecipitesque casus.
— III, 124 : tanto tam immensoque campo.
— Pro Flacco 5 : tôt tam grauesque prouinciae.
— • Ep. ad fam. III, 9, 4 : quam honorificentissime quam primumque
deceniatur. — XIII, 11, 2 : quam commodissime... quam primumque
conficiatur.
— Ad Quint, fr. II, 5, 4 : ut ualeas quam primumque uenias.
— Ad Att. I, 8, 2 : quam plurima quam primumque mittas.
— Brut. 7, 26 : cum eloquentiae studio sit incensa iam diuque excellât
in ea.
Est de même considéré parfois comme indissociable le groupe formé par la négation et le mot qu'elle détermine ^ :
Cic, De fin. V, 9, 26 : ut iam iiceat una compréhensions omnia com- plecti non dubitantemque dicere omnem naturem esse conseruatricem sui.
Suét., Cl. 44, 1 : Non multoque post testamentum etiam conscrip- sit...
1. Disposition rare, du fait que le plus souvent le tour de phrase appelle l'emploi de neque.
72 ACCESSOIRES V.T CONJO^CTIFS
De même encore, certains groupes nominaux consacrés par l'usage, comme aequo animo (cf. le substantif aequanimitas) :
Lucr. III, 939 : Cur non ut plenus uitae conuiua recedis
Aequo animogue capis securam, stulte, quietem? • — III, 962 : Nunc aliéna tua tamen aetate omnia mitte Aequo animoçue... concède.
— certaines locutions composées à l'aide du mot res"^ :
Lucr. II, 48 : Re ueraçue metus hominum curaeque sequaces Nec metuunt sonitus armorum. — II, 1050 : ... Vti docui res ipsague per se Vociféra tur. Cic, Tusc. IV, 38, 83 : Vna sanatio est omnis opinabilis esse etuolunta-
rios ea regwe suscipi quod ita rectum esse uideatur.
— à l'aide de ipse joint à un pronom personnel :
Lucr. III, 662 : (cernes) Volnere tortari et terram conspergere tabo Ipsani seque rétro partem petere ore priorem.
La préposition est traitée comme inséparable de son régime lors- qu'elle lui est postposée :
PI., Persa 117 : ... ïam heri narraui tibi Tecumque oraui ut...
— lorsqu'elle forme avec lui une locution consacrée par l'usage :
Cic, Brut. 62, 224 : peracutus et callidus cum primisgue ridiculus. Pline l'A. XII, 100, et XXV, 89 : in primisgue. Paul., Dig. XLV, 1, 76, 1 : in diemue^.
Dans les conditions d'emploi ordinaires, les deux constructions se rencontrent ; d'une part :
PI., Merc. 794 : cumçue amationibus. César, B. G. V, 36, 2 : vaque eam rem. Sali., Catil. 6, 1 : cumque eo^.
— et d'autre part :
Cic, Tusc. V, 67 : in rebusf/ue.
1. Les éléments composants de res publica peuvent être disjoints par que ; cf. Ed. Wôlfilin, Ausgew. Scliriften, 1933, p. 8.
2. Cf., en sens contraire : Ov., A. am. II, 154 : inque uicem.
3. L'intercalaison fait que la particule se trouve reportée à la place troisième dans Jjucr. II, 1999 : omnibus inue locis.
COPULATIVES ET DISJONCTIVES 73
Nép., Dat. 7, 1 : ad regemçue. T.-Live XXII, 17, 2 : ad imaçue.
Un examen comparatif de ces deux construdions a été fait ci- dessus, p. 37 et suiv.
Dans les cas qui précèdent, la particule est postposée à deux mots qui peuvent être considérés comme faisant corps l'un avec l'autre. Mais les poètes se permettent de reculer la particule jus- qu'à la troisième place, même lorsque cette considération ne joue pas. Le caractère artificiel de cette construction se marque par le fait qu'elle n'est pas universellement pratiquée. Les exemples en sont particulièrement nombreux chez Lucrèce, chez qui on peut songer à invoquer la commodité métrique, du fait qu'il est sans cesse en lutte avec les difficultés du vers :
IV, 272-3 : lanua cum per se transpectum praehet apertum
Multa facitque foris ex aedibus ut uirlea.ntuF.
V, 680 : Crescere itemque dies licet et tabescere r.octes.
VI, 955 : Morbida uisque simul cum extrinsecus insinuatur. II, 1099 : Omnibus inue locis esse omni tempore praesto.
La construction est fréquente dans le poème de Y Etna :
79 : Stygias uudasçue canentes. 172 : trépidant urbes^rue caducae. 489 : opes facilesgue sibi induit. 527 : eadem perçue omnia terra est. 597 : operum turbaegue minantur.
Le caractère artificiel de la construction est encore allesté par l'emploi quasi stéréotypé qu'en font les poètes élégiaques pour construire leur pentamètre, en accrochant la particule à un verbe (généralement de forme choriambique) placé devant un mot final iambique :
de facili composuitçue luto.
nostras respiceretçue uias.
effusum uentis praebueratçue sinum.
Messallam terra dum sequiturçwe mari.
ut hic uentis diripiturçue cinis.
in médias proripiarçue uias.
inofTensum rettuleritçue pedem. .. aura ta s disposuitçwe uias. .. sicco pertuleritjue sinu,
Tib. |
I, 1, 40 |
I, 3, 14 |
|
I, 3, 38 |
|
I, 3, 56 |
|
— |
I, 6, 54 |
I, 6, 72 |
|
I, 7, 62 |
|
II, 3, 54 |
|
II, 5, 70 |
74 ACCESSOIRES ET COIN JO.NCTIFS
Tib. II, 5, 72 : ... ut in terras deplueretçue lapis.
— I, 10, 54 : ... perfractas conqueriturçue fores.
— II, 5, 22 : ... ardentes respiceretçue deos.
— II, 5, 86 : ... magni deficiantçue lacus,
— ■ II, 6, 16 : ... extinctas aspiciamçue faces. Ov., Am. III, 13, 30 : ... ipsa sacerdotes coiisequitur</ue suas.
— Rem. am. 502 : ... in laqueos auceps décidera tçue suos.
— Trist. V, 7, 66 : ... a conteraplatu dimoueoçue mali.
— ^. ^. III, 676 : ... tam sero cur ueniatçue r» get.
Il arrive même que dans ce type de vers la conjonction soit reportée jusqu'à 1p quatrième place :
Prop. II, 20, 11-12 : ... Rurapam, mea uita, catenas,
Ferratam Danaes transiliamçue domum.
Par une liberté de construction plus étrange encore, on trouve la particule non seulement hors de la place seconde, mais encore atta- chée à un mot autre que celui qu'elle introduit :
Lucr. V, 1010 : Edere sunt persectantes uisaeque uolantes.
(constr. : uisae sunt edere persectantes uolantesque). Tib. I, 3, 56 : Messaliam terra dura sequiturque mari.
(constr. : dum Messaliam terra marique seqiiitur).
— II, 3, 38 : Hinc caedes mors propiorque uenit.
(hinc caedes morsque propior uenit).
Cette construction boiteuse est particulièrement fréquente chez Horace :
Ep. II, 3, 168 : Semper in adiunctis aeuoçue morabimur aptis. Sat. I, 6, 43 : ... si plostra ducenta
Concurrantgue foro tria funera magna.
— I, 6, 44 : cornua quod uincatçue tubas.
— II, 3, 130 : Insanum te omnes pueri clamentçue puellae.
— H, 3, 157 : Quid refert morbo an furtis pereamgue rapinis.
— II, 3, 182 : In cicere atque faba bona tu perdasgue lupinis.
— I, 4, 17 : ... Inopis me qno d que pus illi
Finxerunt animi.
— I, 4, 115 : ... uitatu quid que petitu ] Sit melius.
— II, 3, 139 : Non Pyladem ferro uiolare aususue sororem.
— II, 3, 180 : ... uter aedllis fueritue { Vestrum praetor.
— II, 3, 242 : ... in rapidum flumen iaceretue cloacam,
— II, 7, 64 : Non habitu mutatue loco...
COPULATIVF.S ET DISJONCTIVES 75
*
La conjonction et a gardé dans de nombreux cas sa valeur an- cienne d'adverbe, avec le sens de « même, aussi ». Dans cet emploi, elle sert assez souvent à introduire un pronom personnel ; ainsi dans le dialogue familier :
PI., Aul. 176 : Vale. [ Et tu, frater.
(cf. Bacch. 605, 1106 ; Asin. 171 ; Ter., Hec. 197 ; Heaut. 167, etc.). Cure. 687 : Leno, te uolo. [ Et ego te uolo.
(cf. Cure. 675 ; Men. 652, 1094, etc.).
La conjonction est dans ce cas souvent accompagnée d'une parti- cule de renforcement :
Mère. 1000 : Et quidem ego.
Baech. 78 : Et pal ego.
Cas. 594 : Et herele ego.
Cic, De leg. l, i : Et mehercule ego.
Il faut quelquefois un soin attentif (chez nous, l'artifice d'une ponctuation) pour distinguer ce et adverbial de la simple conjonc- tion de liaison :
Varr., R. R. I, 41, 4 : Ea quae laxiora, et fecundiora sunt. Sén., De ira, H, 11, 4 : Quidquid terret, et trépidât.
Sénèque joue subtilement de cet emploi dans une phrase qui a été souvent mal interprétée :
Ep. ad Luc. 45, 13 : in alium diem hanc litem cum dialecticis differam
nimium subtilibus et hoc solum curantibus, non et hoc. (=: qui se soucient de ceci, exclusivement, et non de ceci également, — c'est-à-dire par surcroît).
Souvent, la reprise est accusée par l'adjonction d'une autre con- jonction ou d'un adverbe :
Cic, Pro Rose. 94 : fateor me sectorem esse, uerum et alii multi... T.-Live XXXIX, 8, 7 : nec unum genus, ... sed et... — XXVII, 4, 7 : non... modo.,., sed et...
Avec la même valeur d'adverbe de renchérissement, et peut ser-
76 ACCESSOIliES ET CONJONCTIFS
vir à introduire un membre de plirase ou une proposition en- tière :
Virg., Aen. II, 49 : Timeo Danaos et dona ferentes.
La valeur intensive est accusée parfois par le redoublement de la conjonction :
Hor., Sat. I, 3, 54 : Haec res et iungit, iunctos et seruat amicos.
La conjonction est souvent jointe à un terme qui marque une comparaison (qualis), une reprise (rursus), une opposition [sed), une généralisation [semper) :
Prop. II, 2, 9 : qualis et Ischomache Lapithae genus heroinae.
— II, 34, 37 : qualis et Adrasti fuerit uocalis Arion.
— IV, 3, 38 : qualis et haec doeti sit positura dei. Tib. I, 7, 21 : qualis et arentes cum findit Sirius agros, Prop. I, 3, 42 : rursus et Orpheae carminé fessa lyrae.
— II, 27, 7 : rursus et cbiectum flebis... esse tvimultum. Virg., Aen. VI, 449 : rursus et in ueterem fato reuoluta figuram. Prop. I, 6, 22 : semper et armatae cura fuit patriae.
— I, 16, 8 : semper et exclusi signa iacere faces. II, 6, 42 : semper et uxor eris.
— III, 23, 10 : semper et effectus promeruere bonos.
Elle est de même jointe, et volontiers postposéc, à un terme construit anaphoriquement :
Virg., Aen. III, 33 : ... atro liquuntur sanguine guttae...
Ater et alterius sequitur de cortice sanguis. Tib. I, 4, 5 : Nudus et hibernae producis frigora brumae,
Nudus et r.estiui tempora sicca canis. Tib. II, 4, 56 : Quidquid habet Circe, quidquid Medea ueneni,
Quidquid et herbarum Thessala terra gerit. Prop. II, 26, 56 : Purus et Orion purus et Haedus erit. Virg., Aen. IX, 556 : ... inter et hostes | Inter et arma. Hor., Epod. 17, 3 : ... régna per Proserpinae
Per et Dianae non mouenda numina.
Fréquemment, le terme anaphorique est ur. verbe, qui se trouve mis en relief du fait de sa position initiale (cf. L'ordre des mots..., t. II, p. 50 et suiv.) :
Virg., Aen. XI, 191 : Spargitur et tellus lacrimis, sparguntur et arma. Prop. II, 27, 2 : Quaeretis et quae sit mors aditura uia,
Quaeritis et caelo Phoenicum inuenta sereno.
COPULATIVES ET DISJONCTIVES 77
Tib. II, 3, 44 : Vret et Eoos uret et Hesperios. Virg., Bue. 4, 24 : Occidet et serpeiis et fallax herbu... | Occidet. Prop. I, 24, 23 : Contendat mecum ingénie, contendat et arte. Hor., Ep. I, 11, 9 : oblitusque meorum obliuiscendus et illis. Pétr., Sat. 72, 1 : Flehat et Fortunata, flebat et Habinnas.
La reprise anaphorique peut n'être qu'approximative :
Virg., Bue. 10, 75 : ... so]et esse graui's cantantibusumbra,
... nocent et frugibus umbrae.
— Aen. m, 464 : Do/m dehinc... ] Imperat...
... Sunt et sua dona parenti.
— X, 353 : ... accurrit Halaesus,
... Subit et Neptunia proies.
— Bue. 3, 89 : Mella fluant illi, ferat et rubus asper amomum.
— Aen. II, 424 : ... primusque Coroebus...
Procumbit, cadit et Rhipeus. Prop. II, 8, 20 : Insultetque rogis calcet et ossa mea !
Elle peut être lointaine ; ainsi sont mis en rapport par ce procédé des termes qui s'échelonnent sur plus de cinquante vers dans :
Virg., Aen. VII, 706 : Ecce... magnum | Agmen...
— VII, 733 : Nec tu... ahibis...
— VII, 744 :Ette... \ Vfens...
— • VII, 750 : Quin et Marniuia uenit de gente sacerdos... — ■ VII, 761 : Ibat et Hippolyti proies.
— et sur plus de cent cinquante dans :
Virg., Georg., I, 1-5 : Quid faciat...,
Hinc canere incipiam... — I, 104 : Quid dicam...
— • I, 160 : Dicendum et quae sint...
Aliénant sa fonction adverbiale pour passer au rang de simple particule de liaison, et a sa place marquée à l'initiale. Il semble que, dans cet emploi, la postposition soit inusitée à date ancienne^. Le plus ancien exemple est peut-être celui de l'épitaphe prétentieuse
1. Cf. M. Haupt, Opuscula, t. I, p. 105-140, sous le titre : Obseri>aliones criticae; en parti- culier p. 120 ss.
78 - ACCESSOIRES ET COtSJONCTIFS
d'Eucharis, qualifiée de « docla erodita uirgo » [C. I. L., P, 1214 ; milieu du i®'" siècle av. J.-Ch.) :
Heic uiridis aetas cum floreret artibus, Cresceiite et aeiio gloriam consceiideret.
Cette construction semble inconnue de Catulle et de Lucrèce. Mais, à partir de la fin de l'époque républicaine, et se Irouve entraîné, du moins chez les poètes, dans la construction qui régit les particules de liaison ; ainsi fréquemment chez Horace :
Sat. I, 3, 54 : Haec res et iungit, iunctos et seruat amicos. Od. I, 2, 9 : Piscium et summa genus haesit ulmo.
— I, 2, 18 : lactat ultorem, uagus et sinistra | Labitur ripa. Sat. I, 4, 50 : Filius uxorem grandi cum dote récusât
Ebrius et... ambulet... Epod. 10, 17 : ... non uirilis eiulatio
Preces et auersum ad louem. — • 17, 2 : Supplex et oro régna par Proserpinae. Carm. saec. 61 : Augur et fuîgente decorus arcu.
— une soixantaine de fois chez Virgile, qui, d'après P. Lejay (éd. Hor., Od. I, 2, 18), aurait donné l'exemple de cet usage aux élé- giaques :
Aen. VI, 426 : Continue auditae uoces uagitus et ingens. Bue. 1, 34 : Quamuis multa mais exiret uictima saeptis, Pinguis et ingratae premeretur caseus urbi.
— chez Tibulle une quarantaine de fois :
1, 10, 58 : Inter et iratum lentus utrumque sedet. 11,3,55-6: ... quos India torret
Solis et admotis inficit ignis equis.
— ' souvent chez Ovide, quoique quatre fois seulement dans les Mé- tamorphoses.
Properce fait de cette construction un usage constant (plus de 100 exemples) ; on en a relevé plus de 90 exemples chez Manilius, 42 chez Valérius Flaccus, 60 chez Martial.
La construction prend chez ces divers poètes l'aspect d'un véri- table cliché, et même d'un cliché métrique ; ainsi dans la grande majorité des exemples le mot qui précède et est initial de vers :
Prop. I, 1, 6 : ... me docuit castas odisse puellas Improbus et nulle uiuere consilio. — I, 15, 16 : Sanguinis et cari uincula rupit amer.
coin LA.TIVES KT DISJONCTIVES 79
Prop. I, 3, 42 : Rursus et Orpheae carminé fessa lyrae.
— I, 6, 22 : Semper et armatae cura fuit patriae.
— I, 16, 22 : Turpis et in tepido limine somnus erit.
— I, 20, 28 : Oscula et alterna ferre supina fuga.
— II, 13, 12 : Auribus et puris scripta probasse mea.
— III, 8, 2 : Vocis et insanae tôt maledicta tuae. Tib. I, 10, 58 : Inter et iratum lentus utrumque setlet.
— I, 10, 44 : Temporis et prisci facta referre senem.
Et ce mot initial est très souvent mi verbe :
Prop. I, 1, 32 : Sitis et in tuto semper amore pares. — • I, 18, 22 : Scribitur et uestris Cynthia corticibus.
— II, 9, 7 : Visura et quumuis nunquam speraret Vlixen.
— II, 24, 8 : Vrerer et quamuis nomine.
— avec une préférence pour certaines formes verbales déterminées, ce qui accentue encore l'impression de cliché :
Prop. I, 2, 11 : Surgat et in solis formosior arbutus antris.
— I, 16, 32 : Surget ennuitis spiritus in lacrimis.
— I, 1, 12 : Ibat et hirsutas...
— II, 4, 6 : Ibat et expenso..,
— II, 29, 27 : Ibat échine...
— III, 18, 10 : Errât et in uestro...
— IV, 7, 90 : Errât et abiecta...
— I, 19, 23 : Gogat et inuitam...
— m, 9, 22 : Cogor et exemplis...
— III, 21, 18 : Cogar et undisonos...
— IV, 3, 37 : Cogor et e tabula...
Volontiers, enfin, on met en première place un adjectif de valeur notable, qui se trouve par l'insertion de et disjoint de son substantif et par là mis en relief (cf. L'ordre des mots, t. I, p. 112 ss.) :
Hor., Sat. I, 6, 11 : amplis — ^ et — houoribus auctos.
— • I, 8, 30 : lanea — 'et — • effigies, altéra cerea. Tib. I, 1, 62 : tristibus — et — • lacrimis oscula mixta.
Souvent la conjonction est accompagnée d'autres éléments dis- jonctifs :
Virg., Aen. Il, 383 : densis — et circumfundimur — • armis.
— Georg. II, 404 : frigidus — • et siluis — aquilo decussit honorem. Hor., Sat. I, 10, 71 : uiuos — ■ et roderet — • ungues.
Tib. I, 4, 61 : doctos — et amate — poetas. Prop. II, 15, 34 : aridus — • et sicco gurgite — piscis erit. — ■ IV, 3, 66 : subdolus — * et uersis increpat — • arcus equis.
80 ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
Pro}). IV, 9, 49 : mollis — ■ et hirsiitum cepit mihi — fascia pectus.
Il arrive que et soit différé jusqu'en troisième place :
Virg., Aen. XII, 381 : summi thoracis e^oras. Tib. I, 3, 82 : Optauit leiitas et mihi militias.
— I, 9, 16 : Deteret inualidos et uia longa pedes.
— II, 5, 66 : lactauit fusas et caput ante comas.
Prop. I, 1, 27 : Fortiter et ferrum, saeuos patiemur et ignis.
— II, 28, 62 : Votiuas noctes et mihi solue decem. Hor., Epod. 16, 39-40 : Vos, quibus est uirtus, muliebrem tollite luctum
Etrusca praeter et uolate litora.
— ou même plus loin encore :
Tib. I, 2, 96 : Despuit in molles et sibi quisque shms. Culex 52 : Peiidula proiectis carpuntur et arbuta ramis. Ov., Pont. I, 4, 20 : Me quoque débilitât séries immensa malorum,
Alite meum tempus cogit et esse senem.
La postposition de et obscurcit parfois la construction, au point qu'on a quelque peine à la débrouiller :
Virg., Aen. IV, 124 : Speluncam Dido dux et Troiaiius eamdem
Deuenient. Hor., Sat. I, 6, 101 : ... Ducendus et unus
Et cornes alter. — I, 5, 49 : Pila lippis iuimicum et ludere crudis. Tib. I, 2, 37 : Si quis et inprudens aspexerit, occulat ille. Ciris 52-3 : Hanc pro purpureo poenam scelerata capillo
Pro ! patris solueiis excisa et funditus urbe. Hor., Sat. I, 6, 68-70 : Si iieque auaritiam neque sordes...
Obiciet uere quisquam mihi, purus et insons — Vt me collaudem — • si et uiuo carus amicis.
Comme on le voit, tous ces exemples de construction différée sont emprujités aux poètes. Il faut descendre jusqu'à des écrivains de basse époque pour trouver pareilles libertés en prose :
Arnobe, Nat. II, 62 : perpetuitatis possit et spiritum subrogare.
Ps. Hil., Libell. 5, p. 737 c : mortem sibi pararet, amitteret et salutem.
La conjonction renforcée atque se trouve parfois entraînée dans la construction de et :
Hor., Epod. 17, 4 : Per et Dianae non mouenda numina, Per atque libros carmin um ualentium.
COPULATIVES ET DISJONCTIVES 81
— ■ au risque, comme pour et, de provoquer des obscurités :
Val, FI. V, 395 : ... Ingentia namque
Castra alios aditus atque impius obsidet hostis.
Mais cette construction est rare, et propre aux textes en vers :
Hor., Od. I, 25, 17 : Laeta quod pubes hedera uireuti
Gaudeat pulla magis atque myrto,
— Sat., I, 5, 4 : Difïertum nautis cauponibus atque malignis. — • Epod. 8, 11 : Este beata, funus atque imagines
Ducant triumphales tuum ! Octauia 244 : Fruiturque uita noxiam atque animam trahit. Sén., Thy. 911 : ... 0 me caelitum excelsissimum Regum atque regem !
Ce n'est que tardivement qu'on trouve la construction en prose :
Arnobe, Nat. IV, 11 : talia confingitis monstra talia atque molimini. — ■ V, 14 : lauit utique balsamis atque unxit.
Ici encore, le caractère artificiel de la construction se marque par le fait qu'elle donne lieu à la constitution de clichés. Ainsi on trouve souvent atque postposé joint à utinam dans les formules de souhait :
Su et., Vita Ter. 5, 3 : Lenibus atque utinam scriptis adiuncta foret uis. Val. F). VI, 599 : Eat atque utinam superetque labores. Lydia 56 : Istius atque utinam facti mea culpa magistra Prima foret.
D'autre part, comme et, il est fréquemment à la seconde place de l'hexamètre :
Lucr. III, 531 : Scinditur atque animae haec quoniara natura. Ciris 46-7 : Accipe dona meo multum uigilata labore Promissa atque diu.
— 444-5 : ... famularum munera fungi
Coniugis atque tuae. Prop. III, 13, 39 : Corniger atque dei uacuam pastoris in aulam
Dux aries saturas ipse reduxit ouis. Virg., Bue. 6, 38 : Altius atque cadant submotis nubibus imbres. Hor., Sat. I, 8, 34 : Serpentes atque uideres.
— • I, 2, 10 : Sordidus atque animi quod parui nolit haberi. — • I, 6, 111 : Milibus atque aliis uiuo... Lucain VIII, 676 : Degener atque operae miles Romane secundae. Stace, Silu. IV, 1, 25 : Moribus atque tuis gaudent turmae...
6
82 ACCESSOIRES KT CON.IONCTIFS
Les poètes étendent à iamque la même liberté de construction : Virgile, en particulier, le construit volontiers à la seconde place de la phrase et du vers, constituant encore une sorte de cliché mé- trique :
Aen. III, 588 : Postera iamque dies primo surgebat Eoo.
— V, 225 : Solus iamque ipso superest in fine Cloanthus.
— VI, 81 : Ostia iamque domus patuere ingentia centum.
— VII, 637 : Classica iamque sonant.
— X, 813 : Saeuae iamque altius irae | Dardanio surgunt.
— XI, 766 : Hos aditus iamque, Los aditus omnemqiie pererrat
Vndique circuitum.
*
La construction de nec [neque) et de neu [neué) est comparable à celle de et {atque) : la postposition est propre aux textes en vers (on a relevé près de 80 exemples de nec postposé chez Catulle, Properce, Tibulle, Virgile et Horace) :
Virg., Aen. VII, 261 : Munera nec sperno.
— I, 548 : Non metus, offîcio nec te certasse... | Paeniteat.
— XII, 644 : ... Perpetiar, dextra nec Drancis dicta refellam?
— VII, 97 : thalamis neu crede paratis.
— VII, 265 : uultus neue exhorrescat amicos.
— • VIII, 582 : grauior neu nuntius aures ] Vulneret. — ■ Georg. IV, 48 : altae neu crede paludi. Prop. III, 12, 12 : Ferreus aurato neu cataphractus equo.
Il est naturel que beaucoup d'exemples se trouvent dans des constructions anaphoriques :
Virg., Bue. 4, 63 : Nec deus hune mensa, dea nec dignata cubili est.
— 10, 16-7 : ... Nostri nec paenitet illas,
Nec te paeuiteat pecoris, diuine poeta. • — Aen. V, 783 : Quam nec longa dies pietas nec mitigat ulla.
— IV, 696 : Nec fato mérita nec morte peribat. Prop. III, 22, 34-35 : Nec soluit Danaas subdita cerua ratis
Cornua nec ualuit curuare in paelice luno. — III, 14, 27-8 : Nec Tyriae uestes errantia lumina fallunt Est neque adoratae cura molesta domi. Tib. I, 1, 71-2 : ... Nec amare decebit,
Dicere nec cano blanditias capite.
COPULATIVES ET DIS.rONCTIVF.S 83
Comme dans le cas de et, le mot initial, que suit immédiatement la particule, est souvent un adjectif qui, se trouvant ainsi disjoint de son substantif, est par là mis en relief :
Virg., Aen. XI, 343 : Rem nulli- obscuram, nostrae — nec — ■ uocis
\egentem. — ■ IX, 218 : ... magni — • nec — • moenia curât Acestae. Prop. I, 2, 29 : Vnica — • nec desit iucundis — gratia uerbis. — ■ I, 9, 17 : Necdum etiam pâlies uero — ■ nec tangeris — ■ igni. — • I, 11, 16 : Vt solet amota labi custode puella
Perfida, communis — • nec meminisse — • deos. Hor., Epod. 16, 33 : Credula — • nec rauos — timeant — ■ arraenta —
[leones. — ■ 16, 60 : Laboriosa — ■ nec — cohors Vlixei.
— 16, 55 : Pinguia — nec — siccis urantur semina glaebis.
On trouve la particule en troisième place, particulièrement lorsque les deux premiers mots sont étroitement unis par le sens et la construction :
Lucr. III, 830 : Nil igitur mors est, ad-nos neque pertinet hilum.
— mais aussi en dehors de ce cas favorable :
Virg., Aen. II, 159 : ... teneor patriae nec legibus ullis.
Tib. I, 8, 4 : Praecinit euentus nec mihi cantus auis.
Prop. III, 10, 10 : Increpet absumptum nec sua mater Itym.
— IV, 5, 57 : ... Coae dederit nec mimera uestis.
— III, 22, 28 : Itaîa portentis weciluit unda nouis.
— IV, 8, 56 : Spectatum capta nec minus urbe fuit.
Enfin, nec peut reculer même au delà de la troisième place :
Prop. IV, 11, 94 : Caelibis ad curas nec uacet ulla uia.
— II, 6, 2 : Turba Menandreae fuerat nec Thaidos olim...
*
La même construction s'applique encore aux particules disjonc- tives aut, uel, seu [siue). On les trouve en postposition surtout à partir des poètes de l'Empire : Virgile, Horace, Properce, Ovide, Lucain, Pétrone, ont chacun environ une demi-douzaine d'exemples de cette construction, qui parfois ne va pas sans quelque obscurité :
Prop. III, 18, 27-8 : Nirea non faciès, non uis exemit Achillem,
Croesum aut Pactoli quas parit umor opes.
84 ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
Virg., Aen. IX, 680 : Siue Padi ripis, Athesim seu propter amoenura.
On pourrait croire dans certains cas que le mot qui précède la particule se trouve par là même mis en relief ; l'illusion vient de ce qu'il s'agit le plus souvent soit d'un verbe que la position initiale toute seule, indépendamment de la postposition de la particule, suffit à mettre en valeur (cf. L'ordre des mots, t. II, p. 50 et ss.) :
Lucr. VI, 105 : Nam cadere aut bruto deberent pondère pressae
Vt lapides, aut ut fumus constare nequirent. Tib. II, 4, 9 : Quam mallem in gelidis montibus esse lapis
Stare uel insanis cautes obnoxia uentis ! Virg., Aen. IV, 317-8 : Si bene quid de te menii, fuit aut tibi quicquam
Dulce meum. Prop. III, 24, 9-10 : Quod mihi non patrii poterant auertere amici
Eluere aut uasto Thessala saga mari.
— II, 13, 49-50 : Non ille Antilochi uidisset corpus humari
Diceret aut : « 0 mors...! »
— ■ soit d'un qualificatif, qui se trouve mis en relief non pas parce qu'il est suivi de la particule, mais parce qu'il est disjoint de son appartenant (cf. L'ordre des mots, t. I, p. 112 ss.) :
Culex 354-5 : Iramoriturque super fluctus et saxa Capherei
Euboicas — ■ aut per — • cautes. Tib. II, 5, 111-2 : ... sine qua uersus mihi nullus
Verba potest iustos — • aut reperire — • pedes. Prop. II, 28, 11-2 : An contempta tibi lunon.is templa Pelasgae
Palladis — • aut — oculos ausa negare bonos?
— III, 2, 23-4 : Aut illis flamma aut imber subducit honores
Annorum — ■ aut — ictu pondère uicta ruent. Hor., Od. I, 21, 6 ss. : Quaecumque aut gelido prominet Algido,
Nigris -^ aut — Erymanthi Siluis, aut uiridis Gragi. Virg., Georg. I, 484 : Tristibus — ■ aut — ■ extis fibrae apparere minaces. — ■ Aen. XII, 852 : ... méritas — ■ aut — ■ bello territat urbes.
— VI, 663 : Inuentas — aut qui uitam excoluere per — artes. — • IX, 565 : Quaesitum — aut ma tri multis balatibus — • agnum. — • XI, 779 : ... captiuo — ■ siue ut se ferret in — • auro.
Ici encore, le caractère artificiel de la construction se marque par le fait que, sans raison apparente, sinon peut-être la cominodité métrique, la particule peut reculer au delà de la seconde place,
ADVERSATIVES ET RESTRICTIVES 85
jusque dans l'intérieur de la phrase ; d'où parfois quelque obscu- rité :
Ov., Pont. II, 3 39^ : ••• aut ille est tenues dilapsus in auras
Coeperunt sensus aut uigilare mei. Octauia 422 : ... tecta défendit suis
Aliéna telis aut petit praedae imminens. Prop. II, 20, 9-10 : Me licet aeratis astringant bracchia nodis,
Sint mea uel Danaes condita membra domo. — IV, 1, 147 : Nunc tua uel mediis puppis luctetur in undis,
Vel licet armatis hostis inermis eas.
Ainsi copulatives et disjonctives apparaissent entraînées dans la construction ancienne des mots accessoires, moins peut-être en vertu d'une tendance naturelle de la langue que par une affectation d'écrivains qui trouvaient dans ce procédé à la fois un attrait d'ar- chaïsme et sans doute aussi l'agrément d'une commodité métrique. Le passage suivant d'Horace fera apparaître à quel point le poète peut user et abuser de la liberté de construction qui lui est concédée :
Epod. 16, 1 ss. : Altéra iam teritur bellis ciuilibus aetas.
Suis et ipsa Roma uiribus ruit. Quam neque fînitimi ualuerunt perdere Marsi
Minacis aut Etrusca Porsenae manus Aemula nec uirtus Capuae... ... Vos, quibus est uirtus, muliebrem tollite luctum,
Etrusca praeter et uolate litora ... Arua, beata
Petamus arua diuites et insulas Reddit ubi Cererem Tellus inarata quotannis
Et imputa ta floret usque uinea, Germinat et numquam fallentis termes oliuae, ... Pinguia nec siccis urantur semina glaebis,
... Laboriosa nec cobors Vlixei.
Adversatives et restrictives^ : sed, at, autem, uero, contra, tamen.
La postposition à^ autem est obligatoire. Quintilien (I, 5, 39) donne comme exemple de « solécisme » la construction : autem
1. Cf. H. Saur, Die Adversaiivpartikeln hei latein. Prosaikern : Diss. Tiibingen, 1913,
86
ACCESSOIRl'S ET CON.IONCTIFS
non habuit, et Charisius (I, 267, 19) : autem fieri non débet. Clédo- nius (V, 74, 12) cite deux prétendus exemples (non identifiés) d'antéposition chez Plaute : « autem securdum licentiam antiquo- rum etiam praeponitur, ut Plautus autem fac et autem haec mu- lier ». Un exemple de Fronton (p. 42, 12 N.) : « quin nihil extra causam dicere debeam, quod Heroden laedat, non dubito, sed ea quae in causa sunt ; autem sunt atrocissima », semble devoir être éliminé ; on a proposé de lire : « ea quae in causa (sunt) ; sunt autem atrocissima ».
On trouve autem en troisième place quand les deux mots ini- tiaux peuvent être considérés comme constituant une unité : « usque-adeo autem (Cic, Pro Rose. 26), mea-causa autem, {Ep. ad Ait. X, 7, 1) ». Les liaisons les plus fréquentes sont les sui- vantes : — ' tam et quam joints au mot qu'ils déterminent :
tam diu autem (Cic, Pro domo 58).
tam inops autem {Ep. ad Ait. XIV, 9, 1).
quam multa autem {Ad Quint, fr. I, 2, 3) ^.
— • négation jointe au terme sur lequel elle porte :
non minus autem (Quint. IV, 2, 44). non solum autem (VI, 1, 30) ^. non semper autem (IV, 1, 72) 3. non eadem autem (II, 20, 7). non simplex autem (III, 8, 58).
non est autem {Ibid., IV, 2, 94 ; cf. Plin., Ep. X, 8, 5 ; Sén.,Z)e ben. I, 1, 9 ; IV, 10, 2).
non placet autem (Cic, De fin. I, 56).
non uidet autem (Cic, Tusc. I, 67).
non possum autem {Ibid. I, 110).
non excludo autem (Quint. I, 1, 26).
non negabo autem {Ibid., II, 13, 7).
non posse autem (Plin., Ep. I, 20, 9).
née loquaces autem (Varr., Men. 336).
nec argumentis autem. (Quint. IV, 1, 60).
nec in Acharnania autem (Plin., N. H. IX, 115).
neque compressam autem (PI., Aul. 30).
1. Exemple conti-aire : Cic, Phil. II, 18 : tam autem eras excors.
2. Exemple contrEiire : Quint. VI, 1, 46 : non autem commouere tanlum.
3. Exemple contraire : PI., Nat. hist. IX, 116 : non autem semper.
ADVEIISATIVKS ET HESTRICTIVES 87
ne putes autem (Sén., Ep. 113, 22). nihil agere autem (Cic, De off. II, 4). nihil interesse autem {Acad. II, 40). caue putes autem {De rep. 1, 65).
— démonstratif ou relatif joints à leur substantif :
istius modi autem (Cic, De fin. III, 19) ; eo modo autem {Ad Att. VIîI, 14, 1).
haec aetas autem {De rep. II, 19).
quae partes autem {De off. I, 126).
quo modo autem {Or. 55 ; Quint, I, 6, 26).
qua re autem ; qua ratione autem (Cic., Pro Lig. 19).
— préposition suivie de son régime (cf. ci-dessus, p. 43).
ante brumam autem (Ter., Ph. 709).
in orationibus autem (Cic., Brut. 48).
circum pedes autem {Verr. I, 92).
propter se autem {De inu. II, 164).
in bis autem, praeceptis {De off. II, 86).
in illo autem altero génère {Ibid. II, 61).
ex quattuor autem locis {De off. I, 18).
de C. Gracchi autem tribunatu {De am. 41) ^.
— attribut suivi de la copule :
liber sum autem ego (PI., Mil. 678). satis esse autem uidetur (Cic, De fin. III, 17). tractatum est auiem (7'usc. 111,81). primum est autem (Plin., Ep. IX, 30, 3). incipiendum est autem (Sén., De ben. I, 11, 1). Cf. Quint. III, 10, 3 ; VI, 3, 70 ; VI, 3, 93.
— agrégat de la copule avec d'autres mots accessoires :
quid est autem? (Cic, Tusc. V, 67 ; cf. III, 36, 66 ; IV, 78) 2. ubi est autem similis (Plin., Pan. 83, 5). ,
ut sunt autem tria tempora (Quint. V, 10, 71). cum sint autem (VI, 3, 46 ; cf. II, 18, 1 ; V, 5, 1).
1. Exemples contraires : Cic, Tim. 46 : post autem eum ; De off. II, 8 : contra autem omnia ; De n. d. II, 52 : infra autem hanc. Exemple curieux d'hésitation : Cic, De n. d. II, 52 : ea quae Saturni Stella dicitur. .. Infra autem hanc... Huic autem proximum. .. Infra hanc autem... — C'est à dessein que Cicéron intercale autem dans la phrase Or. 154 : Dici- tur cum Mis, cum autem nobis non dicitur, sed nobiscum : au moment d'expliquer que la langue évite par décence la succession de mots cum nobis (= cunno-), il s'ingénie lui-même à l'éviter par une intercalaison.
2, Exemple divergent : Sén., De ben. III, 38, 3 : Quid autem est felicius?
88 ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
utra sit autem harum uia utilior? (III, 7, 16). ita siint autem speciosa haec (II, 4, 32).
Accompagnant un nom d'homme, autem est habituellement postposé au « praenomen » :
Cic, De or. II, 1, 1 : M, autem Antonium ... ignarum fuisse.
— ' mais non obligatoirement :
Cic, De am. 12, 41 : De C. Gracchi autem tribunatu quid. exspectem?
On trouve autem relégué au delà de la troisième place quand tous les mots qui le précèdent peuvent être considérés comme constituant une unité verbale :
quem ad modum autem (Cic, De n. d. I, 19).
post Romam conditam autem {Brut. 72).
in nobismet ipsis autem {De fin. V, 30).
si nec opinantis autem (Lucr. VI, 408).
nos agere hoc autem (IV, 969 ; agere hoc = être au fait).
— quand ils consistent en accessoires joints les uns aux autres :
PI., Pseud. 635 : quasique ego autem.
— Epid. 420 : ego illic me autem. — ' Epid. 621 : haec illa est autem.
— Cas. 270 : quid si ego autem.
— Tru. 335 : quid haec hic autem.
— • Poen. 1344 : Quid tibi mecum autem?
Cic, Verr. IV, 103 : si cui quid autem.
Virg., Aen. VI, 808 : Quis procul ille autem"^..,?
— ' ou groupés autour d'un mot autonome :
PI., Amph. 144 : tum meo patri autem.
— Per. 464 : tum hanc hospitam autem.
— • Bacch. 1060 : ego ad forum autem hinc ibo. Ter., Ad. 733 : Me ducere autem?
— Ph. 601 : sed quid pertimui autem?
— ' Ad. 185 : egon debacchatus sum autem an...? Ov., Am. II, 2, 28 : Quis minor est autem quam tacuisse labor?
Dans les mêmes conditions, on trouve autem plus loin encore que la quatrième place :
PL, Poen. 1306 : quid tibi negoti est autem cum istac?
1. Exemples d'hésitation ; d'une part : PL, Si. 427 : Quid id aulem unum est? et Tnn. 385 : Quid id est autem unum? — Ter., Ph. 503 : Quid istuc est autem? et PI., Men. 782 : Quid istuc autem est?
ADVEIlSATIVIiS ET RESTRICTIVES 89
PL, Truc. 335 : sed quid haec hic autem tam diu... stetit? Ter., Heaut. 251 : Quae res te sollicitât autem? Cic, Pro Clu. 167 : Cur non de integro autem? Virg., Aen. II, 101 : Sed quid ego haec autem^...?
Peut-être convient-il dans certains cas de faire appel, pour jus- tifier la place de autem, à une circonstance particulière : le désir de faire figurer en tête de la phrase un terme important de l'énoncé, d'ordinaire le verbe (cf. L'ordre des mots, t. II, p. 50 ss.), mis en relief pour une opposition ou un rappel :
Cic, De n. d. II, 53 : cura antegreditur solem ; cum subsequitur autem... — Ad fam. X, 1, 2 : si ad... tempus perducitur... ; ut perducatur
autem... — Tusc. I, 92 : Num... eiim curare censés...? Quid curet autem, qui...? Quint. VI, 3, 8 : Cum uideatur autem res ieuis..., tamen habet uim nescio an imperiosissimam. — • III, 7, 4 : Vt desiderat autem laus... probationem, sic... hahet intérim aliquam speciem probationis.
— parfois tout un groupe de mots :
PI., Most. 11?> : Vehit hic clitelîas, uehit hic autem alter... — • Truc. 902 : Puero opust cibo, opus est matri autem...
— Cas. 27-8 : ... Ludis poscunt neminem,
Secundum ludos reddnnt autem nemini.
*
Les adversatifs sed et at, construits anciennement en première place, ont une tendance à suivre la loi des mots accessoires chez les poètes à partir de la fin de la République,
On ne trouve at qu'à l'initiale encore chez Lucrèce, Tibulle, Ovide ; mais il est en seconde place déjà une ou deux fois chez chacun des poètes Catulle, Horace, Sénèque, Lucain, Martial :
Catulle 64, 58 : Immemor at iuuenis... Hor., Sat. I, 2, 47 : Tutior at quanto merxest... — • Sat. 1, 8, 37 : Mentior at si quid.
1. Dans les deux exemples suivants, les mots mis entre guillemets représentent une citation et constituent, par conséquent, un énonré unitaire au sens rigoureux du mot ;
Cic, Brut. 275 : « Qua de re agiiur :> autem illud ; Frg. Vat. 51 : Par " in iure cessionem » autem.
90 ACCESSOIRES KT COAJO.\CTlFS
Sén., Troad. 1085 : Semusta af ille tecta... | Pressit.
Mart. X, 70, 3 : lustius at quando mirere quod...
Luc. III, 535 : Celsior at cunctis Bruti praetoria puppis,
— et dans une demi-douzaine d'exemples environ chez chacun des suivants : Virgile, Properce, Stace, Valérius Flaccus :
Virg., Bue. 7, 67 : Saepius at si me... reuisas.
— Georg. III, 331 : Aestibus at mediis...
— Aen. V, 265 : ... indutus at olim
Demoleos cursu palantes Troas agebat. Prop. I, 6, 22 : Semper at armatae cura fuit patriae.
Le caractère artificiel de la construction se marque par le fait qu'elle prête à la constitution de clichés ; ainsi dans les débuts de vers du type :
Virg., Bue. 10, 31 : Tristis at ille...
— Aen. VII, 500 : Saucius at quadrupes...
— Aen. XI, 753 : Saucius at serpens... Prop. IV, 1, 95 : Gallus at in castris...
— IV, 10, 23 : Cossus at insequitur. Stace, Theb. IV, 116 : Maior at inde...
C'est aussi chez les poètes, à partir de la fin de l'époque répu- blicaine, que sed commence à occuper la seconde place, parfois même à reculer plus loin vers l'intérieur de la phrase :
Virg., Aen. V, 5 : ... Duri magno sed amore dolores ] Polluto...
Moretum 58 : Traiectus médium sparto sed caseus orbem...
Luc, Ph. VII, 517 : ... sceleris sed crimine nulle... a
. . . . i
A l'occasion, cette liberté de construction fournit à l'écrivain un élément de variété :
Tib. I, 7, 43 : Non tibi sunt tristes curae nec luctus...
Sed chorus et cantus et leuis aptus amer, Sed uarii flores et frons redimita corymbis. Fusa sed ad teneros lutea palla pedes.
Mais surtout la postposition de la particule semble parfois con- tribuer à la mise en valeur du mot initial :
Hor., Ep. II, 1, 89 : Nostra sed impugnat, nos nostraque liuidus odit.
(responsion : nostra — nos). .
— Od. IV, 4, 33 : Est in iuuencis, est in equis patrum
Virtus...
AD\£KSATIVES ET UESTRICTIVES 91
Doctrina sed uim promouet insitam. (opjKis. : uirtus — doctrina). Tib. II, 4, 3 : lam mihi, libertas..., uale ; Seruitium sed triste datur. (opp. libertas — seruitium). Virg., Aen. VI, 315 : Stabant crantes...
Nauita sed tristis nunc hos iiunc accipit illos. (opp. entre le sujet de stabant et nauita).
— Aen. XI, 816 : Illa manu moriens telum trahit ; OSSa sed inter
Ferreus ad costas alto stat uulnere mucro. (l'évocation de ossa préfigure celle de alto uulnere).
Le relief est particulièrement sensible quand le mot initinl est un déterminant disjoint de son déterminé (cf. L'ordre des mots, t. I, p. 112 ss.).
Prop. I, 4, 11 : Haec — sed — forma mei pars est extrema furoris. Virg., Bue. 4, 43 : Ipse — sed in pratis — aries...
— Aen. I, 353 : Ipsa — sed in somnis... — imago.
— XI, 631 : Bis Tusci Rutulos egere ad moenia...
Tertia — sed postquam congressi in — proelia... (oppos. : bis — tertia).
— III, 37 : ... quae prima solo... arbos
Vellitur...
Rursus et alterius lentum conuellere uimen
Insequor...
Tertia — sed postquam maiore — hastilia nisu
Aggredior. . .
(oppos. : prima — alterius — tertia).
— III, 586 : ... nec lucidus aethra
Siderea polus, obscUTO — sed nubila — caelo... (opp. : lucidus - obscuro).
— V, 320 : Proximus huic, longo — sed proximus — interuallo.
(opp. : proximus — longo).
— VII, 704 : Nec quisquam aeratas acies ex agmine tanto
Misceri putet, aeriam — sed gurgite ab alto Vrgeri uolucrum raucarum ad litora — nubem. fnpp. : acies — -aeriam).
— VII, 736 : ... patriis — sednon et filius — aruis | Gontentus,
(opp. : filiics — patriis).
92 ACCESSOIRhS ET CONJONCTIFS
Lorsqu'il conserve son sens propre de « en vérité », uero se cons- truit comme un adverbe autonome :
PI., Trin. 210 : falsone an uero.
— Amph. 964 : serio ac uero.
— Truc. 302, Merc. 685 : Veron? Serio?
Ter,, Ad. 468 : An quid est etiam amplius? ] — Vero, amplius. Cic, Brut. 300 : Vero, inquam. — Tusc. Il, 26 : Vero, ac libenter quidem.
Dans le même sens, mais avec une valeur atténuée, il s'emploie pour accompagner une injonction, une afïirmation, et prend alors la place des accessoires :
PI., Bacch. 1058-1062 : Cape hoc tibi aurum... ] Cape uero. Ter., Ph. 435 : Minue uero iram. Cic, De rep. I, 61 : Minime uero.
Enfin, il est fréquent surtout en fonction d'adversatif, comme synonyme de autem (grec Zi) :
Ter., Hec. 335 : Era in crimen ueniet, ego uero in magnum malum. Cic, Tusc. I, 93 : Si puer paruus occidit..., si uero in cunis...
Dans cet emploi il accompagne très souvent un pronom pour renforcer l'affirmation de la personnalité :
ego uero (Varr., R. R. I, 2, 3 ; Cic, Tusc. I, 55 ; Ep. ad fam. IV, 6, 1) ; tu uero (Tite-Live X, 18, 13) ; se uero (T.-Live VI, 6, 17) ; istos uero (Cic, Tusc. 1, 78) ; quare ego uero (Plin., Ep. III, 8, 4) ; quanquam tu uero [Ihid. VIII, 8, 7).
et comme tel se trouve fréquemment intercalé même entre les éléments d'un groupe compact :
Cic, Tusc. I, 2 : mores et instituta... melius tuemur et lautius, rem uero publicam nostri maiores certe melioribus tem- perauerunt... legibus.
— Ep. ad fam. V, 2, 4 : postea uero quam profectus es.
— De diu. II, 59 : ante uero Marsicum bellum. Quint. IV, 1, 60 Pro Rabirio uero Postumo,
ADVKRSATIVES ET KESTIUCTIVES 9,3
Une opposition forte peut être marquée par contra, avec le sens de « au contraire, en revanche »; Dans cet emploi, contra est fré- quemment placé à l'initiale, comme un adverbe autonome :
P!., Trin. 549 : ... Fortunaturum memorant insulas
Que cuncti qui aetatem egerint caste suam Conueniant ; contra istoc detrudi maleficos Aequom uidetur. Varr., L. L. VI, 77 : Poeta facit fabulam et non agit ; contra actor agit
et non facit. • — ■ R. R. I, 9, 4 : In loco umidiore far adoreum potius serunt...,
contra in aridiore hordeum potius. Cic., Verr. III, 7 : NuUa luxuries, contra summus labor. T.-Live XXI, 50, 2 : Romanusconsererepugnam... uelle, contra éludera
Poenus. PI., Ep. X, 81, 4 : Eumolpus... dilationem petere coepit, contra Dion
ut audiretur exigera. Sén., De hen. II, 18, 3 : Graue... tormentum est debere... ; contra iu-
cundissimum ab eo accepisse benefîcium. — VI, 42, 1 : Non decet gratum animum sollicitudo, contra
summa fiducia sui.
Tacite se plaît particulièrement à placer contra à l'initiale ab- solue, ainsi pour introduire la mention d'un personnage nou- veau :
Ann. II, 43 : Contra Druso...
— • I, 64 : Contra Cheruscis...
Ann. III, 50 : Contra M. Lepidus...
Hist. III, 70 : Contra Vitellium...
— m, 84 : Contra Vitelliani...
— II, 31 : Contra iW'i...
— II, 32 : Contra ipsis.
Ann. VI, 22 ; XIII, 6 : Contra alii...
Mais, à toutes les époques, contra avec cette valeur adversative se rencontre aussi à la seconde place, en particulier pour réserver la première au mot sur lequel porte essentiellement l'opposition :
Ter., Ad. 44 : Vxorem immquam habui ; ille contra...
94 ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
T.-Live XXV, 11, 11 : Mare '.iberum habebaiit, urbs contra exclusa ma-
ritimis commeatibus. Quint. I, 6, 25 : Vt quaedam pluraliter non dicantur, quaedam contra
singulari numéro... careant. PJin., Ep. I, 8, 9 : Cum omnes homines..., nos contra... Tac, Ann. XIII, 9, 7 : Querente Vmmidio..., testante conf raCorbulone.
En regard de :
Varr., R. R. I, 7, 10 : Contra... sunt qui putent...
— on a chez Suétone :
Vesp. 16, 6 : Sunt contra qui opinentur...
En regard des exemples de Tacite cités ci-dessus (introduction d'un personnage nouveau), on peut citer, avec l'ordre inverse :
T.-Live XXI, 52, 8 : Sempronius contra... — XXII, 39, 13 : Hannibal contra... Plin., Ep. VII, 27, 9 : Hic contra...
— Ep. Vin, 18, 3 : Alii contra...
— et chez Tacite lui-même :
Ann. XIII, 44, 7 : Octauius contra...
— XIII, 49, 7 : Thrasea contra...
— XV, 63, 2 : nia contra...
A plus forte raison contra est -il relégué à la seconde place quand il perd sa force adversative et ne sert plus, comme uero, qu'à appe- ler l'attention sur un nouvel élément de l'énoncé, par exemple dans les nombreux cas où comme uero il accompagne un prononn personnel : tu contra (Cic, Pro Quinct. 69, 87, 93 ; Pro Sex. Rose. 79 ; Diu. in Caec. 35).
*
La construction ancienne de tamen est celle des adverbes auto- nomes-^. En particulier, déterminatif de phrase, il peut occuper soit la place initiale :
PI., Asin. 718 : Licet laudem Fortunara, tamen ut ne Salutem culpem.
1. Cf. H. T. Karsten, De parliculae tamen signifîcatione antiquissima ad Ciceronis fere tempora in latinitate conseruata : Mnemos. XVIII, 1890, p. 307 ss. ; Jacqueline de la Harpe, Étude sur tamen, conjonction ad^'er salive, et son passage au sens causal, awc remarques com- paratii'es sur les particules sed, autem, nam, enim : Thèse de Lausanne, 1923.
I
ADVI'RSATIVKS ET RESTRICTIVES 95
Ter., Ph. 903-4 : llcus quanta quanta hacc mea paupertus est, tainen Adhuc ciiraui unum hoc quidem...
— soit une place quelconque à l'intérieur :
Ter., Heaut. 207 : Atque haec suut famen ad uirtutem omnia.
— Heaut. 88 : ... At istos rastros interea tamen
Appone.
— et souvent la place finale ; construction assez naturelle, du fait que tamen exprime une restriction, une correciioji à une idée pre- mière, ui: repentir^. Celte dernière disposition est fréquente dans le texte des comiques :
Ter., Eun. prol. 23-4 : Exclamât furem, non poetam, fabuUira
Dédisse et nil dédisse uerborum tamen.
— Ad. 110 : Sineres nunc facere dum per aetatem licet
Potius quam ubi te expectatum eiecisset foras Alieniore aetate post faceret tamen. Eun. 243 : Omnia habeo neque quicquam habeo ; nihil cum est, nihil
[défît tamen.
— 866 : ... si ego digna hac contumelia
Sum maxime, at tu iudignus qui faceres tamen.
L'exemple le plus significatif est peut-être le suivant, où tamen pourrait être séparé du reste de la phrase par une ponctuation, à la manière d'un énoncé additionnel :
Ter., Heaut. 678 : ... Retraham hercle opiner ad me
Idem ego illuc hodie fugitiuom argentum — tamen ! (= je le rattraperai cet argent, malgré tout !)
Plaute à lui seul présente une trentaine d'exemples de cette cons- truction, qui se trouve encore chez Cicéron, dans la langue fami- lière de la correspondance :
Ad Att. I, 17, 10 : Quam tibi iitteris satis explicare non possum, signi-
ficatione parua ostendam tamen.
La position initiale est particulièrement fréquente lorsque tamen annonce la réponse à une concession introduite par etsi, quam- quam... :
Cic, De off. I, 56 : Quamquam omnis uirtus nos ad se allicit..., tamen
iustitia... id maxime efficit.
1. Sur cette particularité de construction, commune à divers adverbes du même type, cf. ci-dessus, p. 28 et suiv., en particulier p. 32.
96 ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
Quint. I, 5, 28 : Etsi natura breuis, tamen positione longa est, Sén., De ben. III, 1, 4 : 5i non soluunt, tamen debent.
Cependant, cette construction, constante chez Caton et Varron, dominante encore chez Cicéron (22 ex. sur 38) et Tite-Live (21 ex. sur 35), devient exceptionnelle chez les écrivains de l'Empire (5 ex. sur 16 chez Sénèque, 16 sur 68 chez Quintilien, 4 sur 30 chez Tacite) ; elle est sans exemple chez Pline le Jeune.
Un autre cas favorable à la position initiale est celui où tamen exprime une objection forte, une restriction essentielle à ce qui vient d'être dit :
Cic, De am. 95 : Contio, quae ex imperitissimis constat, tamen iudicare
solet.
— De oral. I, 58, 248 : ut, sine ulla iuris scientia, tamen causis satisfa-
cere possim.
— Tusc. IV, 17 : Cui alterius commoda nihil noceant, tamen cum
doleat iis frui, is inuideat profecto.
— lTmsc. II, 49 : perquam flebiliter Vlixes lamenta tur... ; tamen
huic... gementi... Hor., Od. I, 7, 21 : Teucer Salamina patremque
Cum fugeret, tamen uda Lyaeo Tempora populea fertur uinxisse corona. Tite-Live XXI, 41, 3 : Licuit in Hispaniam... ire... ; tamen... ad Rho-
danum moui castra. Sén,, De hen. I, 1, 10 : Et liberi et coniuges spem fefelierunt, tamen et
educamus et ducimus.
— I, 1, 11 : Quam multi indigni luce sunt ! Tamen dies ori-
tur, Quam multi quod nati sunt queruntur ! Tamen natura subolem nouam gignit.
— VI, 2, 2 : Qui moritur, tamen uixit ; qui amisit oculos,
tamen uidit,
— surtout lorsque l'objection est attribuée à un interlocuteur sup- posé :
Cic, Tusc. III, 13 : Audeamus... omnis radicum fibras euellere, —
Tamen aliquid relinquetur fortasse? Sén., De hen. II, 8, 1 : Tamen, inquit, effugere Tiberius... potuit.
Il arrive que tamen soit appelé à l'intérieur de la phrase pour être joint à un terme qu'il détermine plus particulièrement :
Cic, Tusc. II, 35 : Est inter haec quaedam tamen similitude, Sén., De hen. I, 3, 4 : In eo est aliqua tamen maioris dignatio.
ADVERSATIVES KT RESTRICTIVKS 97
Cic, Ep. ad Ait. I, 10, 2 : cum illum plumbeo gladio iugulatum iri
tamen diceret. — De orat. III, 14 : si nequaquam parem illius ingenio, at pro nostro
tamen studio meritam gratiam. Tite-Li\ e XXIII, 44, G : Quamquam utraque pars auidi certaminis
erant, eo die teuuerunt sese tamen mu- nimentis^.
Mais, du fait que le terme sur lequel porte la restriction est assez naturellement appelé à figurer en tête de phrase, il résulte que tamen est prédestiné à occuper la place seconde des mots accessoires ; c'est là sa place normale à partir de l'époque clas- sique :
Ces., B. G. V, 11, 2 : ut amissis circiter xl nauibus, reliquae tamen
refici posse... uiderentur. Cic, Brut. 15 : remunerandum si non pari, at grato tamen munere.
— Ep. ad Att. XVI, 3, 4 : Nunc audi quod, etsi intelligo scribi ne-
cesse non esse, SCribo tamen.
— Ad fam. II, 16, 5 : in communibus miseriis, hac tamen oblectabar
spécula. Sén., De ben. VI, 19, 4 : etiamsi non mea, pnblica tamen nota com- prend it. Plin., Pan. 41, 4 : ut, cum pluriraum tibi pro tuis, plus tamen pro nos- tris moribus debeamus.
— Ep. I, 20, 8 : in unum librum grandem quidera, unum tamen
coartasse. Plin., Ep. I, 6, 1 : ut si manus uacuas, plenas tamen ceras reportarem. Tite-Live XXII, 25, 17 : fauore superante, auctoritas tamen rogationi
deerat. Quint. IV prooem. 7 : si uiribus deficiemur, animo tamen perseue-
randum. Cic, De fin. IV, 31 : Nummus in Croesi diuitiis obscuratur : pars est
tamen diuitiarum. Plin., Ep. V, 13, 3 : Erat sane prius, a paucis tamen acclama tum.
Sont entraînés après lui dans la construction des mots acces-
1. Cependant cette disposition ne s'impose pas, et même il faut noter une construction en vertu de laquelle tamen, éloigné du terme qui énonce la correction, se joint peu^ois à celui qui la fait prévoir :
Gc, Pro 5e«<. 140 : Hune tamen flagrantem inuidia... ipse populus Romanus periculo
liberauit (= liberauit tamen). — Ep. ad fam. II, 16, 7 : scires me tamen in stomacho solere ridere (= ridere tamen). Lucr. III, 51 : Et quocumque tamen miseri uenere parentant (^= parentant tamen).
7
9g ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
soires les juxtaposés attamen, sed tamen, particulièrement chez les poètes de l'époque impériale :
Ov., Her. XI, 108 : Amissae memores sed tamen este mei. ' Amor. I, 5, 14 : Pugnabat tunica sed tamen illa tegi.
— et chez quelques prosateurs de basse époque :
Chiron 109 : Ego attamen...
Tbeod. Prise, Log. 35 : Eis ego attamen...
ASSÉVÉRATIVES ET INTENSIVES :
quidem, equidem, certe, sane, profecto.
Détermlnatif de mot plutôt que de phrase, quidem^ s'attache de préférence à des conjonctifs {si, quando) ou pronominaux {ego, tu, nos, uos, is, hic, iste, ille), faisant corps avec eux au point que la liaison se manifeste parfois par un traitement prosodique excep- tionnel : abrègement de la finale précédente {tûquidem, sîquidem,
quando quidem...).
Les locutions ainsi constituées sont fréquentes dans le dialogue
des comiques :
PI., Most. 447 : Meus seruos hic quidem est Tranio. 1063 : Erus meus hic quidem est.
— Pseud. 445 : Meus est hic quidem seruos Pseudolus.
Ter. Ph. 686 : Ad restim mi quidem res redit planissume.
Vt te quidem umnes di deaeque superi inferi Malis exemplis perdant ! Em, si quid uelis, Huic mandes, quod quidem recte curatum uelis ! Cf. me quidem {Ad. 899, And. 614, Heaut. 396, Hec. 278) ; rni^u^dern
{Ad 337, 379 ; Ph. 686) ; hic quidem {Eun. 228, 681) ; ille quidem {Ph. /54) ;
qui quidem {Ad. 268 ; Eun. 365) ; quod quidem {Ph. 689).
Cet usage de quidem demeure fréquent à l'époque classique ; ainsi
chez Cicéron :
Ep. ad Att. VI, 1, 12 : Dionysius mihi quidem in amoribus est.
De fin. II, 17, 35 : Aderamus nos quidem adulescentes.
De n. d. III, 16, 41 : Génère nos quidem sermonis utimur usitato.
1 Cf. W. Grossmann, De pariicula quidem : Diss. Konigsberg ^««^ ;^-^"^;7%^„"; modo Plin. mai., Sen. phil, Curt., QuinU, Tac, PUn. mm. parUcula qu.dem us. smt . Prager PlUlol. Stud., III, 1891.
ASSÉVÉRATIVES ET INTENSIVES 99
De am. 4, 16 : Facile id quidem fuit.
8, 26 : Vim hoc quidem est afferre. De fato 20, 46 : Optare hoc quidem est.
Brut. 18 : Non mehercule tihi repr^mittere istuc quidem ausim. Ep. ad fam. XII, 30, 3 : 0 homiiîem illum quidem mihi aptum ! Brut. 128 : P. Scipio non multum ille quidem nec saepe dicebat.
Il faut dire cependant que l'usage des auteurs est ici assez ca- pricieux. Quint iliezi use familièrement des formules du type mihi quidem uidetur ; or, ce tour est inconnu à Pline l'Ancien, à Tacite, à Sénèque, a Quinte-Curce, à Pline le Jeune (un seul exemple' : Ep. IX, 19, 8) ; siquidem est fréquent chez Pline l'Ancien (61 ex.), usuel chez Quimilien (21), rare chez Pline le Jeune (4 ex., tous dans le Panégyrique), à peine attesté chez Tacite {Germ. 30, 1 ; Agr. 24, 1) et Sénèque [Agam. 306), inusité chez Népos, Quiiite- Curce, Catulle, Lucrèce ; quandoquidem est sans exemple chez Ca- ton, Varron, César, Népos, Salluste. Est fréquent, en revanche, chez Sénèque et Quintilien, le tour qui consiste à joindre quidem à l'abla- tif 60 complément d'un comparatif, avec le sens de « d'autant plus que » : Sén., De prou. I, 1, 4 ; 5, 6 ; Nat. quaest. IV, 2, 30 ; Ep. ad Luc 60,1; 80, 6; Quint. II, 5, 5; II, 16, 18, etc.
Fréquent aussi est chez Cicéron (plus de 200 exemples i) le type de phrase dans lequel quidem joint à un pronom personnel ou dé- monstratif appelle un sed restrictif :
De fato 3 : Oratorias exercitationes non tu-quidem, ut spero, reliquisti,
sed certe philosophiam illis anteposuisti. De off. III, 121 : Tihi persuade esse te-quidem mihi carissfmum, sed
multo fore cariorem si... De fin. V, 27, 81 : lam illa externa parce tu-quidem, sed haec certe in
bonis numerabis. Ep. ad fam. XV, 1, 4 : ut his prouinciis serius uos-quidem quam decuit,
sed aliquandô tamen consulatis. De fin. V, 24, 71 ; Illa enim quae sunt a nobis bona corporis munerata
complent ea-quidem beatissimam uitam, sed... IV, 16, 43 : Hi autem ponunt illi-quidem prima naturae, sed... Acad. pr. II, 10, 30 : Sequitur disputatio copiosa illa-quidem, sed paulo
abstrusior. De off. I, 29, 103 : Ludo autem et ioco uti illo-quidem licet, sed sicut
somno.
1. Cf. J. Samuelsson, Eranos, t. VIII, 1908, p. 50 sa.
IQQ ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
Brut. 28 : Cleonem etiam temporibus iUis turbuleutum illum-quident
ciuem, sed tamen eloquentem constat fuisse. De leg. I, 8, 6 : Habuitque uires agrestis ille-quidem..., sed...
En dehors de ce cas spécial, la construction de quidem prête aux observations suivantes :
Si la particule est adjointe à un groupe de mots, elle peut être postposée au groupe, traité comme un mot unique : Nép., Phoc. 3, 3 : Causam apud Philippum regem uerbo, re-ipsa qui- dem apud Polyperchontem iussus est dicere. Gic. De sen. 74 : Post-mortem quidem sensus... nullus est. 20 : Apud-Lacedaemonios quidem ii qui...
Mais elle peut aussi être insérée entre les deux termes du groupe : Cic Ad jam. I, 8, 6 : Re-quidem-ipsa mihi non satisfacio quod... — ' Pro Quinct. 56 : Haec iHe, si uerbis non audet, re-quidem-uera
palam loquitur.
— Verr. III, 63 : Cuius mortis causam fugitiui sustinent, re-qui-
dem-uem nemo in Sicilia dubitat quin...^
— Pro CZu. 54 : Verbo ille reus erat, Te-quidem-uera... Oppianicus.
Une construction recherchée est celle qui, insérant la particule entre un adjectif et son substantif, permet de réaliser par disjonc- tion une mise en relief de l'adjectif :
Plin. J., Ep. VII, 6, 9 : Defenderam reos ingenti — quidem — coetu. _^' VI,'l6, 13:Tum se quieti dédit et quieuit uerissimo —
quidem — somno. — II, 11, 23 : accepisse sestertia decem milia foedissimo —
quidem — titulo.
La particule renforcée equidem doit à sa valeur d'intensif d'occu- per souvent dans la phrase la place initiale :
PL, Epid. 484 : Equidem hercle argentum pro hac dedi. Cf. Amph. 720 ; Asin. 52 et passim. ■ Ter., Ad. 748 : Equidem arbitrer. Cf. Heaut. 897. Varr R. R. I, 5, 1 : Equidem innumerabiles mihi uidentur... Cf. L. L.
IX, 32. Rhet.adHer.lN,^^: Equidem... cn]^{o... ,n « «r: Ofi
Sali., Catil. 51, 15 : Equidem ego sic existumo. Cf. lug. lU, b ; «0, zo. Ces., B. C. II, 32, 14 : Equidem... uolui... ^ et ^\r
Cic, Ep. adfam. VI, 4, 3 : Equidemnos... miserrimos esse duco Cf. IV,
6, 4 ; XI, 29, 2 ; III, 3, 2 ; ^ti ^«. XIII, 26, 2.
ASSÉVÉRATIVES ET INTENSIVES 101
Q.-Curce VIII, 8, 10 : Eçutciem moderationismeaecertissimum est diui-
cium. T.-Live V, 51, 4 : Equidem si nobis... traditae... religiones... Tac, Agr. 33, 5 : Equidem saepe in agmiiie... audiebam... Cf. Dial. 7, .1;21, 1.
Cette construction est particulièrement fréquente chez Quint i- lien : II, 13, 8 ; 16, 9 ; 17, 4 ; 20, 2 ; 21, 19 ; VI, 1, 38 ; IX, 2, 73 ; 2, 86 ; 4, 79 ; XI, 2, 23 ; 3, 5 ; 3, 135, etc.
Mais, de bonne heure, equidem se trouve entraîné dans la cons- truction de quidem et postposé au mot qu'il est appelé à renforcer :
PI., Rud. 1103 : Dixi equidem, sed, si parum intellexti, dicam denuo. Cf.
Men. 780 ; Ps. 1302, etc. Ter., Eun. 378 : locabar equidem. Cf. And. 327; Heaut. 518, 547, 569,
616, 632, 647, 709, 787, etc. Cic, Ep. ad fam. IX, 13, 4 : Puto equidem. Cf. De fin. III, 9, etc. SalJ., Catil. 52, 16 : Vanum equidem hoc consilium est. Cf. 58, 4.
* »
Les adverbes assévératifs certe, sane, profecto, employés avec leur sens fort, sont assez souvent antéposés, soit au terme sur lequel porte l'insistance :
Cic, De fin. IV, 7 : Res fortasse uerae, certe graues.
— De orat. II, 264 : Res sane difïicilis.
— Ep. ad Au. XIII, 21, 1 : dederam epistulam sane grandem.
— ■ soit à un énoncé global :
PI., Asin. 111 : Profecto nemost quem iam dehinc metuam mihi. Ter., Eun. 507 : Profecto, quanto magis magisque cogito,
Nimirum dabit haec Thais mihi magnum malura. Cic, Pro Clu. 160 : Haec si Accius cogita sset, profecto ne conatus qui- dem esset dicere.
Cependant, on trouve les deux constructions pratiquées côte à côte :
P]., Trin. 1072 : Certe is est ; is est profecto.
Il semble que la postposition gagne du terrain à mesure que la particule perd sa valeur éminente d'intensif pour devenir un auxi- liaire banal de l'affirmation :
PI., Asin. 25 : Ita me obstinate adgressu's ut non audeam | Profecto...
102
ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
Cic, Pro FI. 53 : Non es ita, iudices, non est profecto.
— Tusc. IV, 17 : Is inuideat profecto.
— De n. d. I, 24 Terra profecto, quoniam pars mundi est, pars est
etiam dei.
— Tusc. V, 81 : Quid si beatius, mihi certe in mentem uenire...
Une circonstance favorable à leur postposition est créée par le souci de laisser la première place à un mot de valeur, par exemple au verbe, qui se trouve ainsi mis en relief par sa position initiale (cf. L'ordre des mots, t. II, p. 50 et ss.) :
Cic, Phil. XII, 8 : ut non référât pedem, insistet certe, PI., Capt. 313 : ISiStprofecto deus. Cic, Cat. IV, 21 : Erit profecto.
— De am. 2 : Meministi profecto.
Tac, Agr. 2, 3 : Dedimus profecto grande patientiae documentum.
— à une épithète, qui se trouve mise en relief par disjonction de son substantif (cf. L'ordre des mots, t, I, p. 112 et ss.) :
T.-Live IX, 11, 13 : forsitan et puhlica, sua — certe — ■ liberata fide. Cic, De am. 71 : odiosum — ■ sane — ■ genus hominum.
— De off. I, 38 : regalis -^ sane — • ... sententia.
— ■ à un attribut, mis en relief par disjonction de la copule (cf. L'ordre des mots, t. II, p. 10) :
PI., Poen. 1349 : Meae — • quidem profecto — • non sunt. Cic, Acad. II, 105 : Sint falsa sane, inuidiosa — ■ certe — ■ non sunt. — • Ep. ad Att. XVI, 7, 2 : Quamuis non fueris suasor et impulser pro-
fectionis meae, approbator — ■ certe —
fuisti.
Il arrive aussi que, comme on l'a vu pour tamen (ci-dessus, p. 95), ces divers intensifs soient rejetés à la fin de l'énoncé, du fait qu'ils représentent une sorte de repentir, traduisant le souci de noter après coup, et comme réflexion faite, la valeur d'une afTirma- tion :
PI., Cas. 609 : Quin hercle dei te perdant postremo quidem !
— Cure. 570 : Tu auferere hinc a me si pergis mihi
Maie loqui, profecto !
— Amph. 1084 : Immo omnes sani sunt profecto.
explicatives et confirmatives 103
Explicatives et confirmatives : enim, nam et leurs composés.
enim est anciennement un mot adverbial, dont le sens et l'em- ploi sont comparables à ceux de profecto, certe, sane. Il a cette va- leur assévérative toujours chez Plaute, le plus souvent chez Té- rence, et à ce titre est normalement construit à l'initiale.
PI., Aul. 500 : Enim mihi quidem aequomst...
— Bacch. 702 : Enim nihil est nisi ut ametis impero.
— Cas. 890 : Enim iam magis adpropero.
— Epid. 701 : Enim istaec captio est.
— Most. 1144 : Enim istic captio est.
— ■ Mil. 429 : Enim ne nosmet perdiderimus uspiam. — • 1018 : Enim cognoui hune. — Persa 236 : Enim non ibis nunc.
— 319 : Enim metuo ut possiem... — ■ 612 : Enim uolo te adesse.
— Trin. 922 : An Charmides? — Enim Charmides !
— 1134 : Enim me no minât. Ter., Ph. 983 : Enim nequeo sol us.
— Hec. 238 : Enim lassam oppido tum esse aibant. — ■ Ad. 168 : I intro nunciam tu. — • Enim non sinam.
Un souvenii' de cette valeur et de cet emploi subsiste dans l'ad- verbe enimuero, où uero joue le rôle d'accessoire par rapport à enim, mot principal :
Ter., Hec. 673 : Enimuero prorsus iam tacere non queo.
— Ph. 465 : Enimuero, Aiitipho, multimodis cum istoc animo es uitu-
[perandus.
— 937 : Enimuero si porro odiosi pergitis...
— 985 : Enimuero uoce est opus.
— 1036 : Enimuero... mihi prospiciam.
— Heaut. 320 : Enimuero reticere nequeo.
Même avec cette valeur intensive, enim manifeste de bonne heure une tendance à occuper la place des mots accessoires, en se postposant par exemple à un autre adverbe assévératif :
PI., Amph. 331 : Certe enim hic nescioquis loquitur.
— • Aul. 811 : Certo enim ego uocem... audire uisus sum.
104 ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
— à une négation forte :
PI., Persa 489 : Numquam enim posthac...
— Mil. 648 : Ephesi sum natus, non enim in Apulis.
— Epid. 162 : Non enim nunc tibi dormitandi... copiast.
— à un verbe mis en relief :
PI., Persa 670 : ... Hue decem accédant minae.
— ■ Abscedent enim, non accèdent. — ■ Cas. 322 : Quid tu postea? ] — Negaui enim. — 372 : Quid est? | — Dicam enim.
Le souvenir de cette valeur ancienne subsiste à travers toute la latinité ; ainsi Virgile attache enim à un terme qui doit être mis en vedette (dans un passage où il reproduit sans doute une ancienne formule rituelle) :
Aen. VIII, 84 : Aeneas tibi enim, tibi, maxima luno, ] Mactat.
De Tacite on cite la phrase :
Germ. 19, 2 : Publicatae enim pudicitiae nulla uenia.
où enim, s'il est authentique, aurait valeur assévérative.
Enfin, on trouve encore chez Sénèque enim. employé pour sou- ligner la valeur ironique d'une interrogation :
De ira III, 27, 3 : Hoc enim primum? Hoc enim extremum? Ep. ad Luc. 27, 1 : lam enim te ipse monuisti, iam correxisti?
Mais, de bonne heure, enim voit son sens s'affaiblir et évoluer vers celui d'une particule explicative ^, à peu près comme l'ont fait en français les locutions d'abord assévératives « de fait », « en effet ».
Dans cet emploi, enim semble exclu de la place initiale ; Quin- tilien (I, 5, 39) considère comme un solécisme une construction telle que enim hoc iioluit, et les quelques exemples qu'on allègue de Tant éposit ion ont été considérés comme suspects (cf. Thés. l. lat., s. u., col. 575, 1. 1-25) :
Lucr. VI, 1276 : Nec iam religio diuom nec numina magni
Pendebantur ; enim praesens dolor exsuperahat.
(ponctuation de H. Diels ; A. Ernout ponctue : pendebantur enim).
1. Cf. P. O. Barendt, Ciceronian use of nam and enim : Classical Review, XVI, 1902, p. 203 ss.
EXPLICATIVES ET CONFIRMATIVES 105
Sén., De hen. VII, 5, 1 : Enim sic omnia sapientis esse dico.
(texte du ms. N ; etenim G edd. ; cf. W. A. Baehrens, Beitr. z. lut. Synt. : Philologus, Suppl, 1912, p. 235). — De u. 6. 9, 4 : Nihil enim habet melius ; enim ipsa pretium sui.
(texte du ms. A ; les autres mss. omettent enim ou le placent après ipsa ; Gertz corrige en est).
— 17, 4 : Haec non pro me loquor {enim ego in alto uitiorum
omnium sum), sed...
(texte de A ; ego enim P ; etenim Gertz).
Seuls quelques écrivains de basse époque affecteront d'employer cette construction par une sorte d'hyperarchaïsme :
Apul., Apol. 18 : Enim paupertas olim philosophiae uemacula est.
— 42 : Enim fabula ut impleretur, addendum...
— 98 : Enim latine loqui neque uult neque potest.
— 99 : Enim longe sequius ratus fuerat.
— De deo Socr. 19 : Enim Socrates, utpote uir adprime perfectus...
*
Ccajsme enim, nam est susceptible de deux valeurs : assévérative et explicative, et passible de deux constructions, initiale et seconde, mais dans un ordre de fréquence inverse.
Avec valeur assévérative, il se trouve à date ancienne en pre- mière place :
PL, Men. 537 : Numquam dedisti. — Nam pol hoc unum dedi.
Mais cette construction est presque exclusivement réservée aux interrogatives, où nam joue le rôle d'une particule de renforce- ment :
PI., Amph. 552 : Scelestissimuna te arbitrer. — Nam quamobrem?
— Asin. 42 : Etiam amplius. — Nam quousque?
— Cist. 668 : Non ecastor falsa memoro. — Nam, obsecro, unde...?
— Epid. 132 : Perdidisti omnem operam. — Nam qui perdidi?
— Most. 368 : Quid ego ago? — Nam quid tu, malum, me rogitas quid
[agas? — • Poen. 1122 : Nam quem ego aspicio?
— Truc. 723 : Nam quid est? Ter., Eun. 897 : Nam quid ita?
— Ph. 732 : Nam quae haec anus est?
106 ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
Cet emploi et cette construction ne survivent que sporadique- ment à l'époque classique :
Cic, Tusc. IV, 17, 37 : Quid enim uideatur...? — Nam quid... ma- gnum sapienti uideri possit? Virg., Georg. IV, 445 : Nam quis te, inuenum confidentissime...? Hor., Ep. I, 1, 78 : Nam quid sequar aut quem?
La construction normale de nam renforçant une interrogation est la postposition, avec cette particularité que, du moins en latin ancien, le rattachement de nam au mot interrogatif n'est pas obli- gatoire :
PI., Aul. 136 : Vbi ea est? Quis ea est nam optuma?
— Bacch. 1114 : Quid tibi ex filio nam, opsecro, aegrest?
— Most. 258 : Quid cerussa opust nam?
— Truc. 352 : Num tibi nam, amabo, ianua est mordax mea?
— Aul. 427 : Sed in aedibus quid tibi meis nam erat negoti?
On trouve un souvenir de cette construction libre chez Vir- gile :
Bue. 9, 39 : Quis est nam ludus in undis?
Au rebours de enim, nam explicatif se maintient habituellement en tête de la phrase, mais il se trouve à son tour entraîné, surtout chez les poètes à partir de Lucrèce (Tibulle excepté), à prendre la place seconde des mots accessoires ^ :
Catulle 64, 301 : Pelea ruim tecum pariter soror aspernata est. Virgile et Horace en ont chacun une dizaine d'exemples :
Virg., Georg. IV, 16 : Omnia nam late uastant ipsasque uolantes...
— Aen. I, 731 : luppiter (hospitibus nam te dare iura loquuntur)... — m, 379 : Prohibent nam cetera Parcae.
Hor., Sat. III, 6, 78 : Siquis ««m laudat Areili | Sollicitas ignarus opes.
— Epod. 17, 45 : Et tu (potes nam) solue me dementia. — • Sat. II, 3, 41 : Primum natn inquiram.
— II, 3, 302. : Ego nam uideor mihi sanus.
— Ep. II, 1, 186 : His nam plebecula gaudet.
— manifestant une préférence pour cette construction, semble-t-il,
1. Un exemple douteux chez Plaute : ■
Mil. 1379 : Ego nam conueniam illum. (texte de BCD, corrigé peir les éditeurs).
EXPLUATIVES Er COXFl i: M ATIVES 107
quand le mot initial est frappé d'un accent d'intensité, du fait qu'il est l'objet d'un rappel ou d'une opposition :
Hor., Epod. 14, 6 : Deus, deus nam me uetat
— Sat. Il, 3, 18-20 : ... Postquam omnis res mea...
... fracta est, aliéna negotia euro ; ... olim nam quaerere amabam. (opp. olim- postquam).
— Od. IV, 14, 9 : (didicere) quid Marte posses. Milite nam tuo
Drusus... deiecit... (opp. Marte-milite). Aen. X, 584-5 : ... non... Troius héros
Dicta parât contra ; iaculum nam torquet in hostem. (opp. dicta- iaculum). — • XII, 206 : ... sceptrum hoc (dextra sceptrum nam forte gerebat). (rappel de sceptrum).
— IV, 421 : Exsequere, Anna, mihi ; solam nam, perfidus ille
Te colère...
Sola uiri molles aditus et tempora noras. (appel de sola).
Renforcement de nam,, namque se construit comme lui normale- ment en première place, mais comme lui est entraîné à prendre la place des mots accessoires, surtout chez les poètes, à partir de Ca- tulle (Tibulle excepté, qui, du reste, n'a que deux exemples de ce mot), et chez les prosateurs à partir de Tite-Live (qui présente à lui seul 27 exemples de cette construction) :
Cat. 64, 384 : Praesentes namque ante domos inuisere castas. Virg., Georg. IV, 392 : Nouit namque omnia uates.
— Aen. VI, 117 : Potes namque omnia.
Hor., Sat. I, 6, 57 : Infans namque pudor prohibebat plura profari. Prop. IV, 7, 3 : Cynthia namque mec uisast incumbere fulcro. Quinte-Curce VI, 6, 7 : Amicos uero et équités (hi namque principes mi-
litum)... (texte contesté). — X, 1, 17 : Ibi namque columnas Herculis esse fama uul-
gauerat.
Peut-être, comme pour nam, la postposilion est -elle favorisée par le désir de mettre en valeur un mot initial :
Virg., Georg. IV, 220-1 : Esse Jipibus partem diuinae mentis... ;
... deum namque ire per omnes. (rappel : diuinae- deum).
108 ACCESSOIRES ET CON.IONCTIFS
Virg., Aen. X, 400-1 : ... tantumque morae fuit Ilo ;
Do namque procul ualidam derexerat hastam. Prop. IV, 1, 56-7 : Qualia creuerunt moenia lacté tu,o !
Moenia namque pio coner disponere uersu. Culex 24-6 : Et tu... meis adiabere coeptis,
Sancte puer. Tibi namque cauit non pagina bellum.
Renforcement de enim, etenim, qui se construit normalement en première place, est entraîné, lui aussi, du moins chez les poètes, à prendre la place des mots accessoires ; ainsi chez Lucrèce :
VI, 912 : Quinque etenim licet interdum pluresque uidere. III, 288 : Est etenim calor ille animo (etiam codd.). V, 632 : Flaccidiore etenim quanto iam turbine fertur (etiam codd.).
lequel use plusieurs fois du début de phrase Quippe etenim (1, 104 ; III, 800...).
Même construction chez Horace :
Sat. II, 5, 60 : Diuinare etenim magnus mihi donat Apollo.
— II, 3, 284 : Dis etenim facile est.
— I, 6, 54 : Nulla etenim mihi te fors obtulit.
Chez les prosateurs, h construction est rare et tardive :
Plin., iV. H. XVII, 98 : In summa etenim cacumina. Apul., Apol. 31 : His etenim fortasse... fides fuisset. Min. Fel., Oct. 10, 2 : Cur etenim, occultare... nituntur? Cass., Inst. VU, 7, 3 : Cum pecuniae etenim incremento.
On trouve sporadiquement la même construction pour sedenim :
Virg., Aen. I, 19 : Progeniem sedenim Troiano a sanguine duci.
Chez les auteurs chrétiens, il y a hésitation sur le traitement de ces particules : elles occupent la place initiale presque constam- ment chez saint Augustin (28 ex. sur 34), saint Ambroise (41 sur 46) et, au contraire, la place seconde chez saint Hilaire (5 ex.).
D'autres particules explicatives tendent à adopter la même construction ; ainsi quippe, qui, normalement en première place :
Cic, De fin. I, 20 : Sol Democrito magnus uidetur, quippe homini
erudito. Cic, Brut. 244 : Non puto existimare te ambitione me labi ; quippe de
mortuis... Sali., Cat. 11, 8 : Quippe secundae res sapientium animes fatigant.
EXPLICATIVES ET CONFIRMATIVES 109
— tend, surtout à partir de Salluste (cf. Lattmann, Deutsche Lite- raturzeitung, 1910, 11° 44), à être pDstposé :
Cic, Pro Mil. 33 : Mouet me quippe lumen curiae !
T. -Lire, VI, 6, 6 : Dicta torem quippe dicendum eum fuisse.
De même encore nimirum, qui, inconnu de Plaute [Aul. 393 est une interpolation), rare chez Térence (3 ex., tous dans V Eunuque : 268, 508, 784), est fréquent à partir de Cicéron, normalement en première place, mais avec une tendance à la postposition :
Cic, Tusc. V, 69 : Horum nimirum adspectus impulit illos ueteres. T.-Live XXII, 51, 4 ; Non omnia nimirum eidem di dedere.
Chacun de ces mots peut être rejeté au delà de la seconde place si les éléments qui le précèdent constituent une unité verbale :
Varr., iî. i?. I, 17, 4 : non solum enim"^.
Quint. III, 3, 2 : non tantum enim^.
Varr., R. R. III, 2, 16 : quotus.quisque enim^.
Cic., De inu. I, 71 : si quid enim.
Pétr., Sat. 92, 10 : nescio quis enim.
Cic, Pro Cael. 64 : qui minus enim.
— Tusc. II, 28 : hoc ipsum enim. Varr., R. R. III, 17, 3 : uno tempera enim. Sén., De const. sap. 10, 3 : non dubie enim.
Cic, Ep. ad Au. XIII, 32, 3 : De C. Tuditano enim.
— surtout si l'un des termes est une forme du verbe « être » (plus de 500 ex. relevés dans Neue, Formenlehre^, II, p. 977) :
Cic, Parad. 23 : quae uis est enim.
— Ep. ad Au. XIII, 9, 2 : si quid est enim. Sén., Cons. ad Pol. XI, 2, 7 : que melior est enim. Virg., Bue. 3, 33 : Est mihi namque demi pater.
— ou un relatif-interrogatif auquel s'attache la particule :
Virg., Aen. V, 850 : Aenean credam quid enim... 7 Prop. III, 16, 19 : Sanguine tam paruo quis enim..."? Lucr. V, 977 : A paruis quod enim consuerant...
— V, 1148 : Acrius ex ira quod enim se quisque parabat.
— III, 235 : Rara quod eius enim...
1. Exemple contraire : II, 2, 7 : non enim solum.
2. Exemple contradre : III, 3, 10 : non enim tantum.
3. Plus habituellement : quotus enim quisque (Cic, Tusc. II, 11 ; De diit. II, 52) ; cf. aussi Ov., Pont. IV, 13, 6 : quaUs enim cumque.
ilO ACCESSOIRES ET CONJONCTIFS
Hors de ces cas, le rejet de la particule au delà de la seconde place est rare chez les prosateurs :
Varr., Men. 176 : Hahet quiddam enirn... Varr., R. R. 1, 18, 7 : Biuium nobis enim...
— III, 12, 4 : Quattuor modo enim...
— II, praef. 1 : Vt ruri enim qui in iiilla uiuunt ignauiores... Cic, Acad. I, 26 : Hoc quoque utimur enim...
Quint. X, 1, 16 : Viuunt omnia enim...
Il est plus fréquent chez les poètes :
Lucr. I, 219 : Nulla ui foret usus enim...
— I, 974 : Alterutrum fatearis enim...
— II, 1153 : Haud ut opinor enim mortalia saecla... — • III, 790 : Quod si posset enim...
— VI, 701 : In summo sunt uertice enim cratères. Eleg. in Maec. 1, 3 : ut iuuenis deflendus enim. Hor., Sat. II, 7, 10